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Hitler m'a dit

Hitler m'a dit

Titel: Hitler m'a dit Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hermann Rauschning
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Je ne pouvais m’empêcher de penser qu’Hitler avait sur la Pologne et les Polonais, des idées puériles, ce qui n’avait après tout rien d’étonnant car son conseiller intime pour les affaires orientales n’était autre que Forster. Le Gauleiter de Dantzig, Bavarois de naissance, ne parlait des Polonais que dans les termes les plus méprisants : « vermine polonaise », « punaises de Varsovie », étaient pour lui des expressions familières. Il est assez remarquable que cet « expert », dès septembre 1933, au retour du premier congrès de Nuremberg, m’avait suggéré qu’on pourrait renoncer tout de suite à la politique de « rapprochement « avec la Pologne et partir en guerre car il estimait déjà l’Allemagne assez forte pour anéantir la Pologne en quelques jours.
    Hitler parut désagréablement surpris lorsque je fis allusion aux vues imprudentes de son conseiller favori. Il détourna la conversation et s’égara de nouveau dans des projets fantastiques. Puis il revint tout de même à ce que j’appelais l’erreur de Forster. Il ne lui déplaisait pas qu’on péchât par excès de zèle. Pour se convaincre de la grandeur réelle de notre tâche, il ne fallait pas s’embarrasser de considérations raisonnables. L’excès de zèle était de son avis, la marque des véritables révolutionnaires. Au fond, les vues de Forster, des cette époque flattaient ses convoitises et son impatience secrète.
    — « Les Allemands sont une race pesante et confortable. Ils manquent de tempérament révolutionnaire. Le national-socialisme est la seule vraie révolution qu’ils n’aient jamais connue. Le marxisme de 1848, la misérable république des Weimariens, tout cela n’était qu’en surface. C’est maintenant que nous opérons en profondeur. Il ne me déplaît pas de constater que mes camarades du parti aspirent à l’impossible. »
    Puis il revint à la question de la S.D.N. Pour lui, cette institution n’était qu’un foyer de pourriture et de corruption, comme toutes les institutions démocratiques. Aucune résistance n’était à craindre de ce côté, car il n’y avait à Genève que des bureaucrates tremblant pour leur pitance. D’ailleurs, il parlerait lui-même désormais le langage de la S.D.N. Cela ne lui serait pas difficile. « Et mes camarades du parti sauront exactement ce qu’ils en doivent penser, lorsqu’ils m’entendront parler de la paix mondiale, du désarmement et des pactes de sécurité. »

XX
 
HITLER DÉVOILE
SA POLITIQUE EXTÉRIEURE
    Hitler ne me dévoila les arcanes de sa politique extérieure qu’au début de 1934. Il venait de rentrer à Berlin, après son séjour d’hiver à Berchtesgaden. Je n’avais pas encore eu l’occasion de lui rendre compte de mon entrevue avec le maréchal Pilsudski. Hitler me reçut avec une grande amabilité et me remercia « de ce que j’avais fait dans l’intérêt du Reich allemand ». Il me laissa parler, se contentant de me questionner de ci, de là. La conclusion du pacte germano-polonais, en dépit des critiques qu’il avait soulevées dans les milieux bourgeois-nationaux et militaires, avait amélioré sensiblement la situation de l’Allemagne. Ce traité pouvait être pour l’Allemagne le point de départ d’une grande politique fédérative qui eût mis fin à son isolement. Cependant, parmi les initiés, le bruit circulait qu’il s’agissait d’un expédient temporaire, qui prendrait fin le jour où l’Allemagne serait en état de s’emparer à nouveau des territoires ex-allemands, sans avoir à craindre une intervention du côté de l’Ouest.
    Cette interprétation pouvait aussi bien servir à tranquilliser le parti que représenter la véritable pensée du Führer. En effet, Hitler usait largement du camouflage, aussi bien à l’égard de son propre parti que vis-à-vis de l’étranger. Pour ma part, je croyais qu’il serait possible de décider Hitler à faire une politique raisonnable de pénétration économique et politique en Europe centrale politique dont je pensais voir les premiers jalons dans le pacte polonais.
    Hitler s’intéressa surtout aux aspects de mon exposé qui lui permettaient des conjectures sur la portée éventuelle du pacte. J’avais terminé, lorsqu’il me demanda à brule-pourpoint : « La Pologne resterait-elle neutre au cas où j'agirais contre les puissances occidentales ? » Je ne m’attendais pas à la question, qui à cette époque ne me

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