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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
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tiré sur des insurgés, mais au Kenya sur des Mau-Mau, ou à Aden. Pas sur des colons blancs. Laconférence du Commonwealth obtint du gouvernement britannique qu’il ne reconnaisse cette indépendance que si les droits de la majorité africaine étaient garantis. Comme le gouvernement de Bulawayo était soutenu par l’Afrique du Sud, Julius Nyerere, président africain du Tanganyika, avertit alors Londres que, si l’Afrique du Sud restait membre du Commonwealth, il s’en retirerait. Sous la pression des autres États de l’Empire, le gouvernement anglais décida de choisir l’Afrique noire.
    Il reste qu’en Afrique du Sud le national-colonialisme avait sécrété l’indépendance, stade ultime de l’impérialisme. Bien des années passèrent avant que les Noirs se voient reconnaître de véritables droits et que la Rhodésie retrouve le nom de l’ancien royaume qui avait préexisté à l’arrivée des Européens et de Cecil Rhodes : le Zimbabwe.
    C’est un mouvement d’indépendance de nature identique qu’incarne Jorge Jardim au Mozambique ; il traduit bien l’ambiguïté des sentiments de fidélité envers la métropole qui n’était la mère patrie que pour autant qu’elle laissait le racisme colonial s’exercer sans la moindre entrave. Ce qui, a fortiori , était vrai en Afrique du Sud.
    Algérie 1958. Un mouvement colon capté par le gaullisme
    Entre le mouvement des colons en Amérique du Sud, au début du XIX e  siècle, et celui des colons au Maghreb et particulièrement en Algérie, au milieu du XX e  siècle, il existe des similitudes. Elles sont évidemment structurales.
    Déjà, au stade de la conquête, les colons avaient poussé à l’extension des prises de possession territoriales (un trait qu’on retrouve en Afrique du Sud). Surtout, quand la résistance des populations indigènes devient menaçante, ils l’imputent à la faiblesse des agents de la métropole, ces capuchinos (métropolitains). Ils comptent sur eux pour réprimer — ici, les Indiens, là, les Arabes —, mais ils admettent mal que l’Escorial ou Paris ait une politique indigène qui n’ait pas leur approbation.
    Quand la tension est devenue trop forte et que la métropole est apparue hors d’état de réagir, les colons d’Amérique du Sud ont proclamé leur indépendance. Au Maghreb, ils ont considéré que la faiblesse de la IV e  République leur permettrait d’imposer leur point de vue.
    En vérité, plus qu’un parti colonial ancienne manière, dont il survit, après la guerre, des publications ou associations — une cinquantaine —, dont La Ligue maritime et coloniale, Marchés tropicaux , les colons disposent d’une sorte de lobby informel. Celui-ci comprend à la fois des députés, tels le président du RGR (Rassemblement Gauche républicaine), Borgeaud, un des plus grands propriétaires d’Algérie, le vice-président des Républicains indépendants, Me Rogier, avocat à Alger, des notabilités telles qu’Antoine Colonna et Gabriel Puaux, de Tunis, des hauts fonctionnaires fort puissants, tel Philippe Boniface à Rabat ; l’ensemble étant dominé par René Mayer, député de Constantine, Léon Martinaud-Deplat, plusieurs fois ministre, et Émile Roche, vice-président du Conseil économique et du Parti radical. Vers 1950-1954, ils contrôlent une partie du Conseil de la République et disposent, à la Chambre, de l’appui des gaullistes qui, sans l’aval explicite du général de Gaulle, jugent, comme dit Georges Pompidou, que, « si les attaques des parlementaires peuvent aider à la disparition du régime, qu’importe leur contenu ». Enfin, les gouverneurs sont quelquefois des « coloniaux », tel le maréchal Juin, résident général, qui, au Maroc, entend que la France perpétue sa domination sur le pays.
    Les colons savent bien, au moins en Tunisie et au Maroc, qu’ils vivent dans des protectorats qui peuvent avoir une fin, et que, par conséquent, l’autorité du sultan et du bey, reconnue par les traités, est une réalité qui peut menacer leur position dans le pays. Il faut ainsi créer une situation telle que ce protectorat dure ; pour y parvenir, les colons jugent qu’il est de bonne politique de discréditer le sultan et les pouvoirs traditionnels, de se rendre indispensables. La tâche paraît relativement aisée tant est grande, en métropole, l’ignorance des problèmes de ces pays, et plus encore la méconnaissance des mouvements nationalistes qui

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