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Histoire Romaine

Histoire Romaine

Titel: Histoire Romaine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Theodor Mommsen
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chez les Grecs. Non que
de cette concordance remarquable dans les noms d’animaux d’une part, et de
cette dissemblance absolue dans ceux des plantes utiles, il faille nécessairement
conclure à la non-possession par la race indo-européenne des éléments d’une
agriculture commune. Les migrations et l’acclimatation des plantes sont en
effet, dans les temps primitifs, bien plus difficiles que celles des animaux :
puis la culture du riz par les Indiens, celle du froment et de l’épeautre par
les Grecs et les Romains, et celle du seigle et de l’avoine par les Germains, peuvent
fort bien se rattacher à un ensemble de connaissances pratiques appartenant
originairement à la race mère. D’un autre côté la même appellation, donnée par
les Indiens et les Grecs à une graminée, fait voir seulement qu’avant la
séparation des peuples, ceux-ci recueillaient et mangeaient déjà l’orge et l’épeautre
croissant à l’état sauvage dans les plaines de la Mésopotamie ; mais elle
ne prouve pas qu’ils les aient spécialement cultivés [15] . Ne tranchons
donc rien témérairement ; mais notons encore un certain nombre de mots
également empruntés au sanscrit, et qui, dans leur acception toute générale
sans doute, se rattachent, pourtant. à une culture déjà avancée. Tels sont : agras , la plaine , la campagne  ; kûrnu , mot à
mot, le trituré ou le broyé  ; aritram , le gouvernail ou le navire  ; venas , la chose agréable , et surtout
la boisson agréable . L’antiquité de ces mots est certaine ; mais
leur sens spécial n’a point encore apparu : ils ne signifient pas encore
le champ labouré ( ager ), le grain pour moudre ( granum ), l’instrument
qui sillonne le sol comme le vaisseau sillonne les flots ( aratrum ), et
le jus de la grappe ( vinum ). Ce n’est qu’après la dispersion des peuples
qu’ils reçoivent leur acception définitive ; de là les différences que
présentera celle-ci chez les diverses nations : le kûrun du
sanscrit désignera tantôt le grain à moudre, et tantôt même la pierre à moudre,
la meule, ( quairnus , en gothique ; girnôs , en lithuanien). Tenons-le
donc pour vraisemblable, le peuple indo-germain primitif n’a pas connu l’agriculture
proprement dite ; ou s’il en a su quelque chose, elle n’a joué, dans sa
civilisation, qu’un rôle sans importance. Elle n’a jamais été pour lui ce qu’elle
fut plus tard, en Grèce et chez les Romains ; autrement sa langue on eut
conservé des traces plus profondes. Mais déjà les Indo-Germains s’étaient
construit des huttes et des maisons ( dam (as), lat. domus , gr. δομος  ; veças , lat. vicus , gr. οίxος  ; dvaras ,
lat. fores , gr. θύρα ) : ils ont
construit des bateaux à rames ; ils ont le mot nâus (lat. navis ,
gr. ναΰς ) pour désigner l’embarcation ; le mot aritram (gr. έρετμός , lat. remus , tri-res-mus )
pour désigner la rame. Ils connaissaient l’usage des chars ; ils
attelaient les animaux comme bêtes de trait et de course. L’ akshas du
sanscrit (essieu et char) correspond au latin axis , au grec άξων,
άμαξα  ; et le joug se dit en sanscrit jugam (lat. jugum , gr. ζυγόν ). Le vêtement se
désigne en sanscrit, en grec et en latin de la même manière, vastra , vestis , έσθής . Siv en sanscrit, suo en
latin, veulent dire coudre ; de même que nah , sansc. ; neo ,
lat. ; νήθω , gr. Toutes les langues
indo-germaines offrent de semblables points de comparaison. L’art du tissage, en
revanche, n’existait peut-être point encore, du moins rien ne le prouve [16] . Mais les
Indo-Germains savaient user du feu, pour la cuisson des aliments ; du sel,
pour l’assaisonnement des mets : ils travaillaient enfin les métaux que l’homme
a les premiers utilisés pour s’en faire des ustensiles ou des ornements. Le
cuivre ( œs ), l’argent ( argentum ), l’or même peut-être, ont leurs
dénominations spéciales en sanscrit ; celles-ci, à leur tour, n’ont pu
naître chez ces peuples avant qu’ils eussent appris a séparer les minerais et à
les employer. Enfin, le mot sanscrit asis (lat. ensis ) indique l’usage
des armes en métal.
    L’édifice de la civilisation indo-européenne repose sur la
base de notions et d’usages également contemporains de ces époques primitives. Tels
sont les rapports établis entre l’homme et la femme ; la classification
des sexes, le sacerdoce du père de famille ;

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