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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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expliquer les différents effets. Une victoire
sanglante et complète n’a souvent fait perdre que le champ de bataille, et la
perte de : dix mille hommes a quelquefois suffi pour détruire en un jour
l’ouvrage de plusieurs siècles. La conquête de l’Aquitaine fut le prix de la
bataille de Poitiers. Alaric laïcisant, en mourant, un fils dans l’enfance, un
bâtard ambitieux, une noblesse factieuse et des peuples perfides. Les forces
des Goths étaient ou paralysées par la consternation générale, ou employées aux
discordes civiles. Le roi des Francs s’avança sans perdre de temps pour mettre
le siège devant Angoulême. Au son de sa trompette, les murs de la ville, comme
ceux de Jéricho, tombèrent de toutes parts. On pourrait réduire ce pompeux
miracle, en supposant que quelques ouvriers ecclésiastiques avaient secrètement
miné les fondements du rempart [4327] .
Bordeaux se soumit sans résistance ; Clovis y établit ses quartiers d’hiver, et
y transporta prudemment de Toulouse le trésor royal qui était déposé dans la
capitale de la monarchie. Le conquérant pénétra jusqu’aux confins de l’Espagne [4328] , rétablit les
honneurs de l’Église catholique, plaça une colonie de Francs [4329] dans
l’Aquitaine, et remit à ses lieutenants la tâche facile de soumettre ou de détruire
les Visigoths ; mais le sage et puissant monarque de l’Italie protégeait
cette nation vaincue. Tant que la balance avait paru égale, Théodoric avait
retardé peut-être la marche de ses Ostrogoths ; mais à leur arrivée ils
repoussèrent l’ambitieux Clovis ; et l’armée des Francs et des Bourguignons fat
forcée de lever le siège d’Arles avec perte, dit-on, de trente mille hommes. Ce
revers disposa le fier Clovis à accepter un traité de paix avantageux. Les
Visigoths conservèrent la Septimanie, dont le territoire étroit s’étendait le
long des côtes de la mer, depuis le Rhône jusqu’aux Pyrénées ; mais la vaste
province d’Aquitaine, depuis ces montagnes jusqu’à la Loire, fut unie
indissolublement au royaume de France [4330] .
    Après les succès de la guerre des Goths, Clovis accepta les
honneurs du consulat romain. L’empereur Anastase décora politiquement de cette
dignité le plus puissant rival de Théodoric ; cependant, par quelque raison
inconnue, le nom de Clovis ne se trouve inscrit ni dans les fastes de l’Orient,
ni dans ceux de l’Occident [4331] .
Au jour fixé pour cette solennité, le monarque de la Gaule plaça dans l’église
de Saint-Martin son diadème sur sa tête, et se revêtit d’une tunique et d’un
manteau de pourpre. Après cette cérémonie, il se rendit à cheval à la cathédrale
de Tours, semant de sa propre main, dans les rues, des poignées d’or et
d’argent, que la populace joyeuse ramassait en répétant à grands cris les noms
de consul et d’ Auguste . La dignité consulaire ne pouvait rien
ajouter à l’autorité légale ou réelle de Clovis. Ce n’était qu’un titre, une
ombre de dignité, une pompe vaine ; et ce brillant office, si le conquérant en
eût connu et prétendu exercer les anciennes prérogatives, aurait cessé pour lui
à la fin d’une année : mais les Romains aimaient à révérer dans la personne de
leur maître ce titre antique que les empereurs ne dédaignaient pas de porter ;
le Barbare, en l’acceptant, sembla contracter l’obligation de respecter la
majesté de la république, et les successeurs de Théodose, en recherchant son amitié,
pardonnèrent tacitement et ratifièrent en quelque façon l’usurpation de la
Gaule.
    Vingt-cinq ans après la mort de Clovis, cette importante
concession fut déclarée plus formellement dans un traité entre ses fils et
l’empereur Justinien. Les Ostrogoths de l’Italie, ne pouvant défendre leurs
acquisitions éloignées, cédèrent aux Francs les villes d’Arles et de Marseille
; d’Arles qui était encore le siége d’un préfet du prétoire ; et de Marseille
qui  jouissait des avantages de la navigation [4332] et d’un commerce
florissant. L’autorité impériale confirma cette transaction, et Justinien, en
cédant aux Francs la souveraineté des provinces au-delà des Alpes, qu’ils
possédaient déjà, dispensa généreusement les provinciaux de leur serment de
fidélité, et donna une base plus légitime, mais non pas plus solide, au trône
des Mérovingiens [4333] .
Depuis cette époque ils jouirent du droit de célébrer les jeux du cirque dans
la

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