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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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la
superstition augmentèrent leur influence, et l’on peut attribuer en quelque
façon l’établissement de la monarchie française à l’alliance de cent prélats
qui commandaient dans les villes révoltées ou indépendantes de la Gaule. Les
fragiles fondements de la république armoricaine avaient été ébranlés à
plusieurs reprises ou plutôt renversés. Mais les peuples conservaient encore
leur liberté domestique : ils soutenaient la dignité du nom romain, et
repoussaient courageusement les incursions et les attaques régulières de
Clovis, qui tâchait l’étendre ses conquêtes depuis la Seine jusqu’à la Loire.
Le succès de leur résistance leur obtint une alliance honorable. Les Francs
apprirent à estimer la valeur des Armoricains [4309] , qui se
réconcilièrent avec les Francs aussitôt après la conversion de ces derniers au
christianisme. Les forces militaires qui protégeaient les Gaules étaient composées
de cent différentes bandes d’infanterie ou de cavalerie ; et quoiqu’elles
prétendissent au nom et aux privilèges de soldats romains, la jeunesse barbare
servait depuis longtemps à les recruter. Leur courage défendait encore, mais
sans espoir, les dernières fortifications et les débris de l’empire ; mais leur
retraite était interceptée, et leur jonction devenait impraticable. Abandonnés
des princes grecs de Constantinople, ces soldats rejetaient pieusement toute
communication avec les usurpateurs ariens de la Gaule ; mais ils acceptèrent,
sans honte et sans répugnance, la capitulation avantageuse offerte par un héros
catholique ; et cette postérité, soit légitime ou illégitime, des légions
romaines se distinguait encore dans la génération suivante par ses armes, ses
enseignes, ses habillements et ses institutions particulières ; mais ces
réunions volontaires n’en augmentaient pas moins les forces nationales, et les
peuples voisins des Francs redoutaient leur nombre autant que leur intrépidité.
Il paraît que la réduction des provinces septentrionales de la Gaule ne fut pas
le résultat d’une seule bataille, mais qu’elle s’opéra lentement, tantôt par
des victoires et tantôt par des traités. Clovis n’obtint les différents objets
de son ambition que par des efforts ou par des concessions proportionnées à
leur valeur. Son caractère féroce et les vertus de Henri IV présentent la
nature humaine sous les deux points de vue opposés ; on aperçoit cependant
quelque ressemblance dans la situation de deux princes qui conquirent la France
par leur valeur, par leur politique, et par une utile conversion [4310] .
    Le royaume de Bourgogne, borné par la Saône et le Rhône,
s’étendait depuis la forêt des Vosges jusqu’aux Alpes et à la mer de Marseille [4311] . Gundobald ou
Gondebaut occupait le trône ; ce prince guerrier et ambitieux s’en était frayé
le chemin par le meurtre de deux de ses frères, dont l’un était le père de
Clotilde [4312] .
Godégésil, le plus jeune, vivait encore, et la prudence imparfaite de Gondebaut
lui abandonnait le gouvernement subordonné de la principauté de Genève. Le
monarque arien fut justement alarmé de la joie et des espérances dont la
conversion de Clovis semblait animer ses peuples et son clergé ; et Gondebaut
convoqua, dans la ville de Lyon, une assemblée de ses évêques pour concilier,
s’il était possible, les querelles politiques et religieuses. Les chefs des
deux factions se réunirent dans une inutile conférence. Les ariens reprochèrent
aux catholiques qu’ils adoraient trois dieux, et les catholiques se défendirent
par des distinctions théologiques. Les demandes, les objections et les réponses
accoutumées furent rejetées de l’un à l’autre parti avec des clameurs
opiniâtres, jusqu’au moment où le monarque révéla ses craintes par une question
inopinée, mais positive, qu’il adressa aux évêques orthodoxes. Si vous
professez, véritablement la religion chrétienne, pourquoi ne retenez-vous pas
le roi des Francs ! Il m’a déclaré la guerre, il fait des alliances avec mes
ennemis, et médite avec eux ma destruction. Une âme avide et sanguinaire,
n’annonce point une pieuse conversion. Qu’il prouve la sincérité de sa foi par
l’équité de sa conduite . Avitus, évêque de Vienne, du ton et de l’air d’un
ange, répondit au nom de ses confrères : Nous ignorons les motifs et les
intentions du roi des Francs ; mais l’Écriture nous apprend que les

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