Interdit

puisse parer la certitude qui
    perçait dans la voix de Duncan.
    — Ainsi, Erik vous a amené à elle, dit Meg avec précau-
    tion, car tout ce qui est d’ambre lui appartient.
    — Oui. Je suis resté inconscient dans sa chaumière
    deux jours durant.
    — Mon Dieu… murmura Meg.
    — Ambre m’a ramené des ténèbres qui m’avaient pris.
    Sans elle, je ne me serais jamais réveillé.
    — Alors, vous l’avez épousée par gratitude, souffla
    Dominic.
    Duncan secoua la tête.
    — J’ai juré que si je la prenais, je l’épouserais.
    — Alors, elle vous a séduit, marmonna Dominic.
    — Non. Elle était vierge lorsque nous nous sommes
    couchés ensemble sous le sorbier sacré de Stone Ring.
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    INTERDIT
    Meg fut parcourue de légers frissons. Elle aussi avait
    autrefois été vierge, couchée aux côtés d’un guerrier, dans
    un lieu sacré. Elle aussi s’était relevée sans sa virginité. Elle
    aussi avait décidé d’un destin dont les choix n’étaient pas
    toujours évidents.
    Et pas toujours les siens.
    — À quoi ressemble votre mémoire aujourd’hui ?
    demanda-t-elle.
    — À des feuilles éparpillées dans un vent sombre, dit
    Duncan avec amertume.
    — Y a-t-il eu une amélioration depuis que vous vous
    êtes réveillé pour la première fois ?
    Duncan laissa échapper un souffle qu’il n’avait pas été
    conscient de retenir.
    — Des moments de compréhension, rien de plus, dit-il.
    Juste assez pour me tourmenter.
    — Est-ce que ces souvenirs viennent à des moments ou
    en des lieux précis ?
    — Lorsque j’ai vu Simon la première fois à Sea Home, je
    me suis souvenu de bougies qui brûlaient, de chants et de la
    lame froide d’un couteau entre mes cuisses.
    Duncan se tourna vers Simon.
    — Est-ce arrivé ? demanda-t-il. Me suis-je tenu dans
    une église avec la chaussure d’argent d’une femme dans la
    main et la lame d’un couteau entre les cuisses ?
    Simon lança un regard furtif à Meg. Elle hocha la tête.
    — Oui, dit-il. C’était ma lame.
    Sa mémoire tremblait. D’autres fragments s’assem-
    blèrent, révélant à Duncan son passé.
    — C’était votre chaussure, dit-il à Meg.
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    ELIZABETH LOWELL
    — Oui.
    — John était trop malade pour participer au rituel,
    alors j’ai pris sa place, dit-il lentement.
    — Oui.
    — Et j’ai… j’ai…
    L’ombre retomba sur son esprit, réduisant à néant les
    efforts de Duncan pour se rappeler son passé.
    — Je suis si proche de me souvenir de tout ! pesta-t-il. Je
    le sais, et pourtant, quelque chose me retient. Mon Dieu,
    laissez-moi me souvenir !
    Ambre bougea, comme si l’angoisse de Duncan l’appe-
    lait. Elle ouvrit ses yeux dorés. Elle n’eut pas besoin de
    demander ce qui n’allait pas. Elle sentait les ténèbres
    s’amincir, l’attrait de la mémoire qui appelait Duncan
    comme des sirènes à travers l’obscurité.
    Aussi clairement qu’elle sentait que Duncan craignait de
    se souvenir. Elle partageait cette peur.
    Pourtant, elle n’avait d’autre choix que d’affronter cette
    peur. Elle ne pouvait plus laisser Duncan être déchiré entre
    passé et futur, saignant invisiblement, sombrant peu à peu
    dans la folie.
    « Comme je le craignais, cela le détruit.
    » Et comme je le craignais, cela me détruira.
    » Il est trop tôt, mon sombre guerrier, mon amour, cœur
    de mon cœur… trop tôt.
    » Et il est trop tard. »
    Lentement, elle regarda au-delà de Duncan, vers les
    trois guerriers qui observaient en silence, tenus en échec
    simplement par la main levée d’une sorcière Druide de la
    Vallée.
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    INTERDIT
    Lorsqu’elle vit la broche scintillante qui fermait la cape
    de l’un d’eux, elle sut qu’elle avait perdu son pari. Le passé
    avait repris Duncan.
    Et le nom de son passé était Dominic le Sabre.
    — Lâchez-moi, murmura-t-elle.
    Duncan ne comprit pas tout de suite qu’elle s’adressait à
    lui. Lorsqu’il voulut répondre, elle scella ses lèvres en
    posant un doigt en travers de sa bouche.
    — Si vous voulez retrouver votre passé, vous devez
    d’abord me lâcher, dit-elle d’une voix tremblante.
    « Pourquoi ? »
    La question était silencieuse, mais Ambre l’entendit
    aussi bien que s’il l’avait dite à haute voix.
    — Parce que vous ne pouvez avoir les deux, dit-elle
    simplement.
    « Pourquoi ? »
    Ambre ferma de nouveau les yeux. La douleur s’empa-
    rait plus sûrement d’elle à chacune de ses respirations. Elle
    avait deviné la vérité