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Histoire du Japon

Titel: Histoire du Japon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Georges Sansom
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deux facteurs contribuèrent au maintien de la monarchie en dépit de son impuissance politique.
    Michigana, le plus grand des régents, disait : « Grands sont notre pouvoir et notre prestige, mais ils n’en sont pas moins ceux du souverain, car nous les tenons de la majesté du Trône. »
    A ses heures de cynisme, sans doute Michinaga pensait-il autrement, mais c’était un homme plein d’intelligence, qui peut fort bien avoir été sensible aux vertus mystiques de la royauté ; et si bien des régents traitèrent le souverain sans beaucoup de respect, et parfois même avec une franche insolence, ils avaient naturellement soin de ne pas nuire de façon durable à la tradition de sublime ascendance dont eux-mêmes profitaient. Car s’ils désiraient rang et titre, il fallait bien qu’il y eût une source d’honneur incontestée, et c’est ce qui, pour eux, constituait la raison d’être et la fonction suprêmes de la Maison royale. Ce qu’un homme d’Etat ne peut faire en son propre nom, il peut souvent le faire au nom de son souverain.
    Ce curieux monopole du pouvoir chez les parents maternels du souverain est important pour la compréhension des idées politiques japonaises, notamment en ce qui concerne la contradiction entre la légende de l’origine divine de la Maison impériale et l’histoire du traitement que lui réservèrent les grands nobles.
    Les demeures des membres dirigeants du clan Fujiwara étaient plus somptueuses que le palais des empereurs, qui, du fait de fréquents incendies comme en raison du manque de soins, semble être devenu plus petit et moins imposant à mesure que les maisons de la noblesse devenaient plus grandes et prétentieuses. L’empereur régnant et son épouse passaient de longues périodes dans les demeures du chef de clan Fujiwara. Les impératrices et princesses enceintes avaient coutume de retourner chez leurs parents pour accoucher, et il était fréquent qu’elles y laissent leurs rejetons pour qu’on les y élève. La succession au trône était essentiellement une affaire de famille – de la famille Fujiwara s’entend –, et l’on disait que les affaires d’État en général étaient discutées et réglées par le « mandokoro » du clan, sorte de bureau de gestion où les affaires des grandes familles étaient confiées aux soins de régisseurs, de juristes, de comptables et de secrétaires.
    Il est intéressant de noter que, dans l’histoire ultérieure du Japon, le pouvoir impérial fut à maintes reprises usurpé par des dictateurs qui, de leur mandokoro, gouvernèrent l’ensemble du pays dans l’intérêt de leur propre clan, comme s’il s’agissait d’un immense domaine familial. En fait, on pourrait aisément soutenir que ce qui, à la longue, ruina le gouvernement central ne fut pas, sauf comme cause immédiate, l’échec de la politique fiscale de la Couronne ou son manque d’armée permanente pour faire respecter son autorité, mais l’absence de tout vrai sentiment national assez fort pour résister à l’esprit de clan et l’existence d’une foi à toute épreuve dans le principe d’hérédité.
    Comme on peut s’y attendre d’une famille aussi riche, aussi puissante, aussi fière et aussi prolifique, les chroniques des Fujiwara renferment maints sujets de scandale, et c’est là un aspect de la vie de la classe dirigeante aux Xe et XI e siècles qui, sans qu’il faille lui donner trop d’importance, ne doit pas être négligé.
    Quelques-unes des anecdotes les moins édifiantes ont trait à la conduite de Kaneie, dont on a déjà noté les efforts pour s’emparer du poste de régent. Lorsqu’il voulut se débarrasser de l’empereur Kazan (auquel il n’était pas apparenté), il dit à cet infortuné jeune homme qu’il ferait mieux d’entrer en religion, voyant que les insignes impériaux étaient déjà aux mains de l’hériter présomptif, un enfant de sept ans issu de sa fille Akiko, qui fut bientôt élevé au trône et devint l’empereur Ichijô.
    Kazan prit donc malgré lui la route du Ganjôji en compagnie de Michikane, deuxième fils de Kaneie, qui devait lui aussi entrer dans les ordres.
    Mais arrivé au monastère, Michikane dit souhaiter que ses parents le voient pour une dernière fois en laïc, s’excusa et rentra chez lui, d’où, n’ayant jamais eu l’intention de se faire religieux, il ne revint jamais. Cet épisode eut lieu en 986. Comme on le verra, Kazan ne put s’habituer à la vie

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