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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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révélée et une philosophie qui, par son point de départ, l ’ expérience sensible, par sa méthode. toute rationnelle, affirme son autonomie et son indépendance vis-à-vis de la théologie.
    Il est pourtant insuffisant d ’ opposer sommairement l ’ augustinisme franciscain au péripatétisme dominicain. En premier lieu, saint Bonaventure n ’ hésite pas, sur bien des points, à suivre Aristote. En second lieu, au sein même de leur ordre, Albert et saint Thomas trouvèrent bien des adversaires  ; et c ’ est un dominicain, Robert Kilwardby qui, étant archevêque de Cantorbery, fit condamner en 1277 des propositions thomistes. En troisième lieu, saint Thomas n ’ était pas moins opposé que saint Bonaventure à une certaine manière de comprendre le péripatétisme, qui aboutissait à des conclusions directement contraires à la foi chrétienne  ; nous voulons parler de Siger de Brabant et du mouvement que l ’ on a appelé l ’ averroïsme latin. Enfin les deux ordres se trouvent encore réunis sur le terrain pratique : il était dans les intentions des papes de p.645 confier à ces ordres plutôt qu ’ au clergé séculier l ’ enseignement théologique à l ’ Université de Paris et, dès 1229, une chaire est réservée à chacun des deux ordres mendiants  ; de là une polémique ardente des séculiers contre les réguliers  ; elle se marque par le De periculis novissimorum temporum (1255) où Guillaume de Saint-Amour contestait aux moines le droit d ’ enseigner et à qui saint Thomas répliqua par le Contra impugnantes Dei cultum .
     
    VI. — SAINT BONAVENTURE
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    On sait comment saint Bonaventure lui-même oppose l ’ esprit des deux ordres  : « Les Prêcheurs (dominicains) s ’ adonnent surtout à la spéculation, de quoi ils ont reçu leur nom, et ensuite à l ’ onction  ; les Mineurs (franciscains) s ’ adonnent principalement à l ’ onction et ensuite à la spéculation ». Saint-François d ’ Assise, le fondateur de l ’ ordre des Mineurs avait donné un élan nouveau à la vie spirituelle plus qu ’ à la doctrine, et s ’ il recommandait aux frères d ’ étudier, c ’ était « à condition d ’ agir avant d ’ enseigner  » [830] . Et il y eut parmi les Franciscains un parti, le parti des spirituels, qui répugnait à tout enseignement doctrinal, partisans de Joachim de Flore, dont la pensée sur l ’ Évangile éternel se rattache aux hérésies sur le règne de l ’ Esprit. Ses vues étaient acceptées par le général même de l ’ ordre, Jean de Parme, qui, en 1257, dut donner sa démission et fut condamné par un tribunal présidé par le nouveau général de l ’ ordre qui n ’ était autre que saint Bonaventure.
    On voit mieux par là le problème qui se pose aux Franciscains doctrinaires et théologiens  : concilier l ’ enseignement doctrinal et raisonné avec la libre spiritualité franciscaine, ou plutôt faire de la doctrine un élément inséparable de cette illumination intérieure en quoi consiste la vie spirituelle. Dès avant p.646 Bonaventure, il y eut des Franciscains doctrinaires, Alexandre de Halès (1170-1245), maître de théologie à Paris, dont la Somme construite sur le plan des Sentences du Lombard, tout en n ’ ignorant pas l ’ aristotélisme, restait fidèle à la tradition augustinienne  ; Jean de la Rochelle (1200-1245)  : l ’ un et l ’ autre connaissent et même admettent, pour le domaine limité de la connaissance naturelle, la doctrine aristotélicienne de la connaissance, c ’ est par l ’ influence d ’ un intellect agent que l ’ intellect possible peut abstraire des images issues des sens les formes intelligibles  ; mais lorsqu ’ il s ’ agit d ’ objets qui dépassent les aptitudes de l ’ homme, la connaissance devient illuminative et a pour agent Dieu lui-même.
    Mais Jean Fidanza de Toscane (1221-1274), qui fut surnommé Bonaventure, le docteur séraphique qui enseigna à Paris de 1248 à 1255, et fut général de son ordre à 36 ans, est le plus remarquable représentant de cet esprit. Tout l ’ enseignement de saint Bonaventure est un itinéraire de l ’ âme vers Dieu suivant le titre ( Itinerarium mentis in Deum ) que porte une de ses dernières œuvres  : à un moment où les Dominicains produisaient tant d ’ œuvres purement philosophiques, l ’ on en chercherait vainement une dans la liste des siennes  : de grands Commentaires sur les Sentences et une foule d ’

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