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Histoire du Japon

Titel: Histoire du Japon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Georges Sansom
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premières décennies du XVIIIe siècle, les activités des marchands d’Osaka s’étaient à ce point développées qu’ils devaient avoir amassé d’énormes capitaux. On ne peut en calculer le montant de façon exacte, mais des conjectures acceptables permettent d’en évaluer l’ordre de grandeur.
    On estime qu’en 1714, les marchandises qui arrivèrent à Osaka représentaient une valeur de 286000 kan d’argent 252 . La plus grande partie de ce montant provenait des 4000000 de balles de riz arrivant chaque année à Osaka. Ce commerce rapportait de gros bénéfices, soit par les transactions de vente et d’achat elles-mêmes, soit par la spéculation à terme, dont l’essentiel était disponible pour des investissements. En 1704, le courtier en bourse Kônoike avait ainsi investi de l’argent dans l’achat d’une exploitation dans la province de Kawachi, et élargi cette opération en défrichant de nouvelles terres le long du Yamato.
    Le cas de Kônoike est intéressant. Il était à la fois l’agent (kuramoto) de plus de vingt daimyô et l’agent financier du bakufu à Osaka. Il avait perdu son statut de samurai en devenant brasseur de saké. Ensuite, il vit les bénéfices qu’il pourrait réaliser s’il réussissait à fournir des fonds aux daimyô qui en avaient besoin durant leur période de présence à Edo, et il se mit alors à la disposition des daimyô de l’Ouest, soit en leur prêtant de l’argent, soit en expédiant de la marchandise à crédit.
    Durant la période Shôtoku (1711-1715), on estime que la communauté commerçante d’Osaka se composait comme suit :
    Tonya        5685
    Nakagai        8765
    Indépendants        2343
    Fournisseurs du château       481
    Agents des daimyô       483
    Parmi eux, les tonya, les nakagai et les courtiers en bourse étaient les mieux placés pour prêter à un taux d’intérêt élevé, car ils réalisaient de gros profits en finançant le flot de marchandises circulant à travers le pays.
    Il est clair que cette richesse accumulée donnait beaucoup de pouvoir aux grands marchands d’Osaka et (à un moindre degré) à leurs homologues d’Edo. La plupart des daimyô étaient leurs débiteurs, en partie parce que les questions financières leur étaient étrangères, et en partie parce que les prix continuaient de monter tandis que les revenus féodaux étaient fixes. Les daimyô n’étaient d’ailleurs pas les seuls à être endettés. Avec l’augmentation rapide des biens de consommation disponibles se produisit une élévation du niveau de vie dans toutes les classes sociales, et les samurai qui n’arrivaient pas à joindre les deux bouts avec leur pension fixe empruntaient de l’argent aux prêteurs ou aux commerçants de détail. L’hostilité qui régnait entre les samurai et la classe marchande tendit ainsi à se renforcer, sans que le bakufu pût faire grand-chose pour y remédier.
    Ainsi, rien ne faisant obstacle à leur puissance, les grands marchands continuaient à prospérer ; mais ils savaient que, s’ils allaient trop loin, le gouvernement du shôgun ne manquerait pas de réagir. Ils avaient déjà été mis en garde en 1705, quand le bakufu confisqua tous les biens de la maison de Yodoya, l’une des familles marchandes les plus riches et les plus respectées d’Osaka. Ce qui lui avait valu ce châtiment était une conduite ostentatoire déplacée chez un membre de la classe marchande. Certes, Yodoya était très riche et menait grand train, mais la raison réelle de la sévérité du bakufu était sans doute le fait que plusieurs importants vassaux étaient très endettés envers lui et avaient perdu le pouvoir d’agir librement.
    Mais à part des désastres individuels de ce type, les marchands prospéraient, et c’est dans une atmosphère de prospérité et de paix que se déroulèrent les deux premières décennies du XVIIIe siècle. La production continuait à augmenter, la société des chônin vivait dans la gaieté et dans la prodigalité, et il semblait que la période Genroku (1688-1704) dût se poursuivre à jamais. Cette phase de la culture bourgeoise mérite qu’on s’y arrête, mais il nous faut d’abord revenir à l’étude de l’évolution politique qui suivit l’installation du cinquième shôgun, Tsunayoshi, en 1680.

CHAPITRE LVIII
    Le shögunat, 1680-1716
    TSUNAYOSHI, 1680-1709
    Tsunayoshi étant très influencé par sa mère, commencer ce chapitre par

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