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Iacobus

Iacobus

Titel: Iacobus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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d’alliance et le trésor du
Temple de Salomon. Mais je connais la valeur de ce parchemin, monsieur, et je
vous répète qu’il est entre mes mains.
    — Vous l’avez sur vous ?
Montrez-le-moi !
    Ou Manrique me prenait pour un idiot ou l’idiot
c’était lui, indiscutablement. Ma surprise dut se lire sur mon visage, parce
que, aussitôt, Mendoza éclata de rire.
    — Bon ! s’exclama-t-il de bonne
humeur. Je me devais au moins d’essayer ! Vous auriez fait la même chose.
    — Permettez que j’éclaircisse ce point,
dis-je, vexé. Si je ne retrouve pas les miens aujourd’hui, Sara et Jonas...
    — Pourquoi prononcez-vous toujours son
prénom en premier ? Est-ce que vous l’avez déjà faite vôtre ?
    Je me jetai sur Manrique et, sans lui laisser le
temps de réagir, lui flanquai un coup de poing qui le fit taire. Mais si
j’avais cru un instant que la fragilité de son coeur l’empêcherait de riposter,
je m’étais trompé. Il fonça sur moi comme un taureau, tête baissée, et me
frappa au ventre, puis m’assena un coup de genou dans le menton tandis que,
plié en deux, j’essayais de retrouver mon souffle.
    — Ça suffit ! cria-t-il, haletant et
s’éloignant d’un pas mal assuré, assez !
    Du sang coulait sur son menton.
    — Gueux ! lui dis-je en essayant de me
redresser.
    — Si je n’avais pas reçu des ordres, je te
jure que tu ne sortirais pas vivant d’ici !
    — Misérable ! m’exclamai-je en me
relevant avec difficulté, le souffle court.
    Je secouai mes vêtements et le regardai d’un air
de défi.
    — Si je ne reviens pas aujourd’hui, Sara et
Jonas ont pour consigne de faire parvenir le parchemin au grand commandeur
hospitalier de France, Robert d’Arthus Bertrand, duc de Soyecourt. Vous avez
certainement entendu parler de lui. Mais si nous parvenons à trouver un accord,
je vous le remettrai en mains propres dès que nous serons tous à l’abri.
    Manrique garda de nouveau le silence. Fatigué,
il contemplait l’horizon et la forme indistincte du bateau de Martino.
    — Elle est là-bas, n’est-ce pas ?
dit-il avec une tristesse soudaine.
    Alors, je compris tout : Manrique aimait
encore Sara.
    Pour la première fois de ma vie, je sentis
l’aiguillon de la jalousie me transpercer le coeur. Je me demandai ce que Sara
dirait, ce qu’elle éprouverait si elle savait. Retournerait-elle vers
lui ? L’avait-elle aimé plus qu’elle ne m’aimait ? Non, me dis-je,
les yeux de Sara ne savaient pas mentir. Le corps de Sara ne mentait jamais.
    — Vous avez choisi la liberté, reprit
Manrique. Moi, j’ai toujours obéi aux ordres. Mais nous vivons des temps
difficiles, et quelqu’un doit se charger du sale travail.
    — Vous acceptez ma proposition ? lui
demandai-je d’un ton pressant car j’avais hâte de retrouver Sara.
    — Non.
    — Non ?
    J’avais prévu cette possibilité, mais au fond de
mon coeur j’avais tellement désiré que tout se passe bien que sa réponse
négative me déconcerta.
    — Non ? répétai-je d’un ton incrédule.
    — Non.
    Il se laissa tomber pesamment sur le rocher qui
lui servait de siège.
    — Vous m’avez exposé vos souhaits et ce que
vous attendiez de nous. À mon tour de vous expliquer ce que le Temple attend de
vous.
    — Mon silence, ma disparition, la remise du
parchemin ne vous semblent pas suffisants ?
    — Je ne dis pas que ce n’est pas
intéressant, dit-il en souriant, je suis même sûr que mon ordre aurait pris en
compte votre offre s’il n’y avait pas eu d’autres intérêts. C’eût été une manière
simple de résoudre un problème qui occupe bien trop de nos forces. Mais il nous
manque un élément indispensable. Sans lui, pas de traité possible.
    — Que désirez-vous ?
    — Vous, Galcerán de Born, juste vous.
    Je crus que je n’avais pas très bien compris et
me répétai mentalement sa réponse jusqu’à ce que je finisse par saisir ce qu’il
voulait dire.
    — Moi ?
    — Tenez, si nous mangions un peu ? Le
soleil est haut, et il nous reste encore beaucoup de points à discuter. J’ai
dans mes sacoches du pain, du fromage, du poisson fumé, du jambon, des pommes
et une outre de vin. Ça vous dit ?
    — Je n’ai pas faim.
    — Bon, alors permettez que je prenne
quelque chose. L’air de la mer m’a ouvert l’appétit.
    Il mangea frugalement et vite, et, pour lui
tenir compagnie, j’avalai un peu de pain et de fromage. Le vin, de belle
couleur, nous

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