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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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Montagne ou des dantonistes veut détruire la dictature révolutionnaire, et rétablir le gouvernement légal   ; sa chute. – Le comité de salut public reste seul et triomphant.
     
    Il était à présumer que les Girondins ne souscriraient pas à leur défaite, et que le 31 mai serait le signal de l’insurrection des départements contre la Montagne et la commune de Paris. Il leur restait cette dernière épreuve à tenter   ; ils le firent   : mais dans cette mesure décisive on remarqua le même défaut de concert qui avait perdu leur cause dans l’assemblée. Il est douteux que les Girondins eussent triomphé, même en se montrant unis, et surtout qu’en triomphant ils eussent sauvé la révolution. Comment auraient-ils fait, avec des lois justes, ce que les Montagnards firent avec des mesures violentes   ? Comment auraient-ils vaincu les ennemis étrangers sans fanatisme, comprimé les partis sans épouvante, nourri la multitude sans maximum, alimenté les armées sans réquisitions   ? Si le 31 mai avait eu lieu en sens inverse, on aurait probablement vu, dès-lors, ce qui se montra plus tard, le ralentissement de l’action révolutionnaire, les attaques redoublées de l’Europe, la reprise d’armes de la part de tous les partis, les journées de prairial, sans pouvoir repousser la multitude   ; les journées de vendémiaire sans pouvoir repousser les royalistes   ; l’invasion des coalisés, et, d’après la politique d’usage à cette époque, le morcellement de la France. La république n’était pas assez puissante pour suffire à tant d’attaques, comme elle le fit après la réaction de thermidor.
    Quoi qu’il en soit, les Girondins, qui auraient dû ou rester, ou combattre ensemble, ne le firent point, et, après le 2 juin, tous les hommes modérés du parti restèrent sous le décret d’arrestation   ; tous les autres s’évadèrent. Vergniaud, Gensonné, Ducos, Fonfrède, etc., furent au nombre des premiers. Pétion, Barbaroux, Guadet, Louvet, Buzot, Lanjuinais, au nombre des seconds. Ils se rendirent à Évreux, dans le département de l’Eure, où Buzot avait beaucoup de crédit, et de là à Caen, dans le Calvados. Ils firent de cette ville le centre de l’insurrection. La Bretagne ne tarda pas à y prendre part. Les insurgés, sous le nom d’assemblée des départements réunis à Caen, formèrent une armée, nommèrent le général Wimphen pour la commander, arrêtèrent les Montagnards Romme et Prieur de la Marne, commissaires de la convention, et disposèrent tout pour marcher sur Paris. Ce fut de là que partit une jeune, belle et courageuse fille, Charlotte-Corday, pour punir Marat, le principal auteur du 31 mai et du 2 juin   : elle crut sauver la république, en se dévouant pour elle. Mais la tyrannie ne tenait pas à un homme, elle tenait à un parti et à la situation violente de la république. Charlotte-Corday, après avoir exécuté (4) son généreux, mais inutile dessein, mourut avec une sérénité inaltérable, un courage modeste, et la satisfaction d’avoir bien fait. Mais Marat assassiné devint pour la multitude un plus grand objet d’enthousiasme encore que de son vivant. On l’invoqua sur les places publiques   ; son buste fut placé dans toutes les sociétés populaires, et la convention fut contrainte de lui accorder les honneurs du Panthéon.
    En même temps Lyon se souleva, Marseille et Bordeaux prirent les armes, et plus de soixante départements adhérèrent à l’insurrection. Bientôt cette attaque amena le soulèvement général de tous les partis, et les royalistes s’emparèrent du mouvement que les Girondins avaient commencé. Lyon devint le chef-lieu de l’insurrection royaliste   : cette ville était fort attachée à l’ancien ordre de choses. Ses manufactures de soie et de broderies, en or et en argent, son commerce de luxe, la rendaient dépendante des hautes classes. Elle devait donc se déclarer de bonne heure contre un changement social qui dérangeait les anciens rapports, et ruinait ses manufactures, en abaissant la noblesse et le clergé. Aussi Lyon, en 1790, sous la constituante même, lorsque les princes émigrés étaient dans le voisinage, à la cour de Turin, avait fait des tentatives de soulèvement. Ces tentatives, dirigées par les prêtres et les nobles, avaient été réprimées   ; mais l’esprit était resté le même. Là, comme ailleurs, on avait voulu, après le 10 août, faire la révolution de la

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