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Histoire du Japon

Titel: Histoire du Japon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Georges Sansom
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des intendants et autres fonctionnaires du bakufu furent sévèrement punis pour avoir escroqué la cour, et quatre ans plus tard, Sadanobu lui-même découvrit des détournements de fonds similaires alors qu’il s’était rendu à Kyoto pour discuter de la reconstruction du palais, complètement détruit ainsi qu’une bonne partie de la ville au début de l’année par un effroyable incendie. Dans son journal, il fait le compte rendu détaillé de son séjour, de ses discussions avec les nobles de la cour, et d’une audience avec l’empereur, qui le reçut aimablement.
    Les relations entre le bakufu et la cour semblaient alors cordiales, mais elles ne tarderaient pas à se détériorer, car lorsque Go-Momozono se retira, une dispute éclata à propos des pouvoirs de l’empereur. Kôkaku, le nouveau souverain, dut demander au bakufu la permission d’accorder des grades et titres de cour à l’empereur abdicataire (1789). Il semblerait que le bakufu n’aurait rien dû trouver à objecter à cet acte de piété, mais en réalité Sadanobu fit savoir qu’il ne pouvait pas l’approuver. Durant quelque temps, le Trône et le bakufu furent ainsi à couteaux tirés, quoique la dispute finît par s’arranger. Cependant, les sentiments de la cour restèrent hostiles au bakufu, et Sadanobu conçut non sans raison le soupçon que régnait à Kyoto une puissante animosité contre Edo. Celle-ci était d’ailleurs encouragée par un jeune étudiant d’Edo, Takayama Masayuki, qui vénérait publiquement l’empereur en s’agenouillant sur le pont de Sanjô, tourné vers le palais.
    Ces épisodes n’eurent guère d’importance à l’époque, mais ils constituent un prélude significatif au mouvement loyaliste qui, moins d’un siècle plus tard, allait détruire le bakufu et faire revivre le pouvoir du Trône.

TENDANCES INTELLECTUELLES
    Il n’y avait pas de limites à la foi de Sadanobu en le pouvoir du savoir sur la morale. Il croyait que le vrai remède aux maux de l’époque résidait dans la pratique de l’enseignement confucianiste. Lui-même était un chercheur enthousiaste de la vérité, un croyant convaincu, en sorte qu’il était naturel pour lui de choisir une éthique confucianiste comme base de la politique culturelle qu’il avait l’intention de suivre.
    La caractéristique la plus importante de cette politique était la rénovation du collège confucianiste (le Shôhei Gakumonjo) et l’interdiction de tout enseignement autre que celui qu’il prescrivait. A l’époque, le collège était dans un triste état, déchiré par les dissensions et manquant q’une direction sûre. Cette situation inquiétait Sadanobu, qui se mit en devoir de restaurer l’ordre, en commençant par supprimer toute trace de l’influence de Tanuma et en nommant pour nouveaux professeurs et interprètes de l’école de Zhu Xi des lettrés de haute réputation en harmonie avec l’esprit de réforme animant la période. Un nouveau directeur fut également choisi en la personne d’un Matsudaira, qui fut adopté par la famille Hayashi et prit le nom de Jus-sai.
    Le projet de Sadanobu ne laissait guère de place à la liberté académique. En 1790, une ordonnance fut publiée qui interdisait tout autre enseignement que celui de la forme de la doctrine de Zhu Xi en laquelle il croyait, et qui se répandit alors au détriment d’autres croyances. L’école officielle exerça de puissantes pressions sur les autres écoles, qu’elle considérait et, en fait, persécutait comme hétérodoxes. Parmi les victimes de cette persécution se trouvait l’éminent philosophe Ogyû Sorai. Dans la mesure où ce fut là l’œuvre de Sadanobu, c’est un exemple de sa phobie de l’hétérodoxe.
    Cependant, ce n’était pas un obscurantiste, et sa foi en la philosophie de Zhu Xi n’était pas faite de préjugés. Du reste, bien qu’il tentât de contrôler et d’unifier la pensée à des fins politiques et n’écoutât pas les protestations des lettrés, il n’alla jamais jusqu’à punir un dissident. En 1790, son gouvernement ordonna pourtant la censure de certaines publications, comme des dessins et des livres pornographiques, et l’on ajouta à cette liste des ouvrages qui se moquaient du gouvernement. L’année suivante, Santo Kyô-den, écrivain populaire de livres comiques, fut puni pour un délit de ce genre. Plus surprenante encore fut la punition, en 1791, d’un lettré nommé Hayashi Shihei, coupable d’avoir

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