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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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brisés des victoires sur les
Cimbres et les Arméniens, ils y reposèrent en sûreté jusqu’au commencement du
dixième siècle ; les habitants de Naples détruisirent alors cette forteresse, de
peur qu’elle ne servît de repaire aux Sarrasins [4121] .
    Odoacre fut le premier prince barbare qui régna en Italie
sur un peuple devant lequel avait justement fléchi l’univers. La chute des
Romains excite encore en nous une compassion respectueuse, et nous nous sentons
portés à partager l’indignation et la douleur que nous supposons à leur
postérité dégénérée. Mais les calamités de l’Italie avaient éteint peu à peu
tout sentiment de gloire et de liberté. Tant qu’on avait vu subsister la vertu
romaine, les provinces de la république étaient soumises à ses armes, et ses
citoyens n’obéissaient qu’à ses lois : ces lois une fois anéanties par la
discorde civile, la ville et les provinces, devinrent l’humble propriété d’un
usurpateur. Le temps et la violence anéantirent les formes de la constitution,
qui adoucissaient ou déguisaient la honte de l’esclavage ; les Italiens se
plaignaient alternativement de l’absence et de la présence de leurs souverains,
objets de leur crainte ou de leur mépris ; et durant cinq siècles successifs,
Rome éprouva tous les maux que peuvent faire souffrir la licence militaire, les
caprices du despotisme, et le système d’oppression le plus soigneusement
combiné. Durant cette période, les Barbares étaient sortis de leur obscurité,
on avait cessé de les regarder avec mépris ; les guerriers scythes et germains
furent reçus dans les provinces, d’abord comme les serviteurs, ensuite comme
les alliés, et enfin comme les maîtres des Romains, qu’ils défendaient et
insultaient tour à tour. L’effroi des peuples imposait silence à leur aversion,
ils respectaient la valeur et l’illustration des chefs revêtus des dignités de
la république ; et, le sort de Rome avait dépendu longtemps de l’épée de ces
formidables étrangers. L’orgueilleux Ricimer, foulant aux pieds les ruines de
l’Italie, avait exercé l’autorité d’un roi sans en prendre le titre ; et la
patience des Romains les avait insensiblement disposés à reconnaître pour
souverains Odoacre et ses successeurs.
    Le premier roi de l’Italie n’était point indigne du haut
rang où le placèrent sa valeur et sa fortune. Il avait dépouillé dans la
société la rudesse de ses mœurs ; et, bien que conquérant et Barbare, il
respecta les institutions et même les préjugés de ses sujets. Après un
intervalle de sept ans, Odoacre rétablit le consulat de l’Occident, et refusa,
par orgueil ou par modestie, d’accepter un titre que les empereurs d’Orient ne
dédaignaient point encore de porter ; mais la chaise curule fut successivement
occupée par onze des plus illustres sénateurs [4122] , parmi lesquels
on trouve le nom du respectable Basilius, dont les vertus méritent l’amitié,
les louanges et la reconnaissance de son client Sidonius [4123] . On suivi
exactement les lois des empereurs, et l’administration civile de l’Italie
continua d’être exercée par un préfet du prétoire et par ses officiers
subordonnés. Odoacre imposa aux magistrats romains la tâche odieuse de lever
les impositions publiques, et se réserva exclusivement le droit de s’attirer
l’affection du peuple par des décharges accordées à propos [4124] . Élevé, comme
tous les Barbares, dans les principes de l’arianisme, il respecta toujours le
caractère épiscopal et monastique ; et le silence des catholiques suffit pour
attester la liberté dont Odoacre les laissa jouir. La tranquillité de la ville
exigea l’interposition de son préfet Basilius dans le choix d’un pontife
romain. La défense faite au clergé d’aliéner ses terres, fut un acte de
bienfaisance pour le peuple dont la dévotion se croyait tenue de réparer les
pertes de l’Église [4125] .
Le conquérant de l’Italie la défendit, et fit respecter ses frontières par les
Barbares de la Gaule et de la Germanie, qui insultaient depuis si longtemps les
faibles descendants de Théodose. Odoacre passa la mer Adriatique pour châtier
les assassins de Nepos, et envahir en même temps la province maritime de
Dalmatie. Il traversa les Alpes pour délivrer les restes de la Norique des
mains de Fava ou Feletheus, roi des Rugiens, qui habitait au-delà du Danube.
Feletheus perdit la bataille, et fut fait prisonnier.

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