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Histoire Romaine

Histoire Romaine

Titel: Histoire Romaine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Theodor Mommsen
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qu’aujourd’hui les choses sont bien changées. Mon
œil me trompe-t-il ? Ne vois-je pas des esclaves en armes contre leurs
maîtres ? – Jadis, quiconque ne se présentait pas à la levée des milices, était
vendu à l’étranger comme esclave : maintenant le censeur de l’aristocratie,
qui laisse faire les lâches, et laisse tout se perdre, est appelé un grand
homme (magnus censorem esse) : il récolte l’éloge, dès qu’il ne vise point
à se faire un nom en tracassant ses concitoyens ! – Jadis le paysan romain
se faisait raser une fois la semaine [entre deux nondines] ; maintenant l’esclave
des champs ne se trouve jamais assez propret. – Jadis, on trouvait sur le domaine
une grange pour dix récoltes, de vastes celliers pour les tonneaux, et des
pressoirs à l’avenant ; actuellement le maître a des troupes de paons, il
incruste ses portes de bois de cyprès d’Afrique. Jadis la ménagère filait la
laine de ses mains, tout en ayant l’œil au feu et à la marmite, et veillant à
ce que la purée ne brûlât pas : aujourd’hui (et nous prenons ceci dans
une autre satire) la fille mendie de son père une livre pesant de joyaux, et
la femme un boisseau de perles de son mari. Jadis, dans la nuit des notés, l’homme
se tenait coi et niais : aujourd’hui la femme se donne au premier bon côcher
venu. Jadis les enfants étaient l’orgueil de la femme ; aujourd’hui, quand
le mari souhaite des enfants, celle-ci de répondre : ne sais-tu pas ce que
dit Ennius : Mieux vaut exposer sa vie dans trois batailles, qu’engendrer
une seule fois ! – Jadis c’était joie complète pour la femme, quand une ou
deux fois par an, le mari la menait à la campagne, sur un char sans coussins (arcera) ! Maintenant, ajoutait sans doute Varron (cf. Cicéron, pro Mil ., 21, 55),
la dame se fâche quand il part sans elle, et elle se fait suivre en route par
sa valetaille élégante de Grecs, et par sa chapelle de musique ; jusqu’à
la ville. – Dans un essai moral, Cacus ou de l’éducation des enfants (Cacus,
vel de liber. educand.), Varron entretient l’ami qui lui demande conseil, des
divinités auxquelles selon l’usage, antique, il convient de sacrifier pour le
bien de l’enfant : de plus, il fait allusion au système intelligent des
anciens Perses, à sa propre jeunesse élevée à la dure ; il défend l’excès
de la nourriture et du sommeil, le pain trop fin, les mets trop délicats :
les jeunes chiens, dit le vieillard, ne sont-ils pas aujourd’hui nourris plus
judicieuse-ment que nos enfants ! – Et puis, à quoi bon tant de
sorcières et tant de momeries, quand il faudrait au lit du malade le conseil du
médecin ! – Que la jeune, fille se tienne à sa broderie, pour
apprendre à s’y connaître un jour en broderie et en tissus : qu’elle ne
quitte point trop tôt le vêtement de l’enfance ! – Ne menez point ces
enfants aux jeux des gladiateurs : le cœur s’y endurcit vile et y apprend
la cruauté !
    Dans le Sexagénaire (Sexagesis) Varron se pose
en Epiménide : endormi à l’âge de dix ans, il se réveille au bout d’un
demi-siècle. Il s’étonne dé se retrouver avec la tête chauve au lieu de sa tête
d’enfant court tondue, avec son affreux museau, avec le poil inculte d’un
hérisson ; mais ce qui l’étonne le plus, c’est Rome tant changée. Les
huîtres du Lucrin, jadis un plat de noces, se servent à tous les repas : en
revanche, le débauché perdu de dettes apprête sa torche dans l’ombre ( adest
fax involuta incendio ). Jadis le père pardonnait au fils : c’est le
fils aujourd’hui qui pardonne à son père… en l’empoisonnant ! Le
comice électoral n’est plus qu’une bourse le procès criminel, qu’une mine d’or
pour le juré. On n’obéit plus qu’à une loi, une seule, ne rien donner pour rien.
Les vertus ont disparu ; et notre homme à son réveil est salué par de
nouveaux hôtes ( inquilinœ ), le blasphème, le parjure, la luxure. « Oh !
malheur à toi, Marcus, malheur à ton sommeil, et à ton réveil ! » A
lire cette esquisse, on se reporte aux journées de Catilina. Et de fait, c’est
peu de temps après Catilina, que notre vieil auteur l’a écrite (vers 697 [57 av.
J.-C.]), et le dénouement plein d’amertume de la satire n’est point sans un
fond de vérité. Marcus, rabroué comme il faut pour ses accusations
intempestives et ses réminiscences sentant l’antiquaille ( ruminaris
antiquitates

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