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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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mérite
d’obéissance et de liberté qui adoucissait l’abjection d’un esclavage
volontaire [4169] .
Les actions d’un moine, ses paroles et jusqu’à ses pensées, furent asservies à
une règle inflexible [4170] ou aux caprices d’un supérieur. Les moindres fautes étaient punies par des
humiliations, ou par la prison, par des jeûnes extraordinaires ou de sanglantes
flagellations. La plus légère désobéissance, un murmure ou un délai, passaient
pour des péchés odieux [4171] .
La principale vertu des moines égyptiens consistait dans une obéissance aveugle
pour leur abbé, quelques absurdes ou même quelques criminels que pussent être
ses ordres. Il exerçait souvent leur patience par les épreuves les plus
extravagantes : on leur faisait placer des roches énormes, arroser assidûment
pendant trois ans un bâton planté en terre, qui, au bout de ce temps, devait
pousser des racines et produire une tige ; marcher sur des brasiers
ardents, ou jeter leurs enfants dans un bassin profond. Un grand nombre de
saints ou d’insensés se sont immortalisés dans l’histoire du monachisme par
cette soumission, exempte de crainte ou dépourvue de réflexion [4172] . L’habitude de
l’obéissance et de la crédulité détruisait la liberté de l’âme, source de tous
les sentiments raisonnables ou généreux ; et le moine, contractant tous les
vices de d’esclavage, se dévoua sans réserve à la croyance et aux passions de
son tyran ecclésiastique. La paix de l’Église d’Orient fut continuellement
troublée par des troupes de fanatiques, aussi incapables de crainte que
dépourvus de raison et d’humanité ; et les légions impériales ne rougissaient pas
d’avouer qu’elles redoutaient moins l’attaque des Barbares les plus féroces [4173] .
    Ce fut bien souvent la superstition qui inventa et consacra
les vêtements bizarres des moines [4174] ; mais leur singularité apparente vient quelquefois de l’attachement à un
modèle simple et primitif que les révolutions des modes ont rendu ridicule. Le
fondateur des bénédictins rejette toute idée de préférence où de mérite dans le
choix de l’habillement ; il exhorte sagement ses disciples à adopter les
vêtements simples et grossiers du pays qu’ils habitent [4175] . Les habits
monastiques des premiers chrétiens variaient selon les climats et la manière de
vivre ; ils se couvraient indifféremment de la peau de mouton des paysans de
l’Égypte et du manteau des philosophes de la Grèce. Les moines se permettaient
l’usage du lin en Égypte, où il était à bon marché et fait dans le pays ; mais
dans l’Occident ils renonçaient à ce luxe étranger et dispendieux [4176] . Leur usage
général était de se couper ou raser les cheveux, et de couvrir leur tête d’un
capuchon pour se dérober la vue des objets profanes. Ils allaient les pieds et
les jambes nus, excepté dans les grands froids, et aidaient d’un bâton leur
marche lente et mal assurée. L’aspect d’un anachorète était horrible et
dégoûtant. Todt ce qui faisait éprouver aux hommes une sensation pénible ou
désagréable passait pour plaire à Dieu. La règle angélique de Tabenne
interdisait la coutume salutaire de se laver ou de s’oindre d’huile [4177] . Les moines
austères couchaient sur le plancher, sur un paillasson ou sur une couverture
grossière, et une même botte de feuilles de palmiers leur servait de siége
durant le jour et d’oreiller pour la nuit. Leurs premières cellules étaient des
huttes basses et étroites, construites de matériaux peu solides et dont la
distribution régulière formait des rues et un vaste village qui renfermait dans
ses murailles une église, un hôpital et peut-être une bibliothèque ; quelques
communs, un jardin et une fontaine ou un réservoir d’eau. Trente ou quarante
moines composaient une famille qui vivait en communauté sous la discipline de
sa règle particulière, et les grands monastères de l’Égypte renfermaient trente
ou quarante familles.
    Plaisir et crime étaient synonymes en langage monastique, et
l’expérience apprit bientôt aux solitaires que rien ne mortifiait la chair et
m’éteignait aussi efficacement les désirs impurs que les jeûnes fréquents et la
sobriété habituelle [4178] .
Leurs abstinences n’étaient pas continuelles, et les règles n’en étaient pas
uniformes ; mais les mortifications extraordinaires du carême compensaient
amplement les réjouissances de la

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