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Histoire du Japon

Titel: Histoire du Japon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Georges Sansom
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expriment de façon frappante l’esprit de l’époque, qui est de caractère héroïque. Les grandes constructions de Hideyoshi déploient une grandeur et une élégance qui représentent cette tendance à son apogée, mais pour trouver son origine il faut revenir un siècle en arrière. Les premières manifestations sont les châteaux bâtis par les riches chefs guerriers de la fin du xve siècle, notamment celui de Hôjô Sôun à Odawara, d’Ota Dôkan à Edo, et d’Asakura Toshikage à Ichijôgatani, dans l’Echizen. Les forteresses construites jusque-là répondaient à des objectifs strictement militaires, mais ces nouveaux châteaux, outre de puissants ouvrages de défense, comprenaient de spacieux appartements bien meublés.
    La mode s’en répandit alors que les guerriers les plus heureux devenaient souverains des provinces, et, à l’époque de Nobunaga, le château idéal n’était plus un fort sinistre et inconfortable, mais une grande demeure qu’entourait un fossé et que protégeaient des bastions. Il fallait qu’elle impressionnât et par l’élégance de son intérieur et par sa puissance proprement dite. Nobunaga, rappelons-le, réussit à s’imposer définitivement dans l’Owari en prenant le château de Kiyosu, qui occupait une position stratégique à la frontière des provinces du Centre. Mais aussitôt maître du Yamashiro, il alla s’installer dans la capitale, où il aménagea le Honnôji, monastère-résidence fortifié situé au cœur de la ville. Parallèlement, il construisit le château d’Azuchi, remarquable alors par l’immensité de ses dimensions, la puissance de ses fortifications et le luxe de ses appartement richement décorés. Le donjon (tenshukaku), qui, dans les anciennes forteresses, était le cœur de la défense, était ici un bâtiment de sept étages contenant la salle d’audience, les appartements privés et les bureaux indispensables à un palais royal, en plus du trésor et des magasins militaires.
    On a vu qu’un grand changement s’était produit depuis les shôgun Ashikaga. Les édifices les plus célèbres construits par Yoshimitsu et Yoshimasa, le Kinkaku et le Ginkaku, loin d’être des forteresses, étaient des villas dans la tradition du Byôdô-in, avec une vague touche monacale. Le Hana no Gosho (1378) de Yoshimitsu était un palais construit pour le shôgun comme centre du bakufu. Il devait impressionner la ville par sa beauté plutôt que par sa puissance. Et les constructions de Yoshimasa étaient d’un caractère encore plus modeste, des sortes de retraites campagnardes faites pour les plaisirs esthétiques.
    La différence entre le style Higashiyama, du XVe siècle, et le style Momoyama, environ un siècle plus tard, est plus marquée dans la décoration que dans le dessin architectural ; mais les palais et les châteaux de la fin du XVI e siècle sont également plus grands et plus impressionnants. Bien qu’Azushi soit l’édifice le plus imposant de son époque, le château d’Osaka, construit par Hideyoshi, possède des dimensions encore plus vastes. C’est toutefois d’Azuchi que vient l’importance accordée à l’ornementation intérieure et extérieure en tant qu’élément distinct de l’appareil militaire.
    Il ne reste plus grand-chose aujourd’hui de ces bâtiments, mais des documents littéraires dignes de foi attestent que les sept étages de l’Azuchi étaient essentiellement destinés à l’habitation, et que l’objet de sa splendeur était d’impressionner les spectateurs. Sa décoration devait contribuer au prestige de Nobunaga, et son résultat fut de susciter une école d’art particulièrement adaptée à l’époque. L’ostentation de ses débuts est quelque peu vulgaire, mais heureusement le goût des artistes ne tarda pas à s’affirmer, et ce qu’on appelle l’art Momoyama en vint à compter maints chefs-d’œuvre. Ce qui nous intéresse ici n’est toutefois pas une évaluation critique, mais l’art en tant qu’expression de l’esprit du temps.
    L’auteur de la biographie de Nobunaga connue sous le titre de Shinchô-kôki nous raconte que, lors des fêtes du nouvel an 1578, Nobunaga reçut à Azuchi les compliments des petits et des grands barons qui lui devaient obéissance. Après la cérémonie, il les conduisit à travers les appartements publics et privés du château encore inachevé et leur montra les œuvres d’art dont il était orné. Il s’agissait essentiellement de

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