Histoire du Japon
intentions de conquête. Il dit à plus d’une reprise qu’après s’être emparé de la Chine il ferait de même de l’Asie du Sud-Est, de l’Inde et de la Perse. Il semble qu’il n’avait pas une idée claire de la grandeur des pays qu’il se proposait d’avaler. Même la Corée se révéla beaucoup plus étendue que ses généraux ne l’avaient imaginé.
Alors qu’il nourrissait sa mégalomanie de ces visions grandioses, des mouvements réellement importants se déroulaient de l’autre côté du globe. Quelques années avant que ses amiraux incompétents aient saboté l’invasion de la Corée, l’affrontement de deux grandes marines dans les eaux atlantiques avait réduit la puissance maritime de l’Espagne et brisé le monopole des Portugais pour les traversées de l’Europe vers l’océan Indien et au-delà. A l’époque de la mort de Hideyoshi, des navires hollandais et anglais commerçaient dans l’océan Indien et projetaient des traversées vers la Chine et le Japon. La Compagnie anglaise des Indes orientales fut fondée en l’an 1600, et cette même année, un navire hollandais, le Liefde, fit naufrage sur la côte du Bungo. Son pilote était un Anglais nommé William Adams, qui fut bien traité par Ieyasu. Ieyasu était un homme qui voyait loin ; il savait que le Japon avait besoin de bons bateaux, et qu’il pourrait tirer d’Adams des connaissances utiles.
Les succès précoces du Portugal et de l’Espagne s’expliquaient par les progrès de la science maritime, les améliorations apportées à l’architecture des bateaux et à l’évolution des armes à feu utilisées en mer. La puissance de feu des flottes espagnole et anglaise en 1588 était quelque chose dont les Japonais n’avaient aucune idée. L’architecture navale telle qu’il la pratiquait était généralement arriérée, du fait peut-être que la mer Intérieure était si favorable aux pirates qu’ils n’éprouvaient pas le besoin urgent de navires rapides et puissants tels qu’en avait utilisés Francis Drake dans ses raids contre les bateaux et les villes espagnols.
Iles Ryükyü et Formose : En 1584, un aventurier du nom de Kamei Shigenori demanda à Hideyoshi l’autorisation d’envahir les îles Ryükyü. Toujours prêt à mettre la main sur de nouveaux territoires, Hideyoshi souscrivit à sa requête et nomma Kamei seigneur des Ryükyü (Ryükyü no Kami) en lui offrant un éventail sur lequel ce titre se trouvait écrit. Il ne sortit rien de cette bouffonnerie, mais en 1590 Hideyoshi écrivit au roi des Ryükyü pour lui proposer un accord, lui faisant valoir que le Japon et ses îles, en dépit de la distance qui les séparait, étaient en réalité membres de la même famille.
En réalité, les Ryükyü étaient tributaires de la Chine, bien qu’elles aient parfois envoyé un tribut au Japon. Elles étaient importantes au yeux des Japonais parce que le gouvernement Ming interdisait tout commerce direct avec leur pays, et qu’elles remplissaient un rôle essentiel comme entrepôt dans le commerce océanique.
L’une des curiosités de la diplomatie réside dans une lettre adressée en 1593 par Hideyoshi à un pays appelé Takasago, ou Takakuni, lui ordonnant de se soumettre et de payer tribut. Takasago était un nom que les Japonais donnaient à Formose, mais il n’y avait pas de gouvernement pour recevoir l’ordre de Hideyoshi. La lettre a été conservée dans la famille Maeda, car le messager, Harada Magoshichirô, ne trouvant personne à qui la remettre, l’avait rapportée au Japon.
CHAPITRE XLV
Azuchi-Momoyama
Momoyama est le nom donné à l’époque moderne à une éminence située au sud de Kyoto dans le quartier de Fushimi. Les auteurs japonais distinguent dans l’histoire de l’art japonais une période dite de Momoyama, alors même qu’il serait plus correct de l’appeler de Fushimi.
En prélude à la période Momoyama se trouve celle d’Azuchi, du nom de la forteresse construit ; par Nobunaga sur la rive sud-ouest du lac Biwa. A elles deux, les périodes /azuchi et Momoyama ne représentent qu’un bref laps de temps : de 1579, où fut achevé le château d’Azuchi, à 1598, où fut consacré le Sambô-in du Daigoji. Ces deux décennies sont riches de grands événements, et la principale caractéristique extérieure nouvelle de cette période est son architecture, notamment les grands palais et forteresses que construisirent Nobunaga et Hideyoshi.
Ces édifices
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