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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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sur des notions aussi claires que celle de l ’ homme, par exemple, dont il cherche la définition, Platon pour avoir refusé la substantialité aux choses sensibles, Stilpon le Mégarique pour avoir soutenu la vieille thèse éristique que rien ne peut se dire de rien, les Cyrénaïques et Arcésilas qui n ’ ont point admis que nos représentations pussent nous conduire à des réalités. Et Plutarque n ’ a pas d ’ autre manière de répondre que d ’ assimiler les Épicuriens à ceux qu ’ ils veulent réfuter, tirant des textes mêmes d ’ Épicure l ’ aveu de la relativité des sensations.
    Il y a d ’ autres évidences immédiates que la sensation et la passion  ; toute question, pour être posée et comprise, implique que nous possédons d ’ avance la notion de la chose demandée  ; les dieux existent-ils  ? Cet animal qui avance est-il un bœuf, ou un cheval  ? Toutes ces questions supposent que nous avons déjà la notion des dieux, du bœuf et du cheval, etc. antérieurement à l ’ impression sensible actuelle qui nous amène à poser ces questions  : prénotions intérieures à l ’ âme et qui pourtant dérivent des sensations précédentes et ne sont pas du tout, comme les notions communes stoïciennes, le fruit d ’ une dialectique plus ou moins arbitraire. C ’ est grâce à cette origine (origine que l ’ on peut voir même dans le cas des dieux, par exemple, dont la notion est née des images très réelles que nous avons eues pendant le sommeil) que la prénotion n ’ est jamais la notion d ’ une chose imaginaire, mais celle d ’ une chose existante  ; et c ’ est pourquoi Diogène Laërce (X, 33) l ’ appelle perception ou opinion droite  : la prénotion implique un jugement d ’ existence évident  ; notre expérience passée, dont elle est en quelque sorte le résultat, n ’ a pas moins de valeur que notre expérience actuelle avec laquelle nous la confrontons.
    La prénotion nous permet des jugements ou croyances qui dépassent l ’ expérience actuelle  : cet homme que je vois là-bas, c ’ est Platon, cet animal est un bœuf, etc... Mais ces p.339 croyances ne seront des jugements solides que si elles sont elles-mêmes ramenées à des évidences sensibles immédiates, et que s ’ il y a confirmation (ε̉πιμαρτύρησις) alors que je vois l ’ homme ou l ’ animal de plus près.
    Mais Épicure, on le sait, prétend arriver non seulement à des évidences sur les choses sensibles, mais encore à des évidences concernant les choses invisibles (άδηλα), telles que le vide, les atomes, ou l ’ infinité des mondes. Il est important de songer, si l ’ on veut bien comprendre le canonique d ’ Épicure, qu ’ il est d ’ une part le moraliste du plaisir, cette fin de la volonté qui est saisie d ’ une manière immédiate sans aucune construction rationnelle, et, d ’ autre part, le rénovateur de la physique atomiste, c ’ est-à-dire d ’ une construction rationnelle de l ’ univers, fort éloignée des impressions immédiates. Ne nous demandons pas encore quel rapport il y a entre les deux motifs, mais seulement par quelle voie (ou par quelle fissure) peut s ’ introduire une connaissance par pure raison ou pensée  ? A côté de la confirmation d ’ une croyance par l ’ évidence sensible, Épicure distingue le cas où, sans être confirmée, elle n ’ est pas infirmée. « La non-infirmation (ου̉κ α̉ντιμαρτύρησις) est le lien de conséquence qui rattache à ce qui apparaît avec évidence une opinion sur une chose invisible  ; par exemple Épicure affirme qu ’ il y a du vide, chose invisible, et le prouve par cette chose évidente qu ’ est le mouvement  ; car s ’ il n ’ y a pas de vide, il ne doit pas y avoir non plus de mouvement, puisque le corps en mouvement n ’ a pas de lieu où se déplacer, si tout est plein  [479] .  » C ’ est aussi par le témoignage de l ’ expérience immédiate que 1’on voit Lucrèce prouver l ’ existence de corps qui sont invisibles à cause de leur petitesse  : la force des vents que l ’ on ne voit pas, les odeurs et les sons qui impressionnent les sens, l ’ humidité et le desséchement, l ’ usure lente ou l ’ accroissement lent des objets, tous ces faits impliquent l ’ existence p.340 de pareils corpuscules invisibles  [480] . En quoi consiste cette conséquence ou implication, c ’ est ce que nos textes ne nous disent pas  ; mais de l

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