Jack Nicholson
langage et du contenu sexuels, provocants dans leur exploration des problèmes des relations hommes-femmes ; ils marquaient des transitions dans la carrière de l’acteur, des moments où il avait été avide de se prouver des choses à lui-même et de briser des tabous.
Bobby Dupea avait une liaison extraconjugale avec Betty (Sally Struthers) dans Cinq pièces faciles (Jack, qui ne se dévoilait pas beaucoup, portait un T-shirt Triumph ; et, dans une précédente scène, ses sous-vêtements et des bottes de cowboy ). Filmée de façon frénétique, caméra à l’épaule, la scène était brutale, révélatrice, et marquait le début de la détermination de Jack à se présenter à l’écran comme un amant fantastique.
La franchise des dialogues et de la nudité de Ce plaisir qu’on dit charnel valut au film une certaine dose de controverse (les producteurs durent se battre à la Cour suprême des États-Unis contre une mesure de censure votée par l’État de Géorgie). Le film est couronné par une scène, surprenante pour un film américain de cette époque, dans laquelle un Jonathan impuissant (Nicholson) tente de se masturber avec l’aide d’une prostituée (Rita Moreno).
Certains critiques, notamment féministes, eurent l’impression que l’état d’esprit de l’homme décrit par le film reflétait un certain point de vue. Ils ne pensaient pas qu’il s’agissait simplement de fiction – d’autant moins qu’il y avait eu Cinq pièces faciles, et toutes les interviews sur les « gonzesses » – et se demandaient si Nicholson ne partageait pas la philosophie machiste de Jonathan.
Par moments, sous les attaques des féministes et des critiques de cinéma, Nicholson cherchait à se désolidariser du personnage de Jonathan. Il lui arrivait même de se définir comme un féministe. Mais parfois, pour les besoins de la promotion, Jack parlait de lui en des termes qui l’assimilaient plus ou moins à son personnage.
Ce plaisir qu’on dit charnel incita Playboy à choisir Nicholson pour son interview de célébrité. Dans la retranscription de l’entretien, l’acteur arguait que « Jonathan était le personnage le plus sensible du film » : « C’est celui qui ne se remet pas de la relation sexuelle triangulaire originelle. Après ça, il est incapable de faire confiance aux filles. » Cependant, Jack confiait également que « dans une conversation de la vie courante avec lui, on pouvait avoir un peu de mal à distinguer son point de vue sur le sexe de celui de Jonathan ».
Georgianna Carter et Sandra Knight furent sans doute surprises de lire, dans plusieurs des interviews qui suivirent le film, que Nicholson avait toujours été attiré par les femmes fortes, vengeresses – « les emmerdeuses », pour reprendre le mot qu’il employait pour désigner les femmes inaccessibles. Il s’agissait là d’un langage remarquablement similaire à celui de Jonathan, qui, dans Ce plaisir qu’on dit charnel, présente un diaporama de toutes les « salopes » de sa vie amoureuse. Mais il s’agissait vraiment de la façon, peu éloignée de celle de Jonathan, dont Jack pensait et se comportait après sa rupture avec Mimi Machu. Pour Cinq pièces faciles, Nicholson obtint sa seconde nomination aux Oscars, cette fois-ci dans la catégorie « meilleur acteur xxxix ».
Toute la fierté que Jack put tirer de Cinq pièces faciles fut sans doute tempérée par la controverse de Ce plaisir qu’on dit charnel – et par le sort malheureux de Drive, He Said.
Nicholson emporta son film à Cannes au printemps 1971, avec de grands espoirs en tête. Il en parlait avec confiance, sûr d’avoir une chance de remporter la récompense que Dennis Hopper avait obtenue pour Easy Rider, celle du meilleur jeune réalisateur.
Les réactions qui suivirent la première mondiale de Drive, He Said l’étonnèrent. Certaines personnes se levèrent pour acclamer le film tandis que d’autres le sifflèrent avec rage. Il y eut des cris, des bousculades, une querelle. Certains spectateurs « se dressèrent sur leurs pieds et agitèrent des poings indignés en direction de l’endroit où Nicholson et ses deux acteurs, William Tepper et Michael Margotta, étaient assis », put-on lire dans un article du New York Times. « La réaction du public fut sans doute en partie due à la façon très peu glamour dont les scènes de sexe avaient été traitées. »
La première question posée à la
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