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Il était une fois le Titanic

Il était une fois le Titanic

Titel: Il était une fois le Titanic Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: G.A. Jaeger
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officier qu’il évite de son mieux tout obstacle rencontré sur la route de son navire. Il s’en était fallu d’une poignée de secondes pour que le Titanic n’entrât jamais dans l’Histoire et que cette fortune de mer fut aussi vite oubliée.
    Un branle-bas désespéré
    C’est donc rongé par la culpabilité que le lieutenant Murdoch procédait maintenant à l’évacuation des passagers. À bord des paquebots, la tradition voulait qu’on évacue les femmes et les enfants d’abord. Mais Murdoch décida qu’il donnerait sa chance à tous ceux que son geste avait mis en péril et laissa monter les hommes dans les chaloupes sans les discriminer. Peut-être pour se racheter. On ne saura jamais quelles furent ses véritables raisons, puisqu’il refusera de sauver sa propre vie. Son corps ne sera pas retrouvé.
    Tandis que Murdoch dirigeait la procédure d’évacuation sur le flanc droit, le deuxième lieutenant Charles Herbert Lightoller officiait auprès des chaloupes situées sur l’autre bord. Intraitable, voire obtus, c’était un aventurier qui n’avait rejoint la White Star Line qu’en 1900, après avoir été chercheur d’or, cow-boy et vagabond. Soucieux de bien faire, il excellait dans l’intransigeance et refusait de déroger en quoi que ce soit aux usages de la marine. C’était probablement sa manière de prouver sa loyauté à la compagnie et d’asseoir auprès d’elle sa crédibilité.
    Lightoller interdisait aux hommes tout accès aux canots de sauvetage – fors l’équipage destiné à les commander –, préférant les laisser partir à moitié vides s’il n’y avait pas de femmes et d’enfants à proximité. Quand on lui reprochera cet excès de zèle, il se justifiera en expliquant qu’au-delà d’une trentaine de personnes dans les chaloupes, il craignait que les bossoirs ne pussent en supporter le poids… Qui nous
fera croire qu’à son niveau de responsabilité un deuxième officier n’était pas au courant du système d’évacuation mis en place par les ingénieurs, ni de la capacité de chacune des embarcations qui se montait à soixante-cinq passagers ? Le fait est que sa rigueur et sa rigidité coûtèrent sans doute la vie à des centaines de personnes.
    Plusieurs navires avaient maintenant pris connaissance du drame, soit directement, soit par l’intermédiaire du Cap Race. Malheureusement, la plupart se trouvaient si loin du point du naufrage qu’ils ne pouvaient être d’aucun secours. C’était le cas de l’ Olympic , qui croisait à plus d’une journée de navigation, mais qui ne put se résoudre à poursuivre sa route sans mettre le cap sur son jumeau désemparé, à toutes fins utiles. Le Baltic , le Mesaba et La Provence se trouvaient à plus de 200 milles, tout comme le Bismark , le Frankfurt et le Virginian , qui croisaient dans un rayon de cinq à dix heures de mer.
    Un paquebot de la Cunard prit également connaissance du drame de son concurrent de la White Star Line : il s’agissait du Carpathia , commandé par le capitaine Arthur Rostron. Bien qu’il fût à plus de quatre heures de route, il était le plus proche de tous ceux qui avaient répondu à l’appel de détresse. Et, malgré la barrière de glace qui le séparait du Titanic , il décida de faire un sort à la fatalité. Pour Rostron et ses hommes, il n’y avait pas de prédestination qu’on ne dût tenter de défier.
    Pour autant, Smith et ses officiers n’étaient pas dupes du temps qu’il faudrait à ce bâtiment pour les rejoindre. Aussi ne cessaient-ils de harceler Jack Phillips et Harold Bride pour qu’ils continuent d’émettre le message de détresse à travers la nuit, dans l’espoir qu’une oreille bienveillante les entendrait, qu’un navire se situant à moins de deux heures de navigation se porterait providentiellement à leur secours. Mais, à 20 milles à la ronde, l’océan restait désespérément silencieux.
    Le commandant fi t alors doubler le CQD par le nouveau signal international SOS, qui fut le premier de l’histoire
maritime à être lancé sur les ondes. Mais aucun nouveau navire n’y répondit.
    Il y avait maintenant de plus en plus de monde auprès des bossoirs. La grande quiétude de minuit était oubliée. Sur le pont des embarcations, la foule ne cessait de grossir au fil des minutes et des canots que l’on s’apprêtait à descendre. À part quelques hommes qui tentèrent de resquiller en se frayant un passage par la force, la foule

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