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Histoire du Japon

Titel: Histoire du Japon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Georges Sansom
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choses, comme les arbres et les rochers, les bosquets et les sources, de certains objets importants comme les outils, les armes et les bornes qui délimitent les champs. Cette qualité peut être le fait de la rareté, de la beauté, d’une forme ou d’une taille exceptionnelles, du passé historique, ou simplement du sentiment de ceux qui la vénèrent.
    S’il y a une différence entre les idées des Grecs et des Romains et celles des Japonais, c’est peut-être dans la tendance des mythes classiques à donner une forme humaine aux lieux et aux objets exceptionnels définis comme d’essence supérieure. La mythologie du Japon n’a pas d’équivalents des nymphes, des dryades et des oréades, qui, dans nos pays classiques, incarnent l’esprit des cours d’eau, des bois et des collines. La coutume japonaise était d’honorer le kami de telles choses utiles ou belles, mais non de les imaginer sous la forme d nommes ou de femmes. Ainsi, dans les campagnes où subsiste la tradition, ie voyageur trouve encore au sommet d’une montagne une pierre qui porte l’inscription gravée « Yama no Kami », Esprit de la Montagne, mais il ne verra d’ordinaire nulle représentation imaginaire de ce kami ni d’aucun de ceux que les campagnards du Japon persistent à vénérer.
    Hors de cette différence, il y a de nombreux points de ressemblance entre les croyances japonaises et celles d’autres sociétés primitives, comme, par exemple, le souci qu’ont les Japonais de se concilier le kami des cuisines, qui est l’équivalent du respect des Romains pour leurs pénates, petits dieux du foyer. Ces analogies ne doivent pas être poussées trop loin, mais il est bon de les relever pour montrer que ce que nous appelons shintô primitif n’est en aucune façon un culte exceptionnel. Qu’il diffère d’autres cultes par sa pauvreté relative en fait d’imagination visuelle est d’autant plus intéressant que, par la suite, les arts plastiques occuperont une place essentielle dans l’histoire du Japon. Par comparaison avec la brillante imagination picturale des Grecs, la vision japonaise du monde des dieux et des esprits est généralement assez terne. Les figures du mythe japonais restent très vagues comparées aux vigoureux dieux et déesses, aux bouillonnants nymphes et satyres du folklore méditerranéen.
    Par ailleurs, sans doute parce que leur vision du monde n’était pas anthropocentrique, les Japonais semblent avoir nourri un puissant sentiment de solidarité, presque d’identité, avec toute la nature ; et l’on pourrait dire que leur conception de la vie telle que l’exprimaient leurs coutumes païennes était peut-être plus profondément ressentie que celle des Grecs tout en étant plus pauvre du point de vue de la représentation poétique. Sous certains aspects, la vision des Romains, qui étaient plus réalistes, moins imaginatifs, organisateurs plutôt qu’inventeurs, est probablement plus proche de celle des Japonais.
    On a déjà noté la place qu’occupait la pureté dans le culte japonais tel que les observateurs chinois l’ont décrit. Là encore, il y a des ressemblances avec le paganisme grec et romain, où les lustrations et la propreté rituelle étaient des usages essentiels. Éviter la souillure revêt une grande importance, et les premières coutumes consignées du Japon attestent l’existence, comme dans d’autres cultes tribaux, d’un « abstinent » dont le rôle consistait à jeûner, à observer certains tabous, et à préserver de diverses façons la pureté rituelle de la communauté. C’est le « gardien de la fortune » des textes Wei, et l’histoire ultérieure du Japon nous parle d’une famille d’abstinents héréditaires, les Imibe, du mot « imi » signifiant abstention, et « be », corporation fermée.
    Le premier culte japonais possède un caractère quasi universel. Sur le chapitre de ce qui est impur, il offre ainsi des points de ressemblance avec l’ancienne loi mosaïque, et dans l’ensemble, la mythologie populaire du shintô primitif est ce qu’on trouve chez la plupart des peuples au même niveau de développement. Mais présente-t-il des traits particuliers, quelque chose qu’on puisse voir comme exceptionnel et comme typiquement japonais ? C’est là une question difficile ; néanmoins, en raison peut-être du climat du Japon, de sa richesse en arbres, en fleurs, de la beauté de ses paysages, il semble que l’on puisse relever un

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