Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain
peuples. La Germanie; changée par ces
guerres, nous, a été décrite par Strabon, par Pline et par Tacite… La Germanie
proprement dite, ou grande Germanie , était bornée à l’ouest par le Rhin, à
l’est par la Vistule, et au nord par la pointe méridionale de la Norvège, par
la Suède et par l’Estonie. Quant au midi, le Mein et les montagnes du nord de
la Bohême en faisaient les limites. Avant César, le pays compris entre le Mein
et le Danube était occupé en partie par les Helvétiens et par d’autres Gaulois,
en partie par la forêt Hercynienne ; mais depuis César, jusqu’à la grande
migration des peuples, ces bornes furent reculées jusqu’au Danube, ou, ce qui
revient au même, jusqu’aux Alpes de la Souabe, quoique la forêt Hercynienne
occupât encore, du sud au nord, un espace de neuf jours de marche sur les deux
rives du Danube . Gatteres Versuch einer allgemeinen Weltgeschichte, p. 424,
édit. de 1792.
Cette vaste contrée était loin d’être habitée par une
seule nation partagée en différentes tribus d’une même origine : on pouvait y
compter trois races principales, très distinctes par leur langage, leur origine
et leurs moeurs : 1° à l’orient, les Slaves ou Vandales ; 2° à l’occident, les
Cimriens ou Cimbres ; 3° entre les Slaves et les Cimbres se trouvaient les
Allemands proprement dits (les Suèves de Tacite). Le midi, était habité, avant
Jules César, par des nations d’origine gauloise ; les Suèves l’occupèrent dans
la suite.
1° Les Slaves, appelés depuis Vandales (Wenden),
étaient, selon quelques savants, aborigènes de la Germanie, et, selon d’autres,
ne s’y sont introduits que plus tard, en s’emparant d’abord de la partie
occidentale, abandonnée par les Vandales proprement dits, dont ils prirent
aussi le nom. « Ces derniers appartenaient, dit Adelung, à la race des Suèves ;
Pline, Tacite et Dion Cassius les nomment. Ils conquirent la Dacie sur les
Goths ; mais, chassés à leur tour, ils errèrent dans la Pannonie, dans les
Gaules, en Espagne, et vinrent, enfin trouver leur tombeau en Afrique, un peu
avant l’an 534 de Jésus-Christ. Adelungs œlteste Gesehichte der Deutschen,
ihrer Sprache bis zur Vœlkerwanderung .
Schlœzer, au contraire, dans son Histoire universelle
du Nord, fait considérer les Slaves comme originaires de la Germanie orientale
quoique inconnus aux Romains : il les divise en Slaves méridionaux, qui
occupaient les pays que nous nommons aujourd’hui la Carniole et la Carinthie,
la Styrie, et le Frioul ; et en Slaves septentrionaux, qui occupaient le
Mecklenbourg, la Poméranie, le Brandebourg, la Haute-Saxe et la Lusace. Leur
langue, l’esclavon, est la tige où sont sortis le russe, le polonais, le
bohémien, les dialectes de la Lusace, de quelques parties du duché de
Lunebourg, de la Carniole, de la Carinthie et de la Styrie, etc., ceux de la
Croatie, de la Bosnie et de la Bulgarie. Voyez Schlœzer, Histoire
universelle du Nord , p. 323-335.
Gatterer, dans son Essai d’une Histoire universelle ,
a mieux traité cette question, et son opinion me paraît prouvée. Il a montré
que les pays situés à l’ouest du Niémen, de la Vistule et de la Theiss, avaient
été habités jusqu’au troisième siècle par des peuples non Slaves, d’origine
germanique : les Slaves occupaient alors les terres situées à l’est de ces
trois fleuves ; ils étaient divisés, d’après Jornandès et Procope, en trois
classes : les Vénèdes ou Vandales, les Antes, et les Slaves proprement dits.
Les premiers prirent le nom de Vénèdes, au troisième siècle, après avoir chassé
des pays situés entre le Mémel et la Vistule, les Vandales ou Vénèdes, Germains
qui s’étendaient jusqu’aux monts Krapacks. Les Antes habitaient entre le
Dniestr et le Dniepr, au nord-ouest de la Crimée. Les Slaves proprement dits,
ou Esclavons, habitaient, au sixième siècle, le nord de la Dacie, et paraissent
avoir été le peuple que Trajan chassa de la Dacie méridionale. Pendant et après
là grande migration des peuples, ces diverses tribus slaves s’avancèrent et
envahirent tout le pays jusqu’aux rives de l’Elbe et de la Saal , occupé
auparavant par les Germains que Tacite appelle Suèves. Ce n’est donc que depuis
cette époque que les Slaves, du moins les Antes et les Esclavons, peuvent être
compris dans la Germanie. Les Vandales, slaves sont les seuls dont
l’établissement en Germanie soit d’une date plus reculée.
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