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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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il
était incapable de cultiver la vigne spirituelle qu’il était si ardent à
envahir. Un patriarche pouvait s’asseoir sur le trône de Carthage ; quelques
évêques, dans les villes principales, pouvaient usurper la place de leurs
rivaux ; mais leur petit nombre et leur ignorance dans la langue latine
rendaient les Barbares peu propres à remplir les fonctions ecclésiastiques
d’une Église étendue [4242] .
Après la perte de leurs pasteurs orthodoxes, les Africains furent privés de
l’exercice public du christianisme. 7° Les empereurs protégeaient la doctrine
homoousienne, et les peuples de l’Afrique, comme catholiques et comme romains,
préféraient leur souveraineté légitime à l’usurpation des hérétiques barbares.
Durant un intervalle de paix, Hunneric, à la sollicitation de Zénon, qui
régnait en Orient, et de Placidie, dernière postérité des empereurs et sœur de
la reine des Vandales, rétablit la cathédrale de Carthage [4243]  ; mais il
se lassa bientôt de ces égards, et prouva publiquement son mépris pour la
religion de l’empire, en plaçant avec soin les scènes sanglantes de la
persécution dans les rues que l’ambassadeur romain [4244] devait
traverser pour se rendre au palais. Hunneric exigea des évêques qui
s’assemblèrent à Carthage un serment de conserver le trône à son fils Hilderic,
et de renoncer à toute correspondance avec les étrangers et au-delà des mers.
Les plus prudents de l’assemblée [4245] refusèrent, sous le faible prétexte qu’il ne convenait pas à un chrétien de
jurer ; mais comme cet engagement paraissait ne présenter rien de contraire à
la morale ni aux devoirs de la religion, une pareille excuse dut exciter le
ressentiment d’un tyran soupçonneux.
    Les catholiques, opprimés par l’autorité royale et par la
force militaire, étaient, pour le nombre et les lumières, fort supérieurs à
leurs antagonistes. Les armes dont les pères grecs et latins s’étaient servis
contre les disciples de l’arianisme leur servirent souvent à terrasser ou à
réduire au silence les terribles et ignorants successeurs d’Ulphilas [4246] . Le sentiment
de leur supériorité aurait dû les mettre au-dessus des artifices et des petites
passions de la guerre théologique ; cependant les écrivains orthodoxes, séduits
par la certitude de l’impunité, eurent la faiblesse de composer des fictions
auxquelles on ne peut guère donner d’autre nom que celui de fraude et
d’imposture. Ils attribuèrent leurs propres ouvrages aux plus respectables
écrivains de l’antiquité chrétienne : Vigile et ses disciples contrefirent
maladroitement saint Athanase et saint Augustin [4247] , et leur école [4248] est fortement
soupçonnée d’avoir composé le fameux symbole qui explique si clairement les
mystères de la Trinité et de l’Incarnation ; ils osèrent même falsifier les
saintes Écritures. Le texte mémorable par lequel est affirmé l’unité des trois qui rendent témoignage dans le ciel [4249] ,
a été condamné par le silence universel des pères orthodoxes, des anciennes
traductions et des manuscrits authentiques [4250] .
Les évêques catholiques qu’Hunneric appela à la conférence de Carthage fusent
les premiers qui le citèrent [4251] .
Une interpolation allégorique, en forme peut-être de note marginale, passe dans
le texte des Bibles latines qui ont été revues et corrigées durant une période
obscure de dix siècles [4252] .
Après l’invention de la presse [4253] ,
les éditeurs du Testament grec cédèrent ou à leurs propres préjugés, ou à ceux
de leur temps [4254] ; et la fraude pieuse, que Rome et Genève embrassèrent avec un zèle égal, se
répandit dans tous les pays et dans toutes les langues de l’Europe moderne.
    L’exemple de la fraude excite naturellement le soupçon ; et
l’on peut attribuer avec plus de raison à l’industrie des catholiques d’Afrique
qu’à la protection du ciel, les miracles qu’ils citèrent à l’appui de la
justice et de la vérité de leur cause. Cependant l’historien qui examine cette
querelle religieuse d’un œil impartial, peut se permettre de citer un de ces
événements surnaturels qui édifiera les dévots et étonnera les incrédules. Les
habitants de Tipasa [4255] ,
colonie maritime de la Mauritanie, environ à seize milles de Césarée, s’étaient
distingués dans tous les temps par leur zèle pour la foi orthodoxe, avaient
bravé la fureur des donatistes

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