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Il était une fois le Titanic

Il était une fois le Titanic

Titel: Il était une fois le Titanic Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: G.A. Jaeger
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notion sa qualification la plus aboutie. Lorsque les ingénieurs de Belfast commencèrent à les concevoir, ils furent confrontés, comme tous les architectes, à des contraintes d’ordre géographique et climatique, ainsi qu’aux « conditions de vie du navire » déterminant les paramètres de sa construction : la ligne de l’Atlantique Nord et le service des passagers. La sécurité en dépendait.
    Pour ce qui est des qualités nautiques, les conditions fondamentales de tous les navires répondent à des critères de flottabilité et d’étanchéité, de robustesse et de solidité, de puissance et de vitesse. Le navire qui sortira des chantiers devra garantir la grande expérience de ses concepteurs, compte tenu des exigences de l’armateur et de la révolution technologique du siècle. « Tout navire est un compromis », écrit à cet égard Pierre Célérier 56 , un arbitrage entre la tradition et l’innovation que l’ère de la vapeur à mise en exergue dans les bureaux d’études.

    Après la finalisation des plans et la construction sur cale, le lancement signera l’acte de naissance du navire, avant ses finitions à flot et ses premiers essais en mer, pour en vérifier l’état de service. Alors seulement, le navire existera tel qu’en lui-même, unique, indépendant de tout autre par son incarnation. Avec son âme et sa destinée.
    Unités de mesure de leur époque, les « Big Three 57  » de la White Star Line feront l’admiration des spécialistes, de la presse et de l’opinion publique aussitôt qu’ils leur seront dévoilés, au cours de l’année 1909. À voix basse, on évoquera bien sûr l’arrogance des architectes et l’excès de confiance des ingénieurs, mais au regard des unités concurrentes récemment sorties des chantiers de Liverpool ou de Brême, l’ Olympic et le Titanic n’étaient pas aussi extravagants qu’on voulait bien le dire, et surtout moins rapides que leurs concurrents. Ce qui n’empêcha pas les esprits chagrins de monter au créneau pour quelques dizaines de mètres de plus et 500 tonnes de mieux que les paquebots mis en service quelques années plus tôt. L’avenir leur donnera tort, même si l’Histoire est capricieuse et prête à se compromettre avec l’adversité.
    Pour l’heure, ces navires étaient les ambassadeurs du siècle naissant : le résultat de cent ans de progrès et l’annonce d’un quart de siècle de perspectives innovantes. Ils avaient donc évolué en s’inspirant des connaissances acquises, pour les enrichir chaque fois davantage.
    Chaque génération n’apportait pas systématiquement des innovations révolutionnaires. Seuls la longueur et le tonnage augmentaient sans cesse, la puissance des moteurs s’accroissait, mais rien qui contestât vraiment les grandes découvertes du XIX e  siècle. En fait, tout était dans l’art d’annoncer une ère nouvelle. Et d’en persuader l’opinion. C’est dans cette logique qu’avaient travaillé les ingénieurs de l’ Olympic , du Titanic et du Gigantic  : en s’inspirant des plans des anciens navires de la ligne, notamment de l’ Oceanic .

    Aussitôt que John Pierpont Morgan eut perçu les fonds levés pour le financement de son projet, William Pirrie ordonna de mettre sur la cale numéro 2 les premiers éléments de la quille de l’ Olympic . Le 16 décembre 1908, le navire prenait naissance sur les bords du fleuve Lagan en présence de ses concepteurs. Il portait le numéro de construction 4-0-0 58 .
    Pendant ce temps, la White Star Line déplaçait physiquement son port d’attache à Southampton en raison de la taille de ses futures unités, que ne pouvait plus accueillir Liverpool, tête de ligne de toutes les compagnies britanniques vers l’Amérique du Nord depuis le XIX e  siècle. En outre, l’absence de grandes cales sèches et la présence d’une barre que les paquebots de la nouvelle génération ne pouvaient franchir qu’à marée haute réduisaient la desserte de cette ville, que seuls les anciens navires fréquenteraient dorénavant.
    Chez Harland & Wolff, les ouvriers mettaient un point d’honneur à maintenir le calendrier de construction. C’est ainsi que le 31 mars 1909, sur la grande cale numéro 3, d’autres équipes effectuaient la pose d’une seconde quille sous le portique géant. Une implicite compétition commençait entre ces hommes dont la fierté n’avait d’égale que la réputation de leur chantier, qui dominait Belfast et

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