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Histoire du Japon

Titel: Histoire du Japon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Georges Sansom
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milieu du XIIe, elle était devenue l’élément dominant de la vie politique.
    Notre prochaine tâche consistera donc à retracer son développement dans la société médiévale ; mais avant de nous pencher sur cet intéressant problème, il nous faut étudier l’ensemble de la scène, et observer les principaux courants de la vie nationale telle qu’elle évolua après que la cour eut quitté Nara, lorsque les Japonais éprouvèrent le besoin d’assimiler et d’adapter les innombrables connaissances qu’ils avaient empruntées à la Chine. Nous avons déjà relevé l’absence de relations officielles avec l’Empire chinois qui suivit le retour de l’ambassade envoyée en 838 à la cour des Tang. Cette date peut servir de point de repère, mais en fait, ce défaut de rapports diplomatiques ne changea pas grand-chose à l’influence chinoise sur la vie religieuse et intellectuelle du Japon, car dans ce domaine les échanges ne connurent pas d’interruption et continuèrent pratiquement comme par le passé. S’il se produisit un changement, ce fut dans l’attitude des dirigeants japonais, qui, à partir de 900 environ, tout en continuant à respecter la tradition intellectuelle de la Chine, se détachèrent de son exemple. Ce changement répondait à une nécessité pratique plutôt qu’à un principe ou à une politique délibérée, car les conditions intérieures du Japon avaient évolué de telle façon que la situation exigeait désormais un ajustement des idées importées. Cependant, quoique l’époque des emprunts aveugles fût maintenant révolue, certains traits de la vie japonaise, bien qu’originaires de la Chine, s’étaient incorporés de façon permanente à la structure sociale.
    Peut-être l’exemple le plus frappant de cette emprise de la pensée chinoise sur l’esprit japonais est-il la croyance presque universelle de la classe dirigeante dans la cosmologie yin-yang. Il n’était guère de décisions qu’un noble Fujiwara pût prendre dans sa vie publique ou privée sans consulter les astrologues, géomanciens, nécromanciens et autres praticiens de l’art divinatoire et prophétique. Les Admonestations de Kujô-den, abondamment citées au chapitre IX, fournissent des exemples éclairants des règles qui dictaient la conduite quotidienne d’un noble du Xe siècle. Il devait adopter un comportement bien précis et choisir le moment propice pour toutes ses actions, de sa toilette aux plus hautes affaires de l’État. Il lui fallait s’organiser de façon à ne jamais devoir se rendre à un endroit par un chemin défavorable, ni entreprendre un jour néfaste une tâche importante.
    Cette dernière exigence des règles de la divination est si courante qu’elle en devient presque un cliché dans la littérature d’alors. Dans le Roman de Genji, on trouve de constantes allusions aux conditions géomantiques ou astrologiques qui limitent la liberté de mouvement du héros, ou dont il prend prétexte pour choisir ou éviter telle direction dans ses vagabondages nocturnes. Ainsi, un jour qu’il songe à retourner de la maison de sa femme au palais, on lui dit qu’en raison de la position de Saturne il ferait mieux d’y renoncer. Il change donc de programme et se rend chez quelqu’un de sa suite, sachant que sa femme peut croire qu’il trouve dans les étoiles l’excuse qu’il cherche pour la quitter.
    Ce genre de considération jouait un rôle d’une surprenante importance dans la vie quotidienne des hommes et des femmes des classes moyenne et supérieure de la société de Heian. A la période tardive surtout, la croyance en des influences maléfiques et le besoin de se les rendre favorables ou de les conjurer contribuèrent sans doute à l’inquiétude qui semble avoir été l’un des traits marquants de l’époque. Une description complète des superstitions dominantes dépasse le cadre de cette étude, et du reste il serait impossible de trouver une quelconque logique ou de discerner un quelconque ordre dans la masse d’interdits et de tabous qui réglaient la conduite des gens même les plus raffinés d’alors. Il faudra donc se contenter de mentionner ici quelques-unes des méthodes par lesquelles ils s’efforçaient de déjouer les influences néfastes qui semblaient guetter l’homme en permanence.
    On regroupait sous le terme « monoimi », qui signifie en gros le fait d’éviter ou de s’abstenir, l’ensemble des précautions à prendre contre le

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