Histoire du Japon
rizières, mais s’occupaient d’acheter et de vendre.
LES MÉTIERS MANUELS
Quoique le grand essor de l’agriculture fût directement dû aux efforts des villages, il fut favorisé par les marchands qui cherchaient de nouveaux marchés et encourageaient la production de tout ce qui pouvait rapporter un bénéfice. L’industrie joua ici un rôle considérable dans le développement de l’économie nationale. Il y avait peu de machines proprement dites hors de l’outillage de la ferme, où il fallut d’ailleurs attendre les Hollandais pour que soit introduite la pompe à eau. Il y avait toutefois une importante exception dans le domaine du tissage, art pratiqué depuis l’antiquité. Des progrès notoires avaient été faits depuis le Moyen Age dans la fabrication des métiers à tisser et la production de belles étoffes de soie (comme le fameux nishijinori) et de coton dans toute une variété de coloris et de modèles. En dehors de la fabrication de ces ravissants tissus, au dessin souvent inégalable, des artisans hautement spécialisés ouvrirent la voie à l’industrie de la porcelaine et du papier. Le brassage aussi peut être considéré comme une industrie, et le saké fabriqué dans les centres de l’Ouest (à Nada, par exemple) était fort apprécié des bons vivants d’ôsaka et d’Edo.
La plupart de ces produits industriels étaient faciles à transporter, ou fabriqués pour couvrir seulement les besoins locaux. C’était les produits de la ferme dont le transport posait un problème difficile. Transporter des marchandises lourdes d’Osaka à Edo ne présentait guère de difficulté ; mais un problème grave se posait lorsqu’il s’agissait d’apporter à Osaka des quantités massives de produits lourds, notamment de riz, en provenance des régions excentrées du Japon.
LE PROBLÊME DES TRANSPORTS
Nous avons vu (au chapitre LVI) qu’il y avait une limite à l’efficacité d’Osaka comme centre de rassemblement dans la mesure où certaines marchandises devaient être transportées par terre. Il fallait bien que les propriétaires fonciers liquident leurs excédents, mais le transport par terre était toujours difficile, et parfois impossible, du fait que le pays était accidenté, les routes misérables, et les rivières souvent en crue. Un cheval ne pouvait porter que deux balles de riz.
Ainsi, les marchandises à transporter devaient suivre des routes indirectes, dont décidaient les accidents de la topographie. Elles étaient convoyées à l’endroit le plus proche où se trouvaient établis des marchands, généralement un petit port. Il pouvait s’agir d’Otsu, sur le lac Biwa ; de Hyögo, Onomichi ou Sakai, sur la mer Intérieure ; d’Obama, Tsuruga ou Mikuni, sur la côte de la mer du Japon ; de Kuwana, Yokkaichi ou Ominato, sur la côte Pacifique ; ou de Hakata, au Kyüshü. Au Moyen Age, ces ports étaient des endroits importants, où des marchands prospères étaient d’ordinaire établis, et où l’on pouvait trouver des bateaux de transport. Ces marchands étaient en rapport avec les propriétaires régionaux qui avaient du riz ou d’autres produits à vendre – un bon exemple étant celui de Takashimaya Denzaemon, marchand de Tsuruga travaillant pour le compte de Maeda, le daimyô de Kaga, dont il vendait le riz et pour qui il achetait des produits venant d’autres provinces. Cette relation était une vieille habitude, puisqu’un Takashimaya avait acheté et transporté des armes et autres fournitures pour le contingènt d’un Maeda qui devait prendre part à l’invasion de la Corée. Dans d’autres baronnies, des services similaires étaient assurés par des agents comme Suminokura à Saga, Sumiyoshi à Hirado ou Kamiya à Hakata. Rares étaient les villes portuaires où un riche marchand ne remplissait pas ce genre de fonctions.
Le riz du Kaga ou de l’Echizen devait d’abord être envoyé à Tsuruga, d’où il fallait le transporter sur une trentaine de kilomètres par terre jusque sur la rive nord du lac Biwa, puis par bateau jusqu’à Otsu, et enfin, sur le fleuve Yodo, jusqu’à Osaka 249 . Le transport à Edo du riz dû comme impôt au bakufu par les provinces du Nord (Mutsu) était encore plus compliqué. Il voyageait d’abord par mer jusqu’à Chôshi (dans l’actuelle préfecture de Chiba), puis remontait le Tonegawa pour être embarqué sur l’Edogawa et acheminé par différentes voies d’eau jusqu’à Edo même.
Des voyages
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