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Histoire du Japon

Titel: Histoire du Japon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Georges Sansom
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charge de régent et dictateur, car cette nomination n’est pas considérée comme une affaire d’État mais comme une affaire de famille des Fujiwara. On pourrait citer bien d’autres exemples du même ordre, où les vœux de l’empereur sont ignorés et le choix du régent réglé, à l’amiable ou non, entre les prétendants Fujiwara.
    En 977, alors qu’il était sur le point de mourir, Kanemichi désavoua Kaneie et désigna pour kampaku son frère aîné Yoritada. Ici encore, on ne tint pas compte du désir de l’empereur, et tout ce que put faire Sa Majesté, qui avait soutenu la candidature de Kaneie, fut de lui citer un poème de consolation. Les deux frères offrirent alors chacun une fille au souverain, mais celle de Yoritada se révéla stérile, en sorte qu’il ne put exercer la régence quand, en 984, l’empereur Kazan (Hanayama) succéda au trône.
    Il ne suffisait pas d’avoir une haute charge et un haut rang pour exercer le pouvoir suprême, et un Fujiwara, même s’il était régent, ne pouvait prendre de décisions définitives au nom du souverain que s’il entretenait en outre avec lui des liens de parenté déterminés. C’était le parent maternel le plus proche qui avait le dernier mot dans toutes les affaires de l’État.
    Un exemple particulièrement intéressant illustre cette règle sous le règne de l’empereur Kazan. Kaneie, qui était alors le principal ministre Fujiwara, souhaitait devenir régent lors de l’avènement du nouveau souverain, mais il admit ne pas avoir droit à cette charge du fait qu’il n’était « ni beau-père, ni grand-père » de l’empereur (« gauso shüto ni mo arazu »). En conséquence de quoi aucun régent ne fut nommé jusqu’à l’accession au trône de l’empereur Ichijô, en 986 : Kaneie devint sesshô, étant le grand-père maternel du souverain. Yoritada, qui était devenu régent en 977, donna alors sa démission. Il n’avait exercé aucun pouvoir particulier sous l’empereur Kazan, mais il déclara ne plus pouvoir occuper sa charge car il n’était « pas de la famille », mais yôsôbitô, c’est-à-dire étranger.
    Ayant obtenu la régence (après avoir amené par ruse Kazan à abdiquer), Kaneie se trouva dans une position très puissante. Il suivit son inclination, et ne prit pas la peine de montrer le moindre respect à l’égard du Trône. Il se présentait à la cour vêtu de façon indécente, ne gardant par temps chaud que ses sous-vêtements. Il était chef du clan ; il avait trois fils pour lui succéder et trois filles fécondes bien mariées au palais. De lui peut-être plus que d’aucun autre régent, on peut dire qu’il consolida le pouvoir de la famille Fujiwara, car ce sont ses descendants, génération après génération, qui se succédèrent au rang le plus élevé et à la position la plus puissante en tant que sesshô ou que kampaku.
    Ses trois fils lui succédèrent à tour de rôle, le troisième étant le grand Michinaga. Le chancelier {dajô daijin) n’avait plus désormais d’autorité réelle, bien que, selon les codes, sa charge fût d’une telle importance qu’il fallait la laisser vacante plutôt que d’y nommer quelqu’un qui ne fût pas supérieurement capable. Lorsque, en 1017, Yorimichi devint régent à la place de Michinaga, il avait le grade inférieur de naidaijin, le moins élevé des ministres d’État ; mais il obtint la préférence sur ses confrères en vertu d’un édit qui le fit ichi no hito (premier sujet), avec, à la cour, une place à côté du trône.
    La politique matrimoniale menée par les Fujiwara était à ce point indispensable à leur grandeur que, quand une de leurs filles mariées au palais demeurait sans enfant, ses parents, frères et sœurs, s’estimaient déshonorés et sans avenir. Nobuko, la fille de Yoritada qui avait épousé l’empereur Enyû, devint pour tout le monde l’Épouse stérile, et c’est à cause d’elle que, se sentant « étranger », son père renonça à la charge de régent.
    Deux conséquences très importantes découlent de cette régence en tant qu’institution. D’abord, les chefs de la famille Fujiwara avaient tout intérêt à préserver la Maison impériale et à soutenir le Trône. Ensuite, comme ils avaient l’intelligence de le reconnaître, le prestige et le pouvoir de leur clan ne provenaient pas seulement de leurs talents mais aussi des liens de parenté qu’ils entretenaient avec le Trône. Et ces

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