Histoire du Japon
puissantes familles militaires du pays. Après certaines réformes entreprises par Yoshimune vers 1716, le fief de Kishû s’efforça d’améliorer ses finances en augmentant sa production agricole et industrielle ; cependant, en 1760, il se trouvait lourdement endetté, dans l’espoir d’augmenter ses revenus, il opprima les habitants des campagnes et des villes, suscitant de graves émeutes. Puis il se mit à emprunter pour financer ses entreprises. Ici, il ne rencontra pas de grandes difficultés.
Étant proche de Kyoto et d’Osaka et propriétaire de riches terres, il put trouver du capital, qu’il utilisa en partie à des fins commerciales et en partie pour développer ses ressources matérielles, notamment les grandes forêts de Kumano. Entre 1750 et 1800, il réalisa d’importants bénéfices, et se trouva ainsi en position de force face à l’expansion de l’économie monétaire.
Higo possédait des domaines étendus, dont une partie de la province adjacente de Bungo. En partie sous l’influence des réformes de Yoshimune, son administration s’était déjà nettement améliorée vers 1750. Il avait l’avantage de cultiver un riz exceptionnel, le « Higo mai » (riz de Higo) étant un critère de qualité à la bourse d’Osaka. Comme la plupart des fiefs, il s’était endetté, surtout dans la première partie du siècle, et, à la suite de querelles intestines, il perdit la confiance des prêteurs et des grands marchands, au point que Kônoike refusa de lui servir plus longtemps d’agent (kakeya). Cette situation obligea le daimyô (Hosokawa Shigekata) à revoir et à développer la structure économique de son domaine. Il parvint ainsi à lui rendre la prospérité. Ce résultat fut obtenu en partie en améliorant la condition des paysans, qu’il aida notamment en leur accordant des prêts ; il encouragea par ailleurs les samurai sans emploi à travailler chez eux, à filer et à tisser.
Pour résumer les réformes entreprises dans les fiefs, dont les cas précédents sont des exemples, on peut dire que, politiquement, leur but était de concentrer le pouvoir gouvernemental entre les mains du daimyô, d’améliorer la discipline et de renforcer le contrôle du daimyô sur les représentants de toutes les classes. Dans le domaine économique, elles visaient à accroître et à diversifier la production et à développer les industries déjà existantes, comme l’exploitation minière, en employant des spécialistes.
Les réformes décrites ci-dessus avaient pour premier objectif de protéger les fiefs contre les dangers financiers que représentaient pour eux le développement de l’économie nationale dans une direction incompatible avec leur indépendance. En d’autres termes, il ne s’agissait pas de réformes proprement dites, mais d’efforts pour rétablir une puissance passée par une adaptation aux circonstances nouvelles. Ce n’est qu’après avoir achevé cette tâche que les administrateurs purent s’occuper du type de réformes politiques et sociales auxquelles certains fiefs consacreraient leur attention bien après le tournant du siècle.
On voit que, dans l’ensemble, la pseudo-réforme de Tempo tentée par le bakufu doit être considérée comme un échec, alors que, du point de vue des réformateurs en tout cas, les réformes contemporaines menées dans différents grands fiefs remportèrent un certain succès. L’échec de celles du bakufu peut à juste titre être attribué à la rigidité fondamentale de la structure du gouvernement des Tokugawa, et, bien sûr, au déclin dans lequel il était déjà entré au XVIIIe siècle. En outre, il est évident que le renforcement des fiefs devait avoir pour conséquence un affaiblissement relatif de l’autorité du bakufu.
CHÖSHÜ ET SATSUMA
Plus intéressants du point de vue historique que les clans dont on vient de parler, les grands domaines tomaza de l’ouest du Japon, Chôshû et Satsuma, joueraient un rôle prépondérant durant les derniers jours du bakufu.
Chöshü, couvrant les deux provinces de Nagato et de Suô, jadis fief de la grande famille Ouchi puis de celle des Môri, avait triplé de taille depuis Sekigahara, et, à l’époque de Tempo, son revenu réel atteignait presque le million de koku. Malgré des efforts dans le sens de l’économie (dont la réduction des pensions des principaux partisans), les dépenses croissaient d’année en année. Pendant un certain temps, les emprunts
Weitere Kostenlose Bücher