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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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préférence [4282] . Clovis dut la
naissance à cette union volontaire, et la mort de son père le mit, dès l’âge de
quinze ans, à la tête de la tribu des Francs saliens. Son royaume n’était
composé [4283] que de l’île des Bataves et de l’ancien diocèse d’Arras et de Tournay [4284] . Au moment où
Clovis reçut le baptême, le nombre de ses guerriers n’excédait pas celui de
cinq mille. Les autres tribus des Francs, qui habitaient les bords de l’Escaut,
de la Meuse, de la Moselle et du Rhin, obéissaient à des rois indépendants, de
race mérovingienne, les égaux, les alliés et quelquefois les ennemis du prince
salien : mais les Germains, soumis en temps de paix à là juridiction de leurs
chefs héréditaires, étaient libres de suivre à la guerre le général dont la
réputation et les succès leur semblaient mériter la préférence, et le mérite de
Clovis entraîna bientôt sous ses drapeaux toute leur confédération. En entrant
en campagne, il manquait également d’argent et de subsistances [4285] ; mais Clovis
imita l’exemple de César, qui, dans le même pays, s’était procuré des richesses
avec son épée, et des soldats avec le fruit de ses victoires. Après chaque
bataille ou expédition heureuse, on laissait une masse des dépouilles ; chaque
guerrier recevait une part proportionnée à son rang, et le monarque se soumettait
comme les autres à la loi militaire. Il apprit aux indociles Barbares à
connaître les avantages d’une discipline régulière [4286] . A la revue
générale du mois de mars, on faisait soigneusement l’inspection de leurs armes
; et lorsqu’ils traversaient un pays neutre, il leur était défendu d’arracher
une pointe d’herbe. Inexorable dans sa justice, Clovis faisait périr, sur le
champ, les soldats négligents ou indociles. Il serait superflu de parler de la
valeur d’un Franc ; mais la valeur de Clovis était toujours dirigée par une
prudence calme et consommée [4287] .
En traitant avec les hommes, il laissait soigneusement entrer dans la balance
leurs passions, leurs intérêts et leurs opinions, et sa conduite était tantôt
adaptée à la violenté sanguinaire des Germains, tantôt modérée par la politique
plus douce de Rome et du christianisme. La mort lui ferma la carrière de la
victoire dans la quarante-cinquième année de son âge ; mais sous son règne, qui
dura trente ans ; la monarchie française s’établit solidement dans les Gaules.
    La défaite de Syagrius, fils d’Ægidius, fut le premier
exploit de Clovis, et il est probable que dans cette guerre, aux motifs
d’intérêt général se joignirent ceux du ressentiment particulier. Le souvenir
de la gloire du père était un outrage pour la race mérovingienne, et il est
possible que le pouvoir du fils, ait excité l’ambition jalouse du roi des
Francs. Syagrius avait hérité de son père de la ville et du diocèse de
Soissons. Il était probable que les restes désolés de la seconde Belgique, Reims,
Troyes, Amiens et Beauvais, reconnaîtraient pour maître le comte ou patrice [4288] et, après la
chute de l’empire d’Occident, il pouvait régner avec le titre ou au moins avec
l’autorité de roi des Romains [4289] .
Comme Romain, l’étude des belles-lettres et de la jurisprudence faisait partie
de son éducation ; mais il s’était attaché, par hasard ou par politique, à
parler familièrement l’idiome des Germains. Les Barbares indépendants venaient
en foule au tribunal d’un étranger qui possédait le rare talent d’expliquer dans
leur langue les règles de la raison et de l’équité. L’activité et l’affabilité
du juge le rendaient cher aux peuples ; ils se soumettaient sans murmure à la
sagesse impartiale de ses ordonnances ; et le règne de Syagrius sur les Francs
et sur les Bourguignons semblait les ramener aux institutions primitives de la
société civile [4290] .
Au milieu de ces paisibles occupations, il reçut et accepta fièrement le défi
de Clovis, qui, à la manière et à peu près dans le style de la chevalerie,
sommait son rival de désigner le jour et le lieu de la bataille [4291] . Dès le temps
de César, Soissons aurait pu fournir cinquante mille cavaliers, et ses trois
arsenaux ou manufactures les auraient abondamment fournis de boucliers [4292] , de cuirasses
et de tous les objets d’armement ; mais la jeunesse gauloise, réduite depuis
longtemps à un petit nombre, ne possédait plus son ancienne valeur, et

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