Histoire du Japon
officiers de justice, et qui, en 1686, mit fin aux kabukimono qui troublaient depuis longtemps la paix de la capitale.
C’était un fervent disciple de l’école de Zhu Xi, et c’est à lui que les études néo-confucianistes japonaises durent la fondation du Seidô en 1680 et d’autres contributions au statut officiel du confucianisme étudiées au chapitre LIV. Lui-même était un étudiant zélé, et il s’efforça de répandre les principes confucianistes en faisant placarder dans tout le pays des avis annonçant des récompenses pour qui ferait preuve d’une conduite vertueuse. Peu après son installation, en 1680, il demanda d’ailleurs à Hayashi Nobuatsu, directeur du collège confucianiste, de donner trois conférences par mois sur le nouveau confucianisme ; et le jour du nouvel an 1682, un exposé sur la Grande Étude fut prononcé devant une assemblée de daimyô et de fonctionnaires. La chose devint une pratique annuelle à la cour du shôgun le premier jour de la nouvelle année. La ferveur classique de Tsunayoshi prit de telles proportions qu’en 1690 il s’exprima lui-même sur cet ouvrage devant une assemblée comprenant le rôjû et les membres du bakufu ; et par la suite il fit chaque mois des exposés sur les Quatre Livres aux daimyô, aux hatamoto, aux moines bouddhistes et aux prêtres shintoïstes, sans parler des représentants de la cour de Kyoto en visite à Edo. Selon son favori Yanagisawa Yoshiyasu, entre 1692 et 1700, il donna en tout deux cent quarante-quatre conférences.
En plus de cela, lorsqu’il rendait visite à ses vassaux, il avait coutume de prononcer d’abord un discours puis d’écouter les exposés de ses hôtes ou de leurs partisans. Ses ouvrages favoris étaient la Grande Étude (Daxue) et le Classique de la piété filiale (Xiaojing).
Ses prétentions dans le domaine du savoir classique étaient loin d’être sans fondement. Il s’intéressait sincèrement à la littérature et aux beaux-arts. Il employa comme maître le grand poète Kitamura Kigin (1618-1705), qui faisait autorité à la cour impériale, et il accorda son soutien aux principaux peintres des écoles de Kyoto. Hanabusa Itchô (1652-1724) suscita sa colère en faisant de lui un portrait satirique et fut envoyé en exil.
On imagine souvent que Tsunayoshi subissait l’influence de son favori Yanagisawa Yoshiyasu, mais peu de choses corroborent ce point de vue. Yoshiyasu était le fils d’un petit fonctionnaire du bakufu, et Tsunayoshi le prit à son service en raison de ses qualités lors de son accession, en 1680. Il ne tarda pas à être promu, et, avant longtemps, fut nommé chambellan avec une généreuse pension de 10000 koku. Il devint si intime avec Tsunayoshi et sa mère que ceux-ci lui rendaient très souvent visite. Il fut rapidement élevé en rang, avec tout ce que cela comportait de nouveaux honneurs et autres avantages.
On prétend qu’il procurait au shôgun de belles filles et de beaux garçons, recrutés parfois parmi les acteurs de nô, ce qui peut fort bien être vrai ; mais tout proche qu’il fût de Tsunayoshi, il ne lui soufflait pas la politique à suivre, et Tsunayoshi n’était d’ailleurs pas homme à accepter les suggestions de ses subordonnés. La prodigalité dont il fit preuve à l’égard de Yoshiyasu était typique de sa folie, mais Yoshiyasu n’était pas un simple flatteur. Il partageait les goûts littéraires de Tsunayoshi, son intérêt pour le savoir classique, et même ses croyances religieuses.
Tsunayoshi semble avoir commencé son travail de shôgun d’humeur optimiste, car en 1682 il ordonna à ses commissaires et censeurs de prendre des mesures (en plus des mesures judiciaires normales) pour élever le niveau moral du peuple. Il recommanda notamment des lois somptuaires, dont l’interdiction de la prostitution, de l’emploi de serveuses dans les maisons de thé et autres pratiques. L’année suivante, il donna au gouverneur de Nagasaki l’ordre d’interdire l’importation d’articles de luxe et de limiter le coût des broderies contenant du fil d’or et, plus généralement, des étoffes précieuses. Mais il ne semble pas que ces mesures eurent d’autres résultats que d’encourager la contrebande.
Quoique, dans l’ensemble, sa politique fût bien intentionnée, Tsunayoshi commit de tels excès de cruauté et de sentimentalité qu’on est contraint de le considérer comme mentalement déséquilibré. Sous l’influence de sa
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