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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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sujets
découvrirent sa retraite, et le livrèrent à leurs nouveaux maîtres, dont ils
espéraient par là obtenir la faveur. On transporta à Orléans le monarque captif
avec sa femme et deux enfants. Les fils de Clovis, dont la cruauté peut tirer
quelque excuse des maximes et des exemples de ce siècle barbare, firent enterrer
Sigismond tout vif dans un puits. Empressés d’assurer la conquête de la
Bourgogne, ils avaient, pour enflammer ou déguiser leur ambition, le motif de
la piété filiale ; et Clotilde, dont la sainteté ne consistait pas dans le
parti des injures, les pressa de venger la mort de son père sur la famille de
son assassin. Quoique les Bourguignons eussent essayé de rompre leur chaîne, on
leur laissa leurs lois nationales sous la redevance d’un tribut et du service
militaire ; et les princes mérovingiens régnèrent paisiblement sur un royaume
dont les armes de Clovis avaient déjà détruit la gloire et la grandeur [4319] .
    La première victoire de Clovis avait humilié l’orgueil des
Goths. Ses succès rapides leur inspirèrent un sentiment de terreur et de
jalousie ; et la renommée du jeune Alaric se trouva obscurcie par la
supériorité de son rival. Quelques contestations inévitables s’élevèrent au
sujet des limites des deux royaumes, et après de longues et inutiles
négociations, les deux rois proposèrent et acceptèrent une entrevue. Clovis et
Alaric se virent dans une petite île de la Loire, près d’Amboise. Ils
s’embrassèrent, conversèrent familièrement, mangèrent ensemble, et se
séparèrent avec les plus vives démonstrations d’union et d’amitié fraternelle ;
mais cette réconciliation apparente cachait, sous l’air de la confiance, des
soupçons réciproques d’ambition et de perfidie, et les plaintes des deux
monarques sollicitèrent, éludèrent et rejetèrent également une convention
définitive. De retour à Paris, dont il faisait déjà le siège de son
gouvernement, Clovis annonça, devant une assemblée de princes et de guerriers,
ses motifs et ses prétextes de guerre contre les Goths. Je ne puis souffrir ,
leur dit-il, de voir des ariens posséder la plus belle partie de la Gaule.
Marchons contre eux avec l’aide de Dieu ; et, quand nous aurons vaincu les
hérétiques, nous partagerons et possèderons leurs fertiles provinces [4320] . Les Francs,
toujours pleins de leur ancienne mœurs, et animés par le zèle d’une religion
nouvelle, applaudirent au généreux dessein de leur monarque, déclarèrent qu’ils
voulaient vaincre ou mourir, la victoire et la mort devant leur être également
avantageuses, et jurèrent solennellement de laisser croître leur barbe jusqu’à
ce que le succès de leurs armes vînt les absoudre d’un vœu si incommode.
C’était Clotilde dont lest exhortations, soit en public, soit en particulier,
avaient déterminé cette entreprise. Elle avertit son époux de l’efficacité que
pourrait avoir une fondation pieuse pour obtenir la bénédiction de Dieu et le
secours des fidèles. Le héros chrétien, lançant d’un bras nerveux sa hache de
bataille : Je promets , dit-il, d’élever dans l’endroit où
tombera ma francisca [4321] ,
une église en l’honneur des saints apôtres . Cette éclatante marche de piété
affermit l’attachement et confirma la bonne opinion des catholiques, avec
lesquels il entretenait secrètement une correspondance ; et le zèle des dévots
se convertit insensiblement en une conspiration formidable. Les peuples de
l’Aquitaine étaient justement alarmés des reproches indiscrets des Goths, leurs
oppresseurs, qui les accusaient, avec raison, de préférer le gouvernement des
Francs ; et l’exil de leur zélé partisan, Quintianus, évêque de Rodez [4322] , plaida plus
fortement en leur faveur qu’il n’aurait pu le faire en restant dans son
diocèse. Pour résister à ses ennemis domestiques et étrangers, fortifiés de
l’alliance des Bourguignons, Alaric rassembla ses forces militaires, infiniment
supérieures en nombre à celles de Clovis. Les Visigoths reprirent l’exercice
des armes, qu’ils avaient négligé durant une longue et heureuse paix [4323] . Une troupe
choisie d’esclaves robustes et courageux se mit en campagne à la suite de leurs
maîtres [4324] ,
et les villes de la Gaule fournirent avec répugnance leur contingent de troupes
d’une fidélité douteuse. Théodoric, roi des Ostrogoths, qui régnait en Italie,
avait travaillé à maintenir la

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