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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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homme. Et malgré les appels à l’autorité et à l’écriture, les divergences entre les théologiens semblent bien être d’ordre philosophique.
    Ce sont d’une part les hérétiques : Sabellius et les modalistes qui craignent de tomber dans le polythéisme en faisant du Verbe le Fils de Dieu ; Arius qui, dans le même esprit mais à l’inverse, n’admet le Fils de Dieu comme personne, qu’à condition de faire de lui une créature de Dieu, la première de toutes, p.525 « mais qui ne soit pas éternelle ou coéternelle au Père ; car Dieu est son principe » [744] ; c’est toute l’école d’Antioche qui refuse de voir en Jésus-Christ autre chose qu’un homme comblé des grâces de la divinité et écarte les combinaisons métaphysiques de l’homme-dieu ; idée qui, après Nestorius, se répand dans la chrétienté et passe jusqu’en Extrême-Orient. On voit, à travers toutes ces opinions, la marque d’une même inspiration rationaliste, cherchant à classer, à éviter les confusions, à distinguer. En face de ces opinions se constitue d’autre part le dogme orthodoxe ; il cherche à concilier le théocentrisme, qui fait sombrer toute différence dans l’unité divine, avec les distinctions indispensables à l’existence même du Christianisme : c’est la formule qu’Athanase et le concile de Nicée opposent à Arius : l’unité de substance en Dieu avec la diversité des personnes ; ce sont les formules avec lesquelles Cyrille d’Alexandrie et le concile d’Éphèse (433) condamnent Nestorius : la dualité des natures, humaine et divine, dans le Christ, n’empêche pas que Marie soit la theotokos, la mère de Dieu.
    En Occident, les conflits ne manquent pas à la même époque ; mais ils sont d’un autre ordre ; ils visent tous, directement ou indirectement, la nécessité de l’institution de l’Église et de sa hiérarchie : tel est le donatisme qui, né et presque cantonné en Afrique, datait d’un siècle, lorsqu’eut lieu en 411 le débat présidé par saint Augustin ; tel le pélagianisme que combattit toute sa vie saint Augustin. L’Église, en tant qu’institution nécessaire à la dispensation des grâces divines, était incompatible avec l’une et l’autre de ces hérésies. Les donatistes prétendaient que la valeur d’un sacrement avait pour condition la valeur morale du prêtre qui la conférait ; c’était nier l’Église comme société fondée sur des règles pratiques strictes et objectives ; c’était la livrer à tous les hasards d’une appréciation subjective de la moralité des prêtres ; celui qui confère les sacrements p.526 n’a pas à être saint en son cœur pas plus que le juriste romain qui dit le droit n’a à être juste : le formalisme est condition de stabilité.
    Quant au pélagianisme, le point de départ du conflit fut un essai de réforme monastique du moine Pélage, qui, pour lutter contre des chrétiens qui s’excusaient, sur la faiblesse de la chair, de ne pas exécuter la loi divine, prêchait que l’homme a la force de faire le bien s’il le veut et montrait les pouvoirs de la nature humaine ; il voulait « que l’âme ne fût pas d’autant plus relâchée et lente à la vertu, qu’elle se croit moins de pouvoir et qu’elle estime ne pas avoir ce qu’elle ignore être en elle » [745]. C’est l’inspiration du stoïcisme, avec sa confiance en la vertu ; mais c’est la négation du péché originel avec sa transmission héréditaire, puisque Dieu ne peut nous imputer le péché d’autrui ; c’est présenter l’œuvre du Christ comme celle d’un maître ou d’un docteur qui nous sert de modèle, à la manière des saints du cynisme, non pas comme celle d’une victime dont les mérites justifient l’homme ; c’est enfin dénier toute importance aux moyens de grâce, aux sacrements, que l’Église tient à la disposition des fidèles. A ces théories, saint Augustin oppose à la fois l’expérience personnelle de sa conversion et la réalité efficace de l’Église ; si Pélage dit vrai, l’homme n’a ni à demander par ses prières d’échapper à la tentation, ni à prier quand il tombe [746] ; les Pélagiens travaillent à trouver notre bien en ce qui, en nous, n’est pas de Dieu ; s’ils admettent que la bonne volonté vient de Dieu, c’est au même titre que l’existence ; et alors Dieu, en ce cas, serait aussi l’auteur de la mauvaise volonté ; ou bien, si l’on

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