Histoire Romaine
général de
la propagation des procédés de la primitive agriculture. Agriculture commune, alphabet
commun, emploi commun des chars de combat, de la pourpre, de certains
ustensiles ou de certains ornements, tout cela prouve le commerce international,
mais nullement l’unité originaire des peuples. En ce qui touche les Grecs et
les Romains, et malgré les rapports suffisamment connus qui existent entre
leurs deux civilisations, il serait absolument téméraire de soutenir que l’agriculture
chez les seconds, pas plus que l’écriture ou la monnaie, aurait été importée de
chez les premiers. Nous n’y méconnaissons pas pourtant les nombreux points de
contact, la communauté même des plus anciens termes techniques ( ager, άγρός ;
aro, aratrum, άρόω, άροτρον ;
ligo, rapproché de λαχαίνω ; hortus,
χόρτος ; hordeum, χριθή ;
milium, μελίνη ; rapa, ραφανίς ;
malva, μαλάχη ; vinum, οϊνος ).
Nous voyons aussi ces ressemblances se produire jusque dans la forme de la
charrue qui est la même sur les monuments anciens de l’Attique et de Rome ;
dans le choix des céréales primitives, le millet, l’orge, l’épeautre dans l’emploi
de la faucille pour couper les épis ; dans le battage des grains foulés
par le bétail sur l’aire unie ; enfin même jusque dans leurs préparations
alimentaires ( puls, πόλτος ; pinso,
πτίσσω ; mola, μύλη ) ;
la cuisson du pain au four est de date plus récente, et nous voyons dans le
rituel romain figurer seulement la pâte ou la bouillie de farine. La vigne a de
même précédé en Italie les premiers contacts de la civilisation grecque : aussi
les Grecs ont-ils, appelé cette terre Œnotrie ( Οίνωτρία :
pays du vin), et cela, ce semble, dès l’arrivée de leurs premiers immigrants. On,
sait aussi de science certaine que la, transition du régime pastoral nomade au
régime de l’agriculture, ou plutôt que la fusion, de tous les deux, pour s’être
effectuée après le départ des Indo-Germains de la patrie d’origine, remonte
cependant à une date antérieure à la division du rameau italo-hellénique. A
cette même époque les deux peuples se confondaient avec d’autres encore dans
une seule et grande famille : et la langue de leur civilisation tout à
fait étrangère à celle des rameaux asiatiques de la même souche indo-germaine, renferme
des mots communs aux Romains, aux Hellènes, aux Celtes, aux Germains, aux
Slaves et aux Lettes [17] .
Faire dans les mœurs et dans la langue le partage de ce qui
a appartenu à tous ces peuples, ou de ce qui a été la conquête propre à chacun
d’eux, constitue la plus épineuse des taches : la science n’a pu descendre
encore tous les échelons et suivre tous les filons de la mine : la
critique philologique commence à peine ; et l’historien trouve plus
souvent commode d’emprunter le tableau des anciens temps aux muettes pierres de
la légende, au lieu d’aller feuillet les couches fécondes des idiomes primitifs.
Contentons nous, en ce moment, de bien marquer la différence des caractères de
l’époque gréco-italique d’avec ceux de l’époque antérieure, alors que la
famille indo-germaine réunissait encore tous ses membres. Constatons dans une
vue d’ensemble l’existence des rudiments d’une civilisation à laquelle les
Indo-Asiatiques sont demeurés étrangers : lot commun au contraire de tous
les peuples de l’Europe, et que chacun de leurs groupes, les Helléno-Italiques,
les Slavo-Germains ont agrandi, dans la direction propre à leur génie. Plus
tard l’étude des faits et des langues en apprendra sans doute davantage. L’agriculture
a certainement été pour les Gréco-Italiens comme pour tous les autres peuples, le
germe et le noyau de la vie publique et privée ; et elle est restée l’inspiratrice
du sentiment national. La maison, le foyer, que le laboureur s’est construits à
demeure, au lieu de la hutte et de l’âtre mobile du berger, prennent bientôt
place, dans le monde moral, et s’idéalisent dans la figure de la déesse Vesta ,
ou Έστία , la seule peut-être du panthéon
helléno-grec qui ne soit pas indo-germaine, alors pourtant qu’elle est
nationale chez les deux peuples. Une des plus anciennes traditions italiques
fait honneur au roi Italus, ou, pour parler comme les indigènes, au roi Vitalus
(ou Vitulus), d’avoir substitué le régime agricole à la vie
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