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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
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Growth of Capitalism , K.M. Panikkar juge que « puiser aux richesses de l’Orient par les étroites ouvertures du Levant » était, pour l’Europe, s’imposer des limites fatales et se condamner à une mort lente « comme un géant qui ne pourrait prendre sa nourriture que par les interstices d’un mur ». La domination occidentale dut s’implanter plus profondément et plus largement pour survivre, entraînant ainsi des changements structuraux des sociétés soumises — ce qui sécréta leur révolte.
    A ces considérations, qui croisent ou corrigent la vision occidentale de l’histoire, ou son analyse critique, K.M. Panikkar joint des observations originales sur l’action missionnaire — ce qui a d’ailleurs suscité les réserves du préfacier de l’édition française, Albert Béguin, directeur d’Esprit , en 1957.
    Plus que sur la cupidité des conquérants portugais, surlaquelle insistent d’autres sources indiennes, l’accent est mis ici sur l’arrogance et la suffisance des missionnaires, catholiques surtout. Ils procédaient comme si l’Inde était ignorante de ce qui s’était passé en Occident.
    Car l’Inde connaissait le christianisme avant que ces missionnaires ne se manifestent ; l’Église de Malabar prétendant même avoir été créée par l’apôtre Thomas ; en tout cas, elle a existé dès 182. C’est lors de l’invasion mongole, au milieu du XIII e  siècle, qu’après le concile de Lyon en 1245 le pape décida d’envoyer les premiers légats aux khans des régions limitrophes de l’Europe et même du Grand Khan.
    Un compagnon de saint François d’Assise, Giovanni di Plano Carpini, de Pérouse, avait été désigné pour le convertir. Or, déjà, il crut qu’il suffirait d’exposer les principes du christianisme au Khan pour que celui-ci décidât de se faire baptiser ; plus tard, d’autres missionnaires eurent la même attitude envers l’empereur Akbar, monté sur le trône en 1582, un lettré qui aimait à discuter librement des matières religieuses et invitait à sa Cour les représentants de toutes les religions connues. Les jésuites furent ainsi reçus à Agra, mais les débats auxquels on se livrait scandalisèrent parce que « leur intolérance, leur dogmatisme, leur prétention à être les seuls détenteurs de la Vérité divine et leur mépris pour leurs adversaires ne pouvaient que choquer ». Un demi-siècle plus tard, les mêmes jésuites enlevaient deux servantes du Grand Mogol et les convertissaient par des moyens « rien moins qu’orthodoxes ». « Procédés usuels aux missionnaires », explique Panikkar : dès le XIII e  siècle, Giovanni de Monte Corvino, envoyé par le pape en Chine, « avait acheté quarante esclaves et leur administra le baptême… Manière originale, mais coûteuse, de répandre la foi ».
    Autre méthode, la persécution. Celle, par exemple, entreprise à l’époque de Jean III du Portugal en Inde, quand l’Église fit détruire, à Goa, les temples hindous dont les richesses furent distribuées aux ordres religieux chrétiens (1540). Les tribunaux ecclésiastiques condamnèrent à tour de bras les hérétiques, avant même que l’Inquisition ait été officiellement établie (1560). Le passage, généreuxcette fois, de François Xavier ne changea guère la situation. Le renouveau ne fut effectif qu’avec l’arrivée d’un autre jésuite, Roberto de Nobili (1577-1656), qui étudia l’hindouisme afin de mieux converser avec les brahmanes, revêtit à Madura le costume de l’ascète, posséda le sanscrit et transposa les dogmes chrétiens sur le registre des Upanishads . Très populaire à la Cour de Madura, son succès causa sa perte, il fut rappelé à Rome. Enfin, l’établissement de l’Inquisition à Goa, les premiers autodafés (1563, et après) enlevèrent aux missionnaires toute la sympathie qu’ils auraient rencontrée.
    L’échec des protestants fut, au temps des Anglais, encore plus rapide, parce que les baptistes de William Carey, installés près de Calcutta, ne reçurent que l’hostilité des autres Britanniques installés dans le pays, agents de la Compagnie des Indes pour la plupart, et qui jugeaient que le désordre social que les missions pouvaient susciter ne saurait qu’amener la détérioration des échanges commerciaux. Leur mépris des hindous était tel « qu’ils croyaient que la présence d’un évêque, quelque chose de faste, de royal, suffirait à les

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