Inaccessible Étoile
jamais.
Alors, je déménage, car harcelé par N, qui ne comprend pas que j’arrête mon immorale activité, je cherche à m’enivrer d'une autre manière, le travail.
M’enivrer de travail en faisant des journées de quatorze, quinze heures, parfois seize dans les cafés-brasseries.
Ce n'est pas vraiment la solution, mais ça me permet de ne pas trop penser.
Les pires moments ont lieu lors des fêtes de Noël. Tout le monde se prépare à faire la fête, à réveillonner, et moi, je suis seul, chaque fois, pensant à Malika, le fils qu'elle aurait dû me donner, Claude Samuel, sans cet accident, la fatalité, qui me les a volés.
À Caroline, la fille de Shari, à Madison, mon autre fille d’avec Amina.
C’est, dit-on, la période où il y a le plus de suicide dans l’année. Je n’ai jamais connu un Noël en famille, mais ça fait mal de voir tous ces gens qui sont heureux, s'achètent des cadeaux, achètent des cadeaux pour leurs enfants.
Moi j’en ai deux, mais eux, ignorent que je suis leur père.
Les gens s’apprêtent à passer une soirée et une nuit merveilleuse. Moi je serai seul, perdu, abandonné, couché tôt, dans ma chambre, parfois à aller boire un verre avec les abandonnés de Noël, dans les bars de la ville.
Pour les anniversaires, ça passe mieux, on ne me l’a jamais souhaité non plus, ou si rarement que je n’en ai aucun en mémoire, mais ce n’était pas la même chose, la même frénésie générale.
Pourtant tous les 13 janvier, j’ai un pincement au coeur, réalisant que je n’existe pour personne.
Personne pour se dire que c’est mon anniversaire.
Je pourrais mourir sur le champ, rien ni personne n’en serait perturbé, direct à la fosse commune. Un chat, peut être, viendrait de temps en temps me saluer, j'aime bien les chats.
J'ai de l’argent, mais j'en profite seul. Période de solitude qui me permet de voir que j'ai construit sur le sable. Parfois, je regarde une mère, ou un père s’amuser, rire avec son enfant, ce que je n’ai jamais connu, ça me fait un pincement au coeur.
On ne rattrape jamais de tels moments perdus.
Quoi que je fasse, jamais je ne serai aimé par une mère, n’aurai droit aux câlins du soir avant de dormir. Jamais je n'entendrai d'histoires avant qu'on éteigne la lumière.
Toutes ces joies et ces petits bonheurs d'enfant, rien que le fait d'avoir quelqu'un pour m'aider à faire mes devoirs en rentrant de l'école, même en me faisant houspiller, je ne les connais pas.
Je ne connaîtrai jamais tout ce que sont en droit d’attendre les enfants quels qu’ils soient, quelles que soient leurs origines.
Les enfants de la DDASS, les orphelins, se sont vus voler ce privilège d’enfant.
Un soir de déprime je passe à l'Inter, le café du réseau, étant dans le quartier de la Bourse à Paris. Le hasard veut que ce soit un jeudi, jour des réunions. J’y retrouve, quelques anciennes relations.
Il y a beaucoup de nouvelles têtes, mais la renommée de « Fairbanks » l'a précédé. « Fairbanks » c'était mon pseudo, rapport à l'acteur du muet et au film de Maurice Dugowson avec Patrick Dewaere, F comme Fairbanks, film que j'ai vu dix-sept fois au cinéma !
Je retrouve quelques anciennes amies, toujours fidèles aux rendez-vous de l'Inter.
En effet, certains pseudos ont laissé leurs traces sur le réseau : « Le gitan », « Le Grizzly », « Anne de Bretagne ». Je fais partie de ceux-là.
Chassez le naturel, il revient au galop, dit-on, comme un drogué ne saurait s’arrêter du jour au lendemain, seul, je reprends donc contact avec le réseau et reprends ma place.
J’ai beaucoup de relations d'un soir, avec une partenaire, deux occasionnellement, pour une nuit, voire un week-end, gratuite ce coup-ci, relations qui cependant ne me comblent aucunement, car uniquement charnel.
Puis, un soir, par le réseau, puis à l’Inter, je rencontre Michelle, pseudo « Vénus ».
Mouvance
Michelle, fait le réseau depuis quelques mois seulement et est peu connue car un peu réservée, épanouie mais un peu en retrait par rapport à d'autres filles.
Âgée de dix ans de plus que moi, c'est une jeune femme voluptueuse qui ne manque pas de charme, avec un visage séduisant. Tendre, douce et romantique.
Son vrai prénom est Micheline, mais elle s'est toujours fait appeler Michelle, elle trouve que Micheline fait vieillot.
Petite brune aux cheveux longs, il émane d'elle une sensualité évidente, d'ailleurs une cour s'est
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