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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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peuplée d’Oxyrinchus avait dévoué ses temples-, ses édifices publics, et
même ses remparts, à des usages de dévotion et de charité ; l’évêque pouvait y
prêcher dans douze églises, et y comptait dix mille femmes et vingt mille
hommes attachés à la profession monastique [4147] .
Les Égyptiens, qui se félicitaient de cette pieuse révolution, aimaient à
croire que les moines composaient une grande moitié de la population [4148] ; et la
postérité a pu répéter ce mot appliqué jadis aux animaux sacrés du pays, qu’il
était plus facile de trouver en Égypte un dieu qu’un homme.
    Saint Athanase introduisit à Rome la connaissance et la
pratique de la vie monastique ; et les disciples de saint Antoine, qui avaient
suivi en Égypte leur primat sous les murs sacrés du Vatican, ouvrirent une
école de cette nouvelle philosophie. L’extérieur burlesque et sauvage de ces
Égyptiens excita d’abord et l’horreur et le mépris ; mais on ne tarda pas à les
applaudir et à les imiter avec zèle. Les sénateurs, et principalement les
matrones, convertirent leurs palais et leurs maisons de plaisance en monastères
; l’institution mesquine des six vestales fut bientôt éclipsée par le grand
nombre de couvents élevés sur les ruines des temples et au milieu du Forum des
Romains [4149] .
Excité par l’exemple de saint Antoine, un jeune Syrien, nommé Hilarion [4150] , se retira sur
une langue de terre sablonneuse et stérile entre la mer et un marais, environ à
sept milles de Gaza. La pénitence austère dans laquelle il persista durant
quarante-huit ans, multiplia le nombre des enthousiastes, et le saint homme,
lorsqu’il visitait les nombreux monastères de la Palestine, était toujours
suivi de deux ou trois mille anachorètes.   
    Saint Basile s’est fait une réputation immortelle dans
l’histoire monastique de l’Orient [4151] .
Avec un génie orné de l’éloquence et de l’érudition d’Athènes, et une ambition
qui put à peine satisfaire l’archevêché de Césarée, saint Basile se retira dans
une solitude sauvage du Pont, et daigna diriger quelque temps les colonies
spirituelles qu’il avait répandues en grand nombre sur les côtes de la mer
Noire. Dans l’Occident, saint Martin de Tours [4152] , soldat,
ermite, évêque et saint, établit les monastères de la Gaule. Deux mille de ses
disciples, suivirent son enterrement, et son historien défie les déserts de la
Thébaïde de produire, dans un climat bien plus favorable un rival orné des
mêmes vertus. Le monachisme s’étendit aussi rapidement et aussi généralement
que le christianisme : toutes les provinces de l’empire, et à la fin
toutes les villes se remplirent d’une multitude de moines, dont le nombre augmentait
sans cesse. Les anachorètes choisirent les îles désertes de la mer de Toscane
entre Lérins et Lipari, pour le lieu de leur exil volontaire. La communication,
tant par terre que par mer, entre les différentes provinces de l’empire, était
aussi continuelle qu’elle était aisée ; et la vie de saint Hilarion est une
preuve de la facilité avec laquelle un ermite indigent de la Palestine pouvait
traverser l’Égypte, s’embarquer pour la Sicile, fuir dans l’Épire, et s’établir
enfin dans l’île de Chypre [4153] .
Les chrétiens latins, embrassèrent les institutions religieuses de Rome. Les
pèlerins qui visitèrent Jérusalem, imitèrent avec zèle, dans les climats les
plus éloignés, le modèle de la vie monastique. Les disciples de saint Antoine
se répandirent de là du tropique dans tout l’empire chrétien d’Éthiopie [4154] . Le monastère
de Banchor, dans le Flintshire, qui contenait deux mille moines [4155]  ; répandit
un colonie des missionnaires parmi les Barbares de l’Irlande [4156] ; et Iona, une
des Hébrides, défrichée par les moines irlandais, fit parvenir dans les régions
du Nord quelques lueurs d’une science obscurcie par la superstition [4157] .
    Ces malheureux exilés de la vie sociale se livraient à
l’impulsion de leur génie mélancolique et superstitieux ; leur persévérance, se
soutenait par l’exemple d’une multitude des deux sexes, de tous les âges et de
tous les rangs chaque prosélyte qui entrait dans un monastère croyait être sur
la route pénible, mais certaine, de la félicité éternelle [4158] . Ces motifs
agissaient toutefois avec plus ou moins de force, selon le caractère et la
situation. La raison rejetait quelquefois

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