Histoire du Japon
position forte. Avec sa parenté et ses talents, il était tout désigné pour être le conseiller personnel du shôgun Ienari. En fait, il était presque shôgun adjoint, bien qu’il eût soin de ne pas se conduire de façon arbitraire et prît la peine de consulter les aînés et autres personnages influents. Il avait à régler bien des questions graves, mais sa première tâche, et la plus difficile, consista à mettre de l’ordre dans les finances du bakufu, non pas en manipulant la monnaie, mais en équilibrant vraiment les revenus et les dépenses.
En 1787, les caisses étaient pratiquement vides, et l’année suivante, un déficit semblait inévitable. La moyenne décennale des bénéfices était tombée de 250000 ryô par année en 1772-1780 à zéro, et il ne restait rien des réserves d’or et d’argent qui, en 1770, s’élevaient à trois millions de ryô. Quand les rôjû furent informés de la situation, ils furent tout à la fois surpris et alarmés, n’étant pas au courant des questions financières. Pour combler le déficit sans emprunter aux riches marchands, il n’y avait qu’une solution : réduire les dépenses. C’est ce que l’on fit, et, en 1793, le revenu ordinaire l’emportait légèrement sur les dépenses ordinaires. Cependant, il y avait de lourdes dépenses extraordinaires, notamment pour la reconstruction des palais de Kyoto détruits par le feu. Notons en passant que, au Japon, les pertes annuelles dues aux incendies étaient extrêmement importantes.
Pour faire face aux besoins, on avait eu recours (1789) au système de contribution des daimyô introduit par Yoshimune, en en rendant les règles plus strictes. De façon générale, la politique économique de Sadanobu était négative, car il était porté à contrôler et à restreindre plutôt qu’à dépenser, ainsi qu’en témoigne d’ailleurs la forte augmentation des mesures prises contre les grandes entreprises commerciales et contre les prêteurs.
Peut-être l’exemple le meilleur, ou du moins le plus clair, des mesures qu’il prit pour mettre fin aux dépenses excessives est la façon dont il traita les courtiers ( fudasashi ) qui s’occupaient d’avancer de l’argent aux samurai sur leur pension en riz. Les fudasashi réalisaient des profits énormes, et patronnaient les établissements les plus luxueux des quartiers de plaisir d’Edo. C’étaient les plus en vue des grands dépensiers de l’époque. Les plus riches d’entre eux étaient ceux qui avançaient de l’argent sur leur pension en riz aux hatamoto et aux go-kenin partisans directs du shôgun. Quelques années auparavant, le bakufu avait déjà tenté de les contrôler, et maintenant, Sadanobu leur porta un coup en réduisant le taux d’intérêt sur ce genre de prêts, et en les avertissant qu’ils seraient sévèrement punis s’ils contrevenaient à son ordre. Les hatamoto profitèrent pleinement de cette protection, et, en 1795, ils manifestèrent violemment dans les rues et menacèrent tant et si bien les courtiers que les commissaires municipaux durent envoyer une patrouille quotidienne dans le quartier où ils créaient des troubles. Le bakufu se trouva ainsi dans la désagréable obligation de punir les membres de la principale force militaire au service de la maison des Tokugawa, et vouée au maintien de la paix.
Sadanobu fut évidemment incapable de guérir les défauts essentiels du système féodal qu’il présidait. Il devait s’occuper de problèmes immédiats, et ceux-ci ne manquaient pas. Il lui fallait réglementer les prix et porter assistance aux classes et aux personnes dans la misère. Il devait soigner les finances du bakufu et soulager les inquiétudes du peuple. Dans l’ensemble, sa politique était conservatrice. Il s’efforçait d’utiliser au mieux les institutions existantes. Dans le domaine financier, son premier objectif était de réduire les dépenses, de limiter les profits, et de freiner l’économie monétaire désormais dominante pour la remplacer par une économie foncière. Aussitôt après être entré en fonction, il avait ordonné une réduction des dépenses militaires pour trois ans, après quoi, en l’espace de cinq ans, l’équilibre entre le revenu et les dépenses allait s’équilibrer. En 1770, les caisses du bakufu contenaient plus de trois millions de ryô en or et en argent. En 1787, elles étaient presque vides, mais en 1790, elles commençaient à nouveau à se
Weitere Kostenlose Bücher