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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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royaumes
qui abandonnent la loi divine ne tardent pas à être détruits, et que ceux qui
se déclarent les ennemis de Dieu trouvent de toutes parts des ennemis à
combattre. Retourne avec tes peuples à la loi de Dieu, et il te donnera la paix
et la tranquillité . Le roi de Bourgogne, n’étant point disposé à accepter
cette condition, que les catholiques considéraient comme essentielle au traité,
prolongea et enfin congédia l’assemblée ecclésiastique ; après avoir reproché à
ses évêques que Clovis, leur ami et leur prosélyte, avait tâché secrètement de
faire révolter son frère [4313] .
    La fidélité de son frère était déjà séduite, et l’obéissance
que Godégésil fit paraître en joignant l’étendard royal avec les troupes de
Genève, contribua au succès de la conspiration. Tandis que les Francs et les
Bourguignons combattaient avec une valeur égale, sa désertion décida
l’événement de la journée ; et comme Gondebaut était faiblement soutenu par les
Gaulois peu affectionnés il céda la victoire à Clovis, et se retira
précipitamment du champ de la bataille qui semble s’être donnée entre Langres
et Dijon. Cette dernière forteresse ne lui parut point assez sûre, quoique
environnée de deux rivières, d’un mur quadrangulaire de trente pieds de
hauteur, et de quinze pieds d’épaisseur, fermé par quatre portes et garni de
trente-trois tours [4314] .
Gondebaut laissa Clovis maître d’attaquer Lyon et Vienne et s’enfuit jusqu’à
Avignon, éloigné d’environ deux cent cinquante milles du champ de bataille. Un
long siége et une négociation habilement conduite firent sentir au roi des
Francs le danger et la difficulté de cette entreprise. Il imposa un tribut au
prince bourguignon, l’obligea de pardonner à son frère et de récompenser sa
perfidie, et retourna glorieusement dans ses États avec les dépouilles et les
captifs des provinces méridionales. Son triomphe fut bientôt troublé par la
nouvelle que Gondebaut, oubliant ses nouveaux engagements, avait assiégé,
surpris et massacré son frère, l’infortuné Godégésil, dans la ville de Vienne,
où il était resté avec une garnison de cinq mille Francs [4315] . Un pareil
affront aurait enflammé la colère du souverain le plus pacifie ; cependant le
conquérant des Gaules dissimula cette injure, remit le tribut, et accepta l’alliance
et le service militaire du roi de Bourgogne. Clovis ne possédait plus les
avantages qui avaient assuré le succès de la guerre précédente ; et son rival,
instruit par l’adversité, s’était fait de nouvelles ressources, en gagnant
l’affection de ses peuples. Les Romains et les Gaulois chérissaient la douceur
et des lois de Gondebaut, qui leur procurait un sort presque égal à celui des
conquérants. L’adroit monarque gagna les évêques, en les flattant de l’espoir
prochain de sa conversion ; et quoiqu’il en ait différé l’accomplissement
jusqu’à sa mort [4316] ,
sa modération maintint la paix et différa la ruine du royaume de Bourgogne.
    Je suis impatient d’achever l’histoire de ce royaume, qui
fut détruit sous le règne de Sigismond, fils de Gondebaut. Le catholique
Sigismond a obtenu les honneurs de saint et de martyr [4317] ; mais cet
auguste saint teignit ses mains du sang d’un fils innocent, qu’il sacrifia
inhumainement au ressentiment et à l’orgueil d’une belle-mère. Il découvrit
bientôt son erreur, et déplora sa perte irréparable. Tandis que Sigismond,
pleurait sur le corps inanimé de son malheureux fils, il reçut, un
avertissement sévère d’un de ses officiers : Ô roi ! lui dit-il, ce
n’est point l’état de ton fils, mais le tient qui doit inspirer de la douleur
et de la compassion ! Le monarque coupable apaisa cependant le cri de
sa conscience par les libéralités qu’il fit au monastère d’Agaunum ou
Saint-Maurice dans le Valais, qu’il avait fondé lui-même en l’honneur des
martyrs imaginaires de la légion thébaine [4318] .
Sigismond y institua une psalmodie de prières continuelles ; il pratiqua les
dévotions austères des moines, et suppliait le maître du monde de le punir de
ses péchés avant sa mort.  Sa prière fut exaucée, les ministres de vengeance
n’étaient pas loin. Une armée de Francs envahit ses provinces. Après la perte
d’une bataille, Sigismond, qui voulait conserver sa vie pour prolonger sa
pénitence, se cacha dans le désert sous un habit religieux ; mais ses

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