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Histoire du Japon

Titel: Histoire du Japon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Georges Sansom
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raconte que Nariaki fut arrêté et mis à mort quelques semaines après l’événement. Aucune explication de cette attaque n’a été proposée, mais on a suggéré que la galanterie pouvait y être pour quelque chose, les poèmes de Masahira comprenant de nombreux couplets adressés à des dames. Cela ne serait pas incompatible avec les manières sociales de l’époque, car la vie de bien des membres de la classe cultivée semble s’être également partagée entre la littérature et l’amour.
    L’intérêt historique de l’anecdote réside dans le châtiment de Nariaki. Il semble avoir été exécuté non pas pour avoir attaqué un respectable fonctionnaire, mais, plus généralement, parce que les dirigeants Fujiwara étaient fermement opposés aux effusions de sang, quelles qu’elles soient. Ils ne croyaient pas aux solutions violentes. L’organisation et la persuasion devaient seules leur permettre d’arriver à leurs fins, ce en quoi ils faisaient preuve de prudence autant que de modération, car s’ils avaient admis l’argument de la force leur propre suprématie eût été ébranlée. Ils encourageaient les vertus civiles et admiraient l’érudition tant que les érudits n’avaient pas d’ambitions politiques.
    Il va presque sans dire que les deux plus grandes œuvres classiques de toute l’histoire de la littérature japonaise appartiennent à cette période, à cette fin de siècle où les arts étaient en plein essor tandis que le gouvernement déclinait ; car Murasaki Shikibu rassemblait alors les matériaux de son Roman de Genji, et sa contemporaine Sei Shönagon observait elle aussi la vie du point de vue d’une dame d’honneur de la cour impériale, et s’apprêtait à faire des réflexions mordantes sur ceux qui l’entouraient et sur leurs agissements.

Le déclin de l’autorité impériale
    Jusqu’ici, nous n’avons pas examiné les aspects économiques ou, plus particulièrement, fiscaux du déclin de l’autorité du Trône, qui constitue l’un des traits les plus caractéristiques de l’histoire politique du Japon médiéval – en gros, de 900 à 1200, où le pouvoir gouvernemental effectif fut usurpé et exercé par des dictateurs militaires. Pour comprendre ces trois siècles difficiles et riches en événements, il est nécessaire d’étudier cette question de façon assez détaillée. Pour l’instant, nous nous contenterons toutefois de décrire dans les grandes lignes le processus par lequel, au cours du XIe siècle, la Couronne perdit ses revenus, et par conséquent son pouvoir, au profit des grandes familles de propriétaires terriens qui dominaient la vie de la province par opposition à la vie métropolitaine.
    On peut évidemment prétendre que l’incapacité de la Couronne à mettre sur pied une armée permanente efficace fut l’une des causes premières de son déclin. Mais, historiquement, le souverain dépendit toujours de l’appui militaire de l’un ou l’autre clan, et les systèmes de conscription ne semblent jamais avoir marché. Cet état de choses ne peut guère être attribué à un manque de revenus, car il existait déjà au début de la période de Heian, alors qu’il n’y avait aucun problème financier grave.
    Le fait est que, après le déclin du Silla et le commencement de rapports amicaux avec l’empire Tang, le Japon entra dans une période de paix et de tranquillité, à l’abri des menaces d’invasions et de soulèvements. Il est vrai qu’au vin e et au début du ixe siècle, il y eut des luttes contre les Ebisu dans le Nord, mais celles-ci n’affectèrent la vie que sur la frontière, très éloignée des provinces intérieures. Dans la partie occidentale du Japon, il n’y avait plus de réel danger d’attaque en provenance du continent, et l’on apprend que les troupes de défense du Kyùshû, jadis formées de robustes combattants des provinces orientales, se composaient alors d’indolents gardes-côtes qui passaient leur temps à pêcher et dormir, qu’on allait renvoyer chez eux.
    Il ne paraissait pas utile de garder sur pied une armée régulière, puisque tout allait bien au-dehors comme à l’intérieur. On défrichait beaucoup de nouvelles terres, la production était en hausse, la vie citadine somptueuse, l’Église bouddhique prospère, et le nouveau système administratif semblait bien fonctionner, tandis que les échanges avec la Chine se révélaient profitables sur le plan matériel aussi bien que

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