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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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retira
précipitamment dans la forteresse de Pavie, le siège épiscopal du vénérable
saint Épiphane, où il fut immédiatement assiégé par les confédérés. Ils
emportèrent les fortifications, pillèrent la ville ; l’évêque, par les efforts
de son zèle, parvint jusqu’à un certain point, à sauver les richesses de son
église et la chasteté des captives ; cependant le tumulte ne pût être apaisé
qu’après l’exécution à Oreste [4108] .
Son frère Paul perdit la vie dans un combat près de Ravenne ; et Augustule,
hors d’état désormais d’imposer aucun respect, fut réduit à implorer la
clémence d’Odoacre.
    Le Barbare vainqueur était fils d’Édecon, qui avait été le
collègue d’Oreste et l’ambassadeur d’Attila dans des circonstances dont nous
avons traité au chapitre précédent. L’honneur d’un ambassadeur, devrait être à
l’abri du soupçon ; cependant on sait qu’Édecon avait prêté l’oreille à un
complot tramé contre la vie de son souverain ; mais son mérite ou son repentir
avait effacé cette apparence de crime ; il jouissait d’un rang élevé et de
la faveur de son maître, et les troupes qui, sous ses ordres gardaient à leur
tour le village royal qu’habitait Attila, étaient composées d’une tribu de Scyrres,
ses sujets héréditaires. Lorsque les nations se révoltèrent après la mort
d’Attila, les Scyrres suivirent le sort des Huns, et plus de douze ans après,
le nom d’Édecon tient une place honorable dans l’histoire de la guerre contre
les Ostrogoths, qui fut terminée par deux batailles sanglantes et la défaite
totale des Scyrres, dont les restes se dispersèrent [4109] . Leur intrépide
chef ne survécut point aux malheurs de sa nation il laissa deux fils, Onulf et
Odoacre, aux prises avec l’adversité, et réduits à chercher dans le pillage, ou
dans un service étranger, les moyens de faire subsister les compagnons de leur
exil. Onulf tourna ses pas vers Constantinople, où il déshonora la gloire de
ses armes par le meurtre de son bienfaiteur. Son frère Odoacre mena quelque
temps une vie errante parmi les Barbares de la Norique ; l’intrépidité de son
caractère et sa situation le disposaient à tenter les entreprises les plus
hardies. Lorsqu’il eût fait un choix, il visita pieusement la cellule de saint
Séverin, le saint en crédit dans le canton, pour solliciter son approbation et
sa bénédiction. La porte était basse, et la taille élevée d’Odoacre l’obligea
de se courber ; mais à travers l’humilité apparente de cette attitude, le saint
aperçut les signes de sa grandeur future, et s’adressant à lui d’un ton
prophétique : Poursuivez votre dessein , lui dit-il : allez en Italie.
Vous vous dépouillerez bientôt de ce grossier vêtement de peau, et votre
fortune sera digne de la grandeur de votre âme [4110] . Le Barbare,
dont l’audace accepta et ratifia la prédiction, fut admis au service de
l’empire d’Occident, et obtint bientôt un poste distingué dans les gardes. Ses
mœurs adoucirent, ses talents militaires se perfectionnèrent, et les confédérés
de l’Italie n’auraient pas choisi Odoacre pour général, si ses exploits
n’eussent point établi la réputation de sa valeur et de sa capacité [4111] . Ses compagnons
lui donnèrent d’une voix unanime le titre de roi ; mais il s’abstint, durant
tout son règne, de la pourpre et du diadème [4112] , pour ne point
éveiller la jalousie des princes dont les sujets avaient formé, par leur
réunion, une armée que le temps et un gouvernement sage pouvaient convertir en
une grande nation.
    Les Barbares étaient accoutumés à la royauté ; et les
dociles Italiens étaient disposés à reconnaître sans murmurer l’autorité qu’il
consentirait à exercer comme vice-gérant de l’empereur d’occident ; mais
Odoacre avait résolu d’abolir ce titre inutile et dispendieux ; et telle est la
force des anciens préjugés, qu’il lui fallut de l’audace et de la pénétration
pour concevoir la facilité de cette entreprise. Le malheureux Augustule fut
forcé de servir d’instrument à sa propre disgrâce : il signifia sa
résignation au sénat, et cette assemblée affecta encore, dans son dernier acte
d’obéissance à un prince romain, le courage, la liberté et les formes de
l’ancienne constitution. Par un décret unanime, le sénat adressa une lettre à
l’empereur Zénon, gendre et successeur de Léon, et qui, à la suite

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