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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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successivement
assemblés. Les six métropolitains de Tolède, Séville, Mérida, Baia, Tarragone
et Narbonne, présidaient suivant leur rang d’ancienneté ; l’assemblée était
composée de leurs  évêques suffragants. Ils y paraissaient en personne ou par
procureur ;  et il y avait une place assignée pour les abbés distingués par
leur piété ou leur opulence. On agitait les questions de doctrine et de
discipline ecclésiastique durant les trois premiers jours de l’assemblée, et
les laïques étaient soigneusement exclus de ces débats, qui se passaient
cependant avec une solennité décente ; mais dès le matin du quatrième jour on
ouvrait les portes, et l’on admettait les grands officiers du palais ; les
ducs, les comtes, les nobles, les juges des villes et le consentement du
peuple, ratifiaient les jugements du ciel. Les mêmes règles s’observaient dans
les assemblées provinciales, ou conciles annuels chargés de recevoir les plaintes
et de redresser les abus ; le gouvernement légal avait pour appui l’influence
victorieuse du clergé. Les évêques, dont l’usage était, dans toutes les
révolutions, de flatter les vainqueurs et d’insulter les malheureux,
travaillèrent avec succès à rallumer les flammes de la persécution, et à élever
la mitre au-dessus de la couronne. Cependant les conciliés nationaux de Tolède
dans lesquels la politique épiscopale dirigea et tempéra l’esprit indocile des
Barbares, établirent quelques lois sages, également avantageuses pour les rois
et pour leurs sujets. Lorsque le trône vaquait, le choix d’un monarque
appartenait aux évêques et aux palatins ; et après l’extinction de la race
d’Alaric, ils conservèrent au noble et pur sang des Goths le droit exclusif de
succession à la couronne. Le clergé, qui sacrait le prince légitime,
recommandait toujours au peuple et pratiquait quelquefois le devoir de la
fidélité et de l’obéissance ; et les foudres de l’Église menaçaient les sujets
impies qui conspiraient contre leur souverain, qui résistaient à son autorité,
ou qui violaient la chasteté même de sa veuve par une union indécente ;
mais en montant sur le trône, le monarque faisait à Dieu et aux peuples le
serment de remplir ses devoirs avec exactitude. Une aristocratie redoutable se
réservait le droit de contrôler les fautes réelles ou imaginaires de son
administration, et une loi fondamentale assurait aux évêques et aux palatins le
privilège de n’être ni emprisonnés, ni dégradés, ni mis à la torture, punis de
mort ou même d’exil ou de confiscation, sans avoir été jugés publiquement et
librement par leurs pairs [4398] .
    Un des conciles législatifs de Tolède examina et ratifia le
code de lois composé sous une succession de princes goths, depuis le règne du
féroce Euric jusqu’à celui du pieux Egica. Tant que les Visigoths conservèrent
les mœurs simples et antiques de leurs ancêtres, ils laissèrent à leurs sujets
de l’Espagne et de l’Aquitaine la liberté de suivre les usages des Romains. Le
progrès des arts, de la politique et enfin de la religion, les engagea à
supprimer ces institutions étrangères et à composer sur leur modèle un code de
jurisprudence civile et criminelle, à l’usage général d’un peuple considérable
et uni sous le même gouvernement ; toutes les peuplades espagnoles obtinrent
les mêmes privilèges, et contractèrent les mêmes obligations. Les conquérants
renoncèrent insensiblement à l’idiome teutonique, se soumirent aux gênes
salutaires de la justice, et firent partager aux Romains les avantages de la
liberté. La situation de l’Espagne sous les Visigoths ajoutait en mérite de
cette administration impartiale. Les souverains attachés à l’arianisme avaient
été longtemps séparés de leurs sujets par la différence irréconciliable de la
religion ; et lors même que la conversion de Recarède eut fait cesser les
scrupules des catholiques, les empereurs d’Orient, qui possédaient encore les
côtes de l’Océan et de la Méditerranée encourageaient secrètement les peuples à
secouer le joug des Barbares, et à soutenir la dignité du nom romain. La
fidélité de sujets suspects n’est sans doute jamais mieux assurée que quand ils
craignent de perdre dans une révolte plus qu’ils ne peuvent gagner par une
révolution ; mais il a toujours paru si naturel d’opprimer ceux qu’on hait ou
que l’on redoute, que la maxime contraire

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