Histoire Romaine
l’absence d’une caste
sacerdotale exclusive, ou de castes séparées ; l’esclavage à l’état d’institution
légale ; les jours légaux et publics, et la distinction entre la nouvelle
et la pleine lune. Quant à l’organisation positive de la cité et au partage du
pouvoir entre la royauté et les citoyens, quant à la prééminence entre les
races royales et nobles en face même de l’égalité absolue appartenant à tous, ce
sont là autant de faits plus récents, en tous pays.
La science et la religion portent ainsi la trace de l’antique
communauté des origines. Jusqu’au nombre cent, les nombres s’appellent de même :
(sansc. çatam , ékaçatam ; lat. centum ; gr. έ-xατον ;
goth. hund ) : la lune tire son nom de ce fait, qu’elle sert à
mesurer le temps ( mensis ). La notion de la divinité (sansc. dévos ;
lat. deus ; gr. θεός ), les plus
anciennes conceptions religieuses, et les images mêmes des phénomènes naturels
sont déjà dans le vocabulaire commun de ces peuples. Le ciel est pour eux le
père des êtres : la terré est leur mère. Le cortége solennel des dieux, qui,
montés sur des chars, se transportent d’un lieu à un autre, par des routes
soigneusement unies ; la vie des âmes dans l’empire des ombres, après la
mort, sont aussi des croyances ou des conceptions qui se retrouvent dans l’Inde,
dans la Grèce., en Italie. Le nom des dieux est souvent le même sur les bords
du Gange, de l’Ilissus et du Tibre. L’ Ouranos grec est le Varounas des Indiens : le Djâuspitâ des Védas correspond à Ζεύς , Jovis pater ou Diespiter . Telle création de la mythologie grecque
est demeurée une énigme, jusqu’au jour où l’étude des anciens dogmes de l’Inde
est venue jeter sur elle une lumière inattendue. Les vieilles et mystérieuses
figures des Erinnyes ne sont point filles de la poésie grecque ; elles
sont venues du fond de l’Orient avec le flot des émigrants. Le lévrier divin Saramâ ,
qui garde pour le souverain du ciel les troupeaux dorés des étoiles et des
rayons solaires, qui ramène aux étables où on les liait les vaches célestes, les
nuages nourrissants de la pluie, qui enfin conduit aussi les morts pieux dans
le monde des bienheureux, se transforme chez les Grecs en fils de Saramâ , Saraméyas (l’ Hermeias ou l’ Hermès ). Et vraiment, n’est-ce
point là qu’on pourrait trouver la clef de la légende du vol des bœufs du
Soleil ; peut-être même celle de la légende latine de Cacus, où il ne
faudrait plus rien voir qu’un vague ressouvenir poétique et symbolique du naturalisme
de l’Inde ?
Tout ce que nous venons de dire de la civilisation
indo-européenne avant la séparation des peuplés appartient davantage à l’histoire
universelle de l’ancien monde : mais le sujet même de ce livre nous impose
la tâche de rechercher plus particulièrement à quel point en étaient arrivées
les nations gréco-italiques, lorsqu’elles se séparèrent à leur tour. Étude
assurément, importante, et qui, prenant sur le fait la civilisation italienne à
son début, fixe en même temps le point de départ de l’histoire nationale de la
Péninsule.
On se souvient que, suivant toute probabilité, la vie des
Indo-Germains a été purement pastorale, et qu’ils connurent à peine l’usage de
quelques graminées encore sauvages. De nombreux vestiges attestent, au
contraire, que les Gréco-Italiotes ont cultivé les céréales, et peut-être même
déjà la vigne. Nous ne parlerons pas de la communauté de leurs pratiques
agricoles ; c’est là un fait trop général pour qu’on en puisse déduire la
communauté des origines nationales. L’histoire nous signale en effet d’incontestables
rapports entre l’agriculture indo-germanique et celle des Chinois, des Araméens
et des Égyptiens ; il est certain pourtant que tous, ils n’ont aucune
parenté de race avec les Indo-Germains, ou que, du moins, ils ne se seraient
séparés d’avec eux qu’à une époque bien antérieure à l’invention de la culture
rurale. Les races douées d’un certain génie ont de tout temps, autrefois et aujourd’hui,
échangé entre elles les instruments et les plantes agricoles. Quand les
annalistes chinois font remonter l’agriculture de leur pays à l’introduction, à
une certaine date, de cinq espèces de céréales, par un roi qu’ils nomment ;
leur récit n’est autre chose que l’expression frappante du fait tout
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