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Iacobus

Iacobus

Titel: Iacobus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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nouveau face à face, mon
vieil ami ! s’exclama-t-il en me regardant fixement, puis de haut en bas
comme s’il contemplait un laquais à qui il devait donner son approbation. Le
destin nous réunit encore une fois. N’est-ce pas curieux ? Je me souviens
qu’à mon retour de Chypre, il y a dix-sept ans, j’avais passé, avec Evrard,
plusieurs semaines dans le château de mon père. Je vous revois encore, jeune
écuyer énamouré de mon idiote de soeur ! Ha ! Ha ! Ha !
Ha !
    Je sus contenir ma colère, et demeurer impassible
face à cette méprisable provocation.
    — Je me souviens aussi, continua-t-il
tandis qu’il cherchait un endroit pour s’asseoir, comme vous nous écoutiez avec
attention Evrard et moi quand nous faisions le récit de nos aventures en Terre
sainte et évoquions le grand Salah Al-Din, la pierre noire de La Mecque... Vous
étiez un garçon très éveillé, Galcerán ! Vous aviez un grand futur devant
vous. C’est bien regrettable que votre lignage ne vous ait pas permis de
remplir tous les espoirs que votre famille fondait sur vous.
    « Retiens ta colère, Galcerán », ne
cessais-je de me répéter tout en me retenant de lui sauter dessus et le
frapper.
    — Ce fut une douce époque, oui, dit-il, se
laissant tomber enfin sur un rocher, tandis que son cheval piaffait, inquiet.
Avec mon pauvre Evrard, nous nous disions souvent que vous arriveriez loin.
Evrard surtout était convaincu que nous entendrions parler de vous. Il vous
avait pris en grande affection. Dommage que vous ayez gâché tout cela par une
erreur si lamentable.
    Je ne fis aucun geste, ne prononçai aucune
parole, je le laissai débiter son stupide chapelet de souvenirs. Ce n’était
rien d’autre qu’une basse manoeuvre pour affaiblir ma position avant d’entrer
dans la palestre. Heureusement, Manrique semblait avoir épuisé toutes les
vieilles chroniques de ma lointaine jeunesse et se tut enfin, songeur.
Peut-être était-ce dû à sa grande ressemblance avec mon fils, mais le fait est
que je pris le temps de l’observer et que je remarquai en lui les terribles
marques du passage du temps. Il montrait aussi une grande difficulté à respirer
qui s’accompagnait d’une forte rougeur au visage. Ses yeux injectés de sang ne
laissaient aucun doute quant à la maladie mortelle dont il était atteint, mais
je m’abstins de tout commentaire. Contrairement à la sienne, ma stratégie
n’incluait pas de rabaisser mon adversaire avant notre joute.
    — Ainsi donc, mon ami, reprit Manrique en
levant ses yeux bleus vers moi, vous avez souhaité cette rencontre. Me voilà,
je vous écoute.
    — J’ai bien cru que vous ne termineriez
jamais, me moquai-je. Il vous fallait ce préambule pour vous sentir à
l’aise ?
    Il me regarda et sourit :
    — Parlez, dit-il.
    Mon tour était venu. La partie était presque
terminée, nous en étions aux derniers mouvements. Il n’y aurait plus de fuites
au beau milieu de la nuit, plus de déguisements. Maintenant, seuls le talent et
la vivacité d’esprit primaient.
    — Je vais vous dire ce que je désire,
commençai-je. Je désire être protégé de l’Église et de mon ordre, je ne veux ni
ne peux y retourner, je sollicite donc des Templiers un lieu sûr où je pourrai
vivre avec les miens. Je ne demande aucune aide financière. Je suis
parfaitement capable de subvenir à mes besoins et à ceux de ma famille en
exerçant la profession de médecin. Je demande que cesse définitivement toute
persécution de votre part, et que vous nous accueilliez dans une ville ou
village de vos territoires, au Portugal, à Chypre, peu importe. Là où cela vous
conviendra le mieux. Nous adopterons de nouvelles identités et vous nous
laisserez vivre en paix tout en nous protégeant des sbires du pape et des
chevaliers hospitaliers.
    Manrique me regarda stupéfait, paralysé par la
surprise. Je ne sais ce qu’il s’était imaginé, mais à sa tête je compris qu’il
n’avait pas du tout prévu ce genre de demande. Il éclata de rire.
    — Bon sang, Galcerán de Born ! Vous me
surprendrez toujours ! Et pour quelle raison devrions-nous accepter ces
exigences exorbitantes ? Le Perquisitore, suppliant un
Templier de lui donner un coin où s’enterrer et mourir ! Je vous jure que
je ne m’attendais pas à cela !
    — Vous m’accorderez ce que je vous demande
pour plusieurs raisons, dis-je. La première est liée à ma découverte de l’arche
d’alliance — Manrique eut

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