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Imperium

Imperium

Titel: Imperium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Harris
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condamné à l’exil, eh
bien, c’en sera fini de lui. En ce qui me concerne, les deux issues sont
parfaitement acceptables.
    — Mais tu défendrais Catilina ?
    Quintus était habitué à son frère, et il en fallait beaucoup
pour le choquer, mais là, les mots lui manquaient.
    — Je défendrais le démon le plus noir des enfers s’il avait
besoin d’un avocat. C’est notre système juridique, constata Cicéron avant de
froncer les sourcils et de secouer la tête avec irritation. Mais nous avons
déjà parlé de tout cela avec ce pauvre Lucius juste avant sa mort. Allons, mon
frère, épargne-moi ce visage plein de reproche. C’est toi qui as écrit le livre :
« Je suis un homme nouveau. Je demande le consulat. Et c’est Rome. »
Ces trois choses, ils les disent toutes. Je suis un homme nouveau, donc je ne
peux compter que sur moi-même, et sur vous, mes rares amis. Je demande le
consulat, c’est-à-dire l’immortalité – un trophée qui vaut bien la
peine qu’on se batte pour lui, non ? Et c’est bien Rome –  Rome –, pas un lieu abstrait dans un ouvrage de philosophie mais une cité glorieuse
bâtie sur un fleuve de fange. Alors oui, je défendrais Catilina si cela s’avérait
nécessaire, et puis je romprais tout lien avec lui dès que possible. Et il
ferait de même avec moi. C’est le monde dans lequel nous vivons, conclut
Cicéron, qui se carra dans son fauteuil et leva les mains. Rome !
     
    Cicéron n’agit pas tout de suite : il préférait
attendre de voir si la plainte contre Catilina allait aboutir. Le bruit courait
en effet que Clodius essayait simplement de se faire remarquer, ou peut-être de
détourner l’attention de la honte que représentait le divorce de sa sœur. Mais
à la façon pesante de la justice, le processus franchit toutes les étapes
obligatoires au cours de l’été – les postulatio, divinatio et nominas
dilatio. Un jury fut sélectionné et une date fixée pour le début du procès
au cours de la dernière semaine de juillet. Il n’y avait plus aucune chance
pour que Catilina soit libre de tout litige à temps pour les élections
consulaires : les nominations étaient déjà closes.
    À ce stade, Cicéron décida de laisser entendre à Catilina qu’il
pourrait être intéressé par sa défense. Il réfléchit longuement à la façon de
lui transmettre son offre, car il ne voulait pas perdre la face s’il était
éconduit et voulait aussi pouvoir nier l’avoir jamais faite au cas où il
devrait en répondre au Sénat. Il finit par trouver un stratagème subtil très
caractéristique. Il fit venir Caelius dans son bureau, lui fit jurer le secret
et lui annonça qu’il avait dans l’idée de défendre Catilina : qu’en
pensait-il ? (« Mais pas un mot à quiconque, attention ! »)
C’était exactement le genre de potins dont se délectait Caelius et,
naturellement, il ne pourrait s’empêcher de mettre ses amis dans la confidence,
dont Marc-Antoine, qui, en plus d’être le neveu d’Hybrida, était aussi le fils
adoptif d’un ami proche de Catilina, Lentulus Sura.
    Je crois qu’il ne fallut pas attendre plus d’un jour et demi
pour qu’un messager se présente à la porte de Cicéron, porteur d’une lettre de
Catilina évoquant la possibilité d’une rencontre et proposant – par
souci de discrétion – que le rendez-vous eût lieu à la nuit tombée.
    — Le poisson a mordu, me glissa Cicéron en me montrant
la lettre.
    Puis il renvoya l’esclave avec la réponse verbale qu’il
irait voir Catilina chez lui le soir même.
    Terentia était à présent proche de son terme et trouvait la
chaleur de Rome en juillet insupportable. Elle était allongée, agitée et
gémissante, sur une banquette de la salle à manger étouffante, Tullia d’un côté
lui faisant la lecture d’une voix flûtée, une servante avec un éventail de l’autre.
Son humeur, plutôt agitée dans le meilleur des cas, s’était muée depuis
plusieurs jours en véritable tempête. Alors que l’obscurité tombait et qu’on
allumait les candélabres, Terentia vit que Cicéron s’apprêtait à sortir et
voulut aussitôt savoir où il allait. Comme il lui donnait une réponse vague,
elle décréta, en larmes, qu’il avait dû prendre une concubine et allait
sûrement la rejoindre : comment expliquer autrement qu’un homme
respectable sortît à cette heure de la nuit ? Il dut donc à contrecœur lui
avouer la vérité, à savoir qu’il se

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