Histoire du Japon
étaient divisées en districts ( gun ou kôri), placés sous l’autorité de gouverneurs de district ( gunshi ) choisis d’ordinaire localeme. t parmi la noblesse campagnarde. Le nombre des provinces augmenta avec le développement de territoires nouveaux. Au début du VIII e siècle, il y en avait soixante-six, qui comprenaient 592 districts.
Le premier devoir des fonctionnaires de province et de district consistait à s’occuper de la collecte des impôts, du recrutement de la main-d’œuvre pour la corvée et du maintien de la paix. Ils étaient en outre responsables des registres de population et de distribution des terres. La plus petite unité de gouvernement était la « commune » de cinquante ménages, dont le chef était responsable devant le gouverneur de district.
Bien qu’il fût presque la copie fidèle de celui des Tang, le nouveau système en différait sur certains points, notamment la priorité accordée au département du Culte sur le conseil d’État. Cette reconnaissance particulière des fonctions sacerdotales du souverain montre que, malgré une adhésion par ailleurs quasi servile au modèle chinois, les réformateurs japonais tenaient à conserver leur tradition royale, qui fait théoriquement de l’empereur un personnage sacré et inviolable. Même lorsque l’influence qu’exerçait sur eux la pensée politique chinoise était à son comble, les Japonais ne pouvaient accepter une doctrine professant qu’un souverain sans vertu ne peut pas exercer le mandat du Ciel*, car dans leur tradition le droit au Trône est fondé sur la seule ascendance.
Toute théorie chinoise n’exige pas un mandat céleste. Mais Mencius, par exemple (V [2] lx), dit qu’un souverain coupable de grandes fautes doit être admonesté par ses ministres, qui, s’il continue de négliger leurs conseils, sont autorisés à le déposer.
Grand Conseil de l’État, présidé par le chancelier ( dajô-daijin), qui contrôle les grands officiers de l’État
Sur un autre point, en pratique peut-être plus qu’en théorie, le système hiérarchique japonais différait de celui de la Chine, en ce sens que le rang dépendait de la naissance et non pas du talent. La société japonaise était résolument aristocratique, et l’histoire du pays témoigne en permanence de la grande importance donnée à l’ascendance, au rang et au titre. La chose est clairement formulée dans un édit de 682, qui prescrit qu’un officier doit se choisir d’abord en fonction de sa naissance, puis de son caractère, et enfin de ses capacités.
Hormis ces exceptions – qui sont importantes –, une étude générale des codes montre que le Japon accepta la théorie chinoise de gouvernement et les principes éthiques sur lesquels on la disait fondée. Il s’agissait précisément des principes confucéens de la dynastie des Han, qui, contrairement à l’enseignement des Entreliens, ne constituent pas un système de règles et de recommandations positives, mais postulent un ordre naturel des choses – en fait, de l’univers – qui doit être respecté par le souverain et ses sujets. Ce concept de loi morale n’est pas facile à comprendre, bien qu’il ne soit pas sans équivalent dans l’histoire occidentale. C’est peut-être à travers certains de ses traits, d’origine manifestement confucéenne, que s’explique le mieux son influence sur la pensée du Japon.
Le premier ministère d’État était le Nakatsukasa, ou bureau médiateur, qui remplissait le rôle d’intermédiaire entre le souverain et les ministres. L’une de ses principales subdivisions s’occupait d’étudier les phénomènes naturels à des fins gouvernementales. C’était l ’imyôsho, ou bureau du yin-yang, ces deux principes – négatif et positif, passif et actif, d’obscurité et de lumière – qui, selon la cosmologie chinoise, engendrent et dominent les événements par leur interaction. Il était composé de docteurs et de maîtres en divination, et de docteurs en astrologie, en chronologie et dans l’art du calendrier. Le directeur du bureau adressait à la cour un rapport scellé sur tout phénomène inhabituel pour la gouverne du souverain. Il était responsable de l’astrologie, de l’établissement du calendrier et de l’étude des nuages et de la pluie. Rappelons ici que les fonctions du chancelier de l’empire sont définies comme « ordonnant l’État et délibérant de la Voie (confucéenne) » et
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