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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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par une terrible révolte des Barbares
confédérés ; qui partirent, de Rome sous la conduite d’Oreste leur commandant,
pour l’assiéger dans Ravenne. Tremblant à leur approche au lieu de mettre sa
confiance dans la force de la place, Nepos s’enfuit précipitamment sur ses
vaisseaux, et se retira dans sa principauté de Dalmatie, sur la côte opposée de
la mer Adriatique. Au moyen de cette honteuse abdication, il traîna sa vie,
durant cinq années, dans une situation incertaine entre le titre d’empereur et
celui d’exilé, jusqu’au moment où il fut assassiné par l’ingrat Glycerius, que,
peut-être pour prix de son crime, on éleva au siège archiépiscopal de Milan [4105] .
    Les nations qui avaient maintenu leur indépendance depuis la
mort d’Attila, étaient établies par droit de conquête ou de possession dans les
vastes pays situés au nord du Danube ou dans les provinces romaines entre ce
fleuve et les Alpes ; mais leur plus brave jeunesse suivait les drapeaux, des confédérés qui défendaient et opprimaient l’Italie [4106] .
Dans cette multitude se faisaient remarquer les Hérules, les Scyrres, les
Alains, les Turcilinges, les Rugiens. Oreste [4107] , fils de
Tatullus, et père du dernier empereur de l’Occident, suivit l’exemple, de ses
compatriotes. Oreste, dont nous avons déjà eu occasion de parler dans cette
histoire, n’avait jamais séparé sa cause de celle de son pays. La naissance et
la fortune le plaçaient au nombre des habitants, les plus distingués de la
Pannonie. Lorsque les Romains cédèrent cette province, aux Huns, il entra au
service d’Attila, son souverain légitime, devint son secrétaire, et fut envoyé
plusieurs fois en ambassade à Constantinople, ou il représenta la personne et
déclara les ordres de son impérieux monarque. La mort du conquérant lui rendit,
la liberté, et Oreste put honorablement refuser de suivre les fils d’Attila
dans les déserts de la Scythie, et d’obéir aux Ostrogoths, qui avaient envahi
la Pannonie. Il aimait mieux servir les successeurs de Valentinien ; ses
talents, sa valeur et son expérience, lui frayèrent un chemin rapide dans la
profession militaire, et il dut à la faveur de Nepos les dignités de patrice et
de maître général des armées. Elles étaient accoutumées depuis longtemps à
respecter la personne et l’autorité d’Oreste, qui affectait leurs manières,
parlait leur langue, et vivait depuis, longtemps avec leurs chefs dans la plus
intime familiarité. Ils prirent les armes, à sa sollicitation, contre Nepos, ce
Grec inconnu qui prétendait à leur obéissance ; et lorsque le secrétaire
d’Attila refusa, par quelque motif secret, de prendre lui-même la pourpre, les
Barbares consentirent avec la même facilité à reconnaître son fils Augustule
pour empereur de l’Occident. L’abdication de Nepos remplissait complètement les
vues ambitieuses d’Oreste ; mais il aperçut, avant la fin de l’année, qu’un
rebelle est presque toujours, tôt ou tard, la victime des leçons d’ingratitude
et de perfidie qu’il a données, et que le souverain précaire de l’Italie ne
pouvait observer son titre ou sa vie que par une obéissance servile pour ses
tyrans mercenaires. La dangereuse alliance des Barbares avait anéanti les
faibles restes de la grandeur et de la liberté des Romains. A chaque
révolution, ils obtenaient une augmentation de paye et de nouveaux privilèges ;
mais leur insolence parvint à un degré encore plus extravagant. Jaloux des
succès de leurs compatriotes, dont les armes victorieuses avaient acquis des
établissements héréditaires en Espagne, en Afrique et dans la Gaule, ils
exigèrent qu’on leur partageât sans délai le tiers des terres de l’Italie.
Oreste, avec un courage qui, dans un poste plus légitimement acquis, lui eût
mérité toute notre estime, aima mieux s’exposer à la rage d’une multitude
armée, que de souscrire la ruine d’un peuple innocent. Il rejeta la demande, et
son refus favorisa l’ambition d’Odoacre. Cet audacieux Barbare assura les
mécontents que s’ils voulaient le suivre, il leur ferait bientôt rendre par
force la justice qu’on avait refusée à leurs demandes respectueuses. Enflammés
tous du même ressentiment et des mêmes espérances, les confédérés sortirent en
foule de tous les camps et de toutes les garnisons de l’Italie pour  se ranger
sous ses drapeaux, et le malheureux patrice, succombant à l’orage, se

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