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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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’ il vient de parler d ’ autres philosophes qui suivent la même méthode.
    Nous saisissons donc là tout un courant de pensée très distinct du stoïcisme et de l ’ épicurisme, d ’ accord avec le stoïcisme pour employer la dialectique et avec l ’ épicurisme pour nier les croyances stoïciennes, mais radicalement hostile au dogmatisme de l ’ un et de l ’ autre. Le trait le plus général de ce courant de pensée, c ’ est l ’ hostilité à la physique au sens plein du mot, c ’ est-à-dire à une conception d ’ ensemble du monde, objet d ’ une foi (πίστις) certaine et sur laquelle s ’ appuie la vie morale. A ce dogmatisme, tout ce courant philosophique oppose une sorte d ’ humanisme qui ramène constamment la pensée des choses extérieures qui nous sont inaccessibles à la p.365 méditation sur les conditions humaines de l ’ activité intellectuelle et morale. Ce sont les aspects fort divers de ce courant au II I e et au I I e siècle que nous étudions en ce chapitre.
     
    II. — L ’ HÉDONISME CYNIQUE
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    Une de ses premières manifestations est la continuation, sous diverses formes, des écoles socratiques. Le cyrénaïsme notamment, prend vers le milieu du II I e siècle des formes tout à fait inattendues.
    Il aboutissait chez Hégésias à un pessimisme découragé qui confine à l ’ indifférence  [507] . Si le bonheur, comme le veut Aristippe, est la somme des plaisirs, il ne peut être atteint  ; car nous voyons le corps rempli de maux, dont l ’ âme est troublée par sympathie  ; nous voyons le sort mettre à néant nos espoirs. S ’ il est vrai que le plaisir est notre fin, c ’ est dire qu ’ il n ’ y a aucune fin naturelle  ; car la rareté, la nouveauté et la satiété le forment et le font disparaître. Qu ’ importe aussi l ’ état d ’ esclavage ou de liberté, de richesse ou de pauvreté, de noblesse ou d ’ obscurité, puisqu ’ aucun d ’ eux ne promet un plaisir sûr  ? Avec une pareille fin, il n ’ y a pas à s ’ irriter contre l ’ égoïsme qui est sagesse, ni contre les fautes qui résultent nécessairement des passions  ; «  il ne faut pas haïr le pécheur, mais l ’ enseigner  » . Enfin ce détachement va jusqu ’ au suicide, et c ’ est dans un livre intitulé l ’ Abstinent (’Aποκαρτερω̃ν, celui qui s ’ abstient de nourriture pour mourir de faim) que l ’ on voit Hégésias développer le thème des malheurs de la vie humaine  [508] . Cette pensée forme moins une doctrine qu ’ une série de thèmes, parmi lesquels les principaux sont les thèmes pessimistes des maux de la vie et des malchances du sort. Il est aisé de voir qu ’ il n ’ est pas un seul des traits de cet enseignement que ne p.366 vise Épicure pour y répondre au nom d ’ un hédonisme rectifié et appuyé sur la nature et la physique plus que sur l ’ observation de la vie humaine, comme celui d ’ Hégésias  ; on se rappelle notamment sa condamnation d ’ un pessimisme qui conduit au suicide, sa doctrine du libre arbitre, son aversion contre ceux qui font du sort une déesse toute-puissante.
    Annicéris  [509] aussi essaya des remèdes contre ces conséquences décourageantes de l ’ hédonisme, mais en usant de moyens humains  ; il donnait une valeur absolue à tout ce qui attache l ’ individu aux autres hommes  : amitié, liens de famille et de patrie  ; ce sont des conditions de bonheur indispensables. En véritable observateur des hommes, il a plus de confiance dans l ’ habitude que dans la raison pour rendre l ’ homme supérieur à l ’ opinion publique  ; ce sont les mauvaises habitudes de l ’ éducation qui nous rendent faibles devant l ’ opinion  ; ce sont de bonnes habitudes qui nous libèrent.
    Théodore, disciple d ’ Annicéris, qui fut exilé d ’ Athènes et, enseigna auprès du roi Ptolémée I er (mort en 283), qui l ’ envoya en ambassade à Lysimaque, roi de Thrace, paraît avoir décidément incliné vers le cynisme  [510] : un sage tellement indépendant qu ’ il n ’ a nul besoin d ’ amis, tellement supérieur aux autres qu ’ il ne songe nullement à se sacrifier pour sa patrie, ce qui reviendrait à perdre sa sagesse pour des insensés, tellement au-dessus de l ’ opinion publique qu ’ il n ’ hésite pas, à l ’ occasion, à voler et même à faire des vols sacrilèges, tel est le cynique effronté dont Théodore nous fait le portrait  ; sorte de milieu

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