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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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douces
louanges que les rois chrétiens ont coutume d’attendre de leurs fidèles
évêques, les prélats orthodoxes et leur clergé étaient toujours en contestation
avec les cours ariennes. Leurs oppositions indiscrètes devenaient souvent
criminelles, et quelquefois dangereuses [4221] .
Les chaires, organes privilégiés de la sédition retentissaient des noms de
Pharaon et d’Holopherne [4222] .
L’espérance ou la promesse d’une délivrance glorieuse enflammait le
ressentiment du peuple, et les prélats séditieux ne pouvaient se défendre de
travailler, quelquefois eux-mêmes au succès de leurs prédictions. Malgré ces
provocations, les catholiques de l’Espagne, de la Gaule et de l’Italie,
conservèrent, sous le règne des ariens le libre et paisible exercice de leur
religion. C’es maîtres orgueilleux respectèrent le zèle d’un peuple nombreux,
déterminé à mourir au pied de ses autels, et les Barbares eux-mêmes admirèrent
et imitèrent la fermeté de leur dévotion. Les vainqueurs, pour se sauver la
honte et l’embarras d’avouer leurs craintes, attribuèrent leur indulgence à un
sentiment d’humanité ; et, affectant le vrai langage du christianisme, ils en
prirent insensiblement le véritable esprit.
    L’indiscrétion des catholiques et l’impatience des Barbares
interrompirent quelquefois la paix de l’Église ; mais les écrivains
orthodoxes ont fort exagéré la sévérité et les injustices partielles du clergé
arien. On peut accuser du crime de persécution Euric, roi dès Visigoths, qui
suspendit l’exercice des fonctions ecclésiastiques, ou du moins celles des évêques,
et qui punit le zèle les prélats de l’Aquitaine par la prison, l’exil et la
confiscation [4223] ; mais les seuls Vandales eurent l’imprudence et la cruauté ide vouloir forcer
les opinions religieuses d’une nation entière. Genseric avait renoncé, dès sa jeunesse,
à la communion orthodoxe ; et son apostasie ne lui permettait ni d’attendre ni
d’accorder une sincère indulgence : il s’irritait d’éprouver dans les églises
et dans les synodes la résistance des Africains qu’il avait vus fuir dans la
plaine ; et, dans sa férocité inaccessible à la crainte, comme à la compassion,
il prononça contre ses sujets catholiques les lois les plus intolérantes et les
punitions les plus arbitraires. Les expressions violentes et terribles de
Genséric, et ses intentions connues, ont autorisé à donner à ses actions
l’interprétation la plus défavorable ; et les ariens furent accusés de tout le
sang qui souilla les États et même le palais de Genseric. Son fils Hunneric,
tyran sans gloire, qui parait n’avoir hérité que des vices de son père, exerça
contre les catholiques les mêmes fureurs qui avaient été funestes à son frère,
à ses neveux, aux amis et aux favoris de son père, et même au patriarche arien
qui fut inhumainement brûlé vif au milieu de Carthage. Une trêve insidieuse précéda
et prépara la guerre de religion ; la persécution devint la principale et
sérieuse affaire de la cour de Carthage, et la cruelle maladie qui hâta la mort
d’Hunneric vengea les injures de l’Église sans contribuer à sa délivrance. Le
trône d’Afrique fut successivement occupé par deux neveux d’Hunneric, par
Gundamond, qui régna environ douze ans, et par Thrasimond, qui gouverna les
Africains durant vingt-sept années. Le parti orthodoxe eut également à souffrir
de ces deux administrations. Gundamond sembla d’abord prétendre à égaler ou
même à surpasser son oncle en cruauté, et lorsqu’à la fin il se repentit, et
lorsqu’il rappela les évêques et rendit la liberté à la doctrine de saint
Athanase, sa mort fit perdre tout le fruit de cette clémence tardive. Son frère
Thrasimond, le plus grand et le plus accompli des rois des Vandales fut célèbre
par sa beauté, sa prudence et sa grandeur d’âme ; mais son fanatisme et les
moyens insidieux qu’il employa pour le satisfaire, ternirent ses qualités
brillantes. Au lieu de menaces et de tortures, il eut recours aux armes plus
douces mais plus efficaces de la séduction. Les dignités, les richesses et sa
faveur, étaient la récompense assurée da l’apostasie ; en renonçant à leur foi,
les catholiques obtenaient le pardon de tous les crimes ; et lorsque Thrasimond
voulait employer la rigueur, il attendait patiemment que ses adversaires lui en
fournissent le prétexte par quelque indiscrétion.

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