Histoire du Japon
beaucoup d’entre eux s’intéressaient tout autant au commerce et à l’agriculture qu’aux questions politiques. Kumazawa Banzan est peut-être le meilleur exemple de cette école, et il fit beaucoup pour organiser les ressources du fief d’Okayama.
Les barrières matérielles entre fiefs (les « seki », ou octrois) étaient une entrave au commerce, et, en 1600, on avait aboli la plupart d’entre elles ; mais certains daimyô limitaient toujours le passage à travers leurs domaines, ralentissant ainsi la circulation commerciale. Un essor de l’activité commerciale se produisit pourtant dans l’ensemble du pays, et les domaines du bakufu étaient notamment libres de toute réglementation limitative, sauf là où une surveillance était exercée à l’égard des suspects politiques. En outre, toutes les villes importantes (autres que les villes-châteaux) étaient placées sous la juridiction directe du bakufu et gouvernées en sorte que la prospérité allât de pair avec la paix.
Conséquemment, l’augmentation de la production continua bon train, et, grâce à ses activités marchandes, Osaka prit toujours davantage d’importance. La base de sa prospérité était le marché du riz, dont l’activité était incessante. Un daimyô qui avait besoin d’argent ou de marchandises envoyait du riz à son agent d’Osaka, d’ordinaire un marchand de bon renom qui l’entreposait dans un magasin au nom du daimyô. Cet agent était responsable du bien qui lui avait été confié, ainsi que de l’argent ou des marchandises qu’il tirait de la vente du riz au prix fixé par les marchands de gros ou (plus tard) la bourse du riz.
Les fonctions de cet agent (connu sous le nom de icuramoto ) exigeaient de connaître le marché et d’avoir de bonnes relations avec les autres marchands d’Osaka. L’entrepôt n’était pas la propriété du daimyô, mais des marchands autorisés par le bakufu à construire dans la ville. C’est là un point dont il s’agit de se souvenir lorsqu’on étudie la nature de la communauté marchande. On dit parfois que l’administration de la ville et le contrôle des activités des associations de commerce étaient entre les mains d’un conseil composé des principaux marchands de la ville. Dans des circonstances normales, la chose était vraie, mais dans tous les domaines le dernier mot appartenait aux deux gouverneurs (machi-bugyô) nommés par Edo. L’idée naïve selon laquelle le gouvernement d’Edo était incapable d’imposer ses décisions aux riches marchands, et que, par conséquent, le pouvoir féodal était sur le déclin, ne se base pas sur les faits. Pour s’en convaincre, il suffit de considérer un ou deux exemples de l’attitude du bakufu à l’égard des contrevenants.
En 1642, divers marchands et fonctionnaires complotèrent pour accaparer un marché malgré l’opposition du bakafu aux monopoles. La punition fut lourde. Les enfants des conspirateurs furent exécutés, les marchands exilés et leurs biens confisqués. Ce cas et d’autres traduisent l’hostilité des membres de la classe guerrière aux coalitions grâce auxquelles les marchands espéraient augmenter leurs profits. Ce sentiment est d’ailleurs exprimé dans différents édits, dont l’un, datant de 1657, donne une longue liste de négoces où les accords de prix sont interdits.
Cependant, on ne pouvait rien objecter aux besoins des marchands qui devaient s’occuper du bien qu’un daimyô leur envoyait à Osaka. Le daimyô ou son représentant devait obtenir d’un marchand l’entrepôt que celui-ci lui louait. Il fallait en outre qu’on lui trouve quelqu’un pour acheter son riz, ou tout autre produit, payable en espèces ou par traites, qu’il pouvait encaisser à Edo lorsqu’il s’y trouvait au service du shôgun.
On imagine aisément que, jouissant d’un quasi-monopole comme courtiers en riz et agents de change, les marchands d’Osaka réalisaient d’énormes bénéfices et comptaient parmi les membres dirigeants de la communauté marchande. Le riz était évidemment le produit le plus important, mais une fois qu’Osaka se fut imposée comme centre de rassemblement, toutes sortes de marchandises commencèrent à y affluer : coton, matières colorantes, huile végétale et thé, bois, minerais, tissus de toute espèce. Tous ces produits passaient entre les mains des marchands de gros, connus sous le nom de « toiya » 250 . Ceux-ci avaient d’ordinaire des
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