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Histoire du Japon

Titel: Histoire du Japon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Georges Sansom
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forment la base d’un symbolisme élaboré de l’ordre universel.
    Ce fut la première forme d’enseignement organisé, systématique, touchant l’ordre de l’univers, que les Japonais apprirent à connaître. Il leur ouvrit un nouvel univers de pensée, car lorsqu’on étudie le Kojiki et le Nihongi, on s’étonne de leur confusion, de la quantité d’idées fragmentaires, naïves, inconsistantes, qu’ils présentent sur le monde. C’était bien sûr le résultat normal d’un effort pour synthétiser des légendes d’origines différentes ; et quand les Japonais prirent connaissance de la cosmologie chinoise, ils furent sans doute impressionnés par sa portée et par sa cohérence. Elle exerça sur leurs esprits une influence qui dure encore. Même aujourd’hui, déconcertés par des problèmes nouveaux, les Extrême-orientaux sont capables de revenir à cette ancienne théorie et de penser conformément à ses principes pour diriger leur vie. En étudiant l’histoire, on s’aperçoit d’ailleurs que la stabilité des grandes civilisations asiatiques dépend dans une large mesure de la prédominance d’une vision cohérente de l’univers. A ceux qui ne la partagent pas, une telle vision peut paraître erronée, voire absurde, mais tant qu’elle offre une description plausible de l’existence, l’homme qui l’adopte est délivré des tourments du doute et de l’incertitude. Il peut accepter avec équanimité ou résignation sa place dans l’ordre grandiose de la nature. La conception confucéenne du monde est l’un de ces systèmes, et elle contribua incontestablement à la puissance de la civilisation chinoise. On ne saurait donc s’étonner qu’elle ait séduit les Japonais, dont la propre théologie ne répondait pas à tous les besoins.
    Le document communément appelé « Constitution de Shôtoku Taishi » (auquel on prête la date de 604 mais qui fut certainement écrit quelques décennies plus tard) témoigne de l’effet des idées chinoises sur l’esprit japonais au cours du vue siècle. Il ne doit rien à la pensée indigène. Certains de ses dix-sept articles se réfèrent à l’enseignement bouddhique, d’autres à des écoles chinoises différentes, car l’auteur s’efforce de citer à chaque fois qu’il le peut une autorité étrangère à l’appui des principes qu’il défend. Dans son premier article, la constitution recommande ainsi l’Harmonie entre les différentes classes de la société, ce qui est typique de la morale confucéenne tirée des Entretiens. On y trouve l’idée de compromis, la volonté de parvenir à un accord comme l’enseigne le li (le principe d’ordre) dans tout cas litigieux. En fait, l’idéal d’harmonie est l’un des fondements de la pensée sociale chinoise. Le troisième article expose une théorie chinoise de la souveraineté, et contient une allusion à l’ordre cosmique dans les termes « le Ciel protège, la Terre soutient ». Autrement dit, de même que les processus naturels suivent le cours qui leur est assigné, de même dans le gouvernement l’ordre naturel doit être préservé. Il faut maintenir entre supérieur et inférieur les rapports adéquats, et tandis que les inférieurs doivent obéir, les supérieurs doivent suivre les commandements du li. Toute rupture de l’harmonie cosmique est moralement mauvaise, et, de ce fait, politiquement fausse.
    Peut-être faut-il se demander ici s’il se trouve dans l’histoire de l’Occident une conception du monde qui puisse se comparer à cette vision « phénoménale ». S’il y en eut une à une période quelconque après Constantin, ce fut sans doute la conception chrétienne. A l’époque moderne (c’est-à-dire depuis la Renaissance), le problème, tel que l’ont vu des esprits modernes aussi typiques que Hobbes et Machiavel, est le problème « séculier », que Dieu ou l’homme soit le centre de l’univers. Cependant, la pensée médiévale occidentale touchant les « lois » de la nature est représentée par Hooker, pour qui : « De loi, il ne peut y en avoir aucune à moins de reconnaître que son siège est dans le sein de Dieu. Toutes choses au ciel et sur la terre lui rendent hommage… à la fois les anges et les hommes et les créatures de toute condition. » La pensée chinoise ne semble pas avoir conçu un ordre naturel déterminé, une loi de la nature que l’on puisse étudier et dont on puisse comprendre si elle est l’œuvre

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